Dans les eaux du grand nord – Ian McGuire

Titre : Dans les eaux du grand nord
Auteur : Ian McGuire
Éditeur : 12-21
Format : E-book
Nombre de pages : 312
Quatrième de couverture : Puant, ivre, brutal et sanguinaire, Henry Drax est harponneur sur le ” Volunteer “, un baleinier du Yorkshire en route pour les eaux riches du cercle polaire arctique. Patrick Sumner, un ancien chirurgien de l’armée traînant une mauvaise réputation, n’a pas de meilleure option que d’embarquer sur le baleinier comme médecin. En Inde, pendant le siège de Delhi, Sumner a cru avoir touché le fond de l’âme humaine, et espère trouver du répit sur le ” Volunteer “… Mais pris au piège dans le ventre du navire avec Drax , il rencontre le mal à l’état pur et est forcé d’agir. Alors que les véritables objectifs de l’expédition se dévoilent, la confrontation entre les deux hommes se jouera dans l’obscurité et le gel de l’hiver arctique.

Je n’avais pas prévu de lire cette histoire dans l’immédiat, mais les aléas de mes challenges en ont décidé autrement.
J’ai eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire. Au début, surtout parce qu’il y a beaucoup de personnages, malheureusement très peu de descriptions donc peu de détails auxquels se raccrocher. Ce qui m’a aidé à m’y retrouver, c’est la quatrième de couverture que j’avais lu pour une fois.

Henry Drax est harponneur sur des baleiniers. Il est frustre, violent et dès les premiers chapitres, on sait qu’il tue… pour le plaisir, par simples pulsions. C’est un enfoiré de première.
Patrick Sumner était chirurgien dans l’armée. Il s’est fait virer et s’est engagé sur le baleinier Volunteer en tant que médecin. Mais finalement, il ne pratique pas vraiment, il fait quasiment le même boulot que les autres : massacrer et dépecer les phoques, découper les baleines, etc. Je l’ai trouvé plutôt inintéressant, il m’a laissée indifférente.
Brownlee est le capitaine du Volunteer, je crois que j’apprécie sa façon de diriger ses hommes, sauf avec McKinley.
Cavendish est le second, l’acolyte de Drax… c’est un idiot.
Mes préférés sont Black et Otto, leurs interventions sonnent justes, mais ils ne sont pas très présents.

Il y a des passages très durs : les massacres de phoques, la pêche à la baleine. Les descriptions sont très crues, très cliniques et ça rend ces activités encore plus intolérables.
Je n’ai pas accroché à l’histoire. C’est plat. Et les personnages ne sont pas très perspicaces, non plus.
Je n’ai pas aimé cette lecture, je me suis ennuyée.

Coupe des 4 maisons :
Professeur Chourave (Items éphémères du 20 mars au 2 avril) – Lire un livre où le personnage principal a une profession liée à la nature120 points

La lettre de Conrad suivi de Pas de résurrection, s’il vous plaît – Fred Uhlman

Titre : La lettre de Conrad suivi de Pas de résurrection, s’il vous plaît
Auteur : Fred Uhlman
Éditeur : Stock
Nombre de pages : 214
Quatrième de couverture : Ce bref et bouleversant roman, une suite de L’Ami retrouvé – qui valut à Uhlman sa célébrité ne fut publié, à la demande de l’auteur, qu’après sa mort.
Quelques jours avant d’être exécuté en 1944 pour avoir participé au complot contre Hitler, Conrad von Hohenfels écrit à Hans Schwarz, son ami d’enfance. La guerre a séparé les deux adolescents parce que Hans était juif. Dans cette lettre, Conrad tente de justifier ses choix et ses erreurs passés et de demander pardon à Hans avec qui il partagea autrefois tant de moments de bonheur exaltant.
Bien que les personnages en soient différents Pas de résurrection, s’il vous plaît constituait, dans l’esprit d’Uhlman, une sorte de troisième volet à L’Ami retrouvé et à La lettre de Conrad.

Ça fait un moment que je voulais m’acheter ce bouquin, mais je ne le trouvais pas. Cette année, j’ai réussi à me le procurer.
Ce roman est divisé en 2 récits.

Le premier, la lettre de Conrad, se déroule quelques années après l’ami retrouvé. Comme son nom l’indique, c’est un long courrier que Conrad écrit à Hans Schwartz, son ami de l’époque, afin de lui expliquer la raison qui les a divisés et a brisé leur amitié.
Bien sûr, le contexte historique n’a pas aidé, la pression familiale non plus.
Je m’attendais en effet à un retour sur la période où Conrad et Hans étaient amis, mais je ne pensais pas que ça prendrait autant de place. La seule différence avec l’ami retrouvé, c’est que là c’est du point de vue de Conrad. Sa vision de l’amitié et ses relations amicales ou familiales sont beaucoup moins sympathiques que celles de Hans… de ce que je m’en souviens.
Je me suis un peu ennuyée. Conrad écrit de manière très froide, à part quelques passages où la peur prend le dessus puisqu’il est à quelques jours de son exécution.

La seconde partie, Pas de résurrection, s’il vous plaît, nous conte l’histoire de Simon Elsas qui revient en Allemagne, dans la ville qu’il a quittée vingt ans plus tôt. On ne sait pas pourquoi il s’y arrête (lui non plus d’ailleurs), mais il souffre de la situation… pas étonnant puisqu’il est juif et a dû fuir en Amérique après la montée au pouvoir de Hitler. Il tombe par hasard sur un ancien copain de classe qui le reconnaît. Ce dernier lui donne des nouvelles de leurs camarades du lycée et l’invite à une réunion d’anciens élèves.
J’avoue que vu le passé du personnage, il aurait tout aussi bien pu s’appeler Hans Schwartz. Il y a quand même beaucoup de ressemblances entre eux. Ils étaient au même lycée Karl Alexander Gymnasium. Simon devait être un élève d’une autre classe puisque la demeure des Hohenfels (famille de Conrad) est mentionnée à un moment.
Les rencontres que fait Simon sont loin d’être légères : le plaisir de se retrouver n’est pas là ; il s’est passé trop de choses entre ceux qui sont restés et ceux qui sont partis, trop de non-dits, de cachotteries. La réunion des anciens élèves ne se passent pas bien : Simon est en colère, certains se sentent coupables, d’autres sont fiers de ce qu’ils ont fait…. bref, rien n’est simple, ce n’est ni tout blanc ni tout noir… c’était terrible d’avoir tous les points de vue : tous se montrent convaincants parce qu’ils sont convaincus par leurs propos.
Mais ce qui m’a le plus ému, c’est la lettre finale que Simon reçoit de Charlotte… elle ne révèle rien, pourtant, sa missive est émouvante (et explique le titre de cette partie), j’en ai eu les larmes aux yeux.

J’ai nettement préférée la seconde partie à la première parce qu’elle m’a davantage touchée, elle sonne plus juste.

ABC 2022 – Lettre U
24/26

Esprit d’hiver – Laura Kasischke

Titre : Esprit d’hiver
Auteur : Laura Kasischke
Éditeur : Christian Bourgois
Nombre de pages : 276
Quatrième de couverture : Réveillée tard le matin de Noël, Holly se voit assaillie par un sentiment d’angoisse inexplicable. Rien n’est plus comme avant. Le blizzards s’est levé, les invités se décommandent pour le déjeuner traditionnel. Holly se retrouve seule avec sa fille Tatiana, habituellement affectueuse, mais dont le comportement se révèle de plus en plus étrange et inquiétant…

Ça faisait super longtemps que je voulais lire ce roman dont j’avais entendu de bons échos : une histoire à l’ambiance étrange et au suspense intense… moui, c’était presque ça.

Holly et son mari Eric se réveille tardivement le jour du 25 décembre. Les invités ne vont pas tarder à arriver pour le repas de midi et Eric aurait déjà dû être à l’aéroport pour chercher ses parents, donc il part précipitamment et laisse Holly seule avec leur fille Tatiana. Cette dernière est habituellement douce et aimante, mais pas ce jour-là, elle est exécrable pourtant l’adolescente adore Noël. Au fil des heures, l’ambiance se dégrade encore : les invités se décommandent en raison d’une tempête de neige qui immobilise la ville, Eric ne donne plus signe de vie et le comportement de Tatiana est de plus en plus étrange.

Bon pour l’atmosphère bizarre, c’est une réussite, parfois c’était limite malaisant.
En ce qui concerne le suspense, c’était en dents de scie. Le début est très intense, Holly répète plusieurs fois que “quelque chose les a suivi de Russie jusqu’à chez eux“, c’est assez oppressant.
Puis on découvre l’histoire de cette famille : la raison qui a fait voyager un couple américain jusqu’à la Sibérie, et tout le chemin qu’ils ont parcouru à leur retour notamment quelques tranches de vie. Je dois bien avouer que je n’ai pas aimé cette partie : hormis le fait qu’il y avait un certain nombre de longueurs, ce qui m’a le plus saoulée ce sont les répétitions d’événements – je ne vois pas l’intérêt de nous répéter vingt fois qu’il sont allés en Russie à Noël sans avoir pensé à apporter des cadeaux.

Et puis franchement, j’ai essayé de ne pas juger Holly, mais avec sa fille, elle est naze sur bien des points : les soins à lui prodiguer quand la petite se brûle, le manque de dialogue, le fait de ne pas l’emmener chez le médecin ou le dentiste (alors OK, ça se passe aux États-Unis, on peut se dire que la raison est purement pécuniaire, mais ce n’est pas le cas et l’explication qu’elle en donne m’a fait me dresser les cheveux sur la tête !).

Les dernières pages étaient à nouveau angoissantes (à partir du moment où l’iPhone vole) et j’ai eu du mal à m’arrêter, même pour dormir : j’avais hâte d’avoir le fin mot de l’histoire et surtout de savoir si mon hypothèse finale était juste, c’était le cas (yes !!!), mais maintenant que je l’ai terminé j’ai trouvé que l’intérêt était davantage dans la façon dont la conclusion est amenée.
Par contre, un détail redondant m’a frustrée : Holly reçoit à plusieurs reprises un appel inconnu, elle finit par répondre, mais c’est un dialogue de sourd… l’interlocuteur qui semble la connaître est censé rappeler. Qui est-ce ? Que voulait-il/elle ? Malheureusement, ça reste une question en suspens. Dommage !

Dans l’ensemble, c’est une lecture mitigée avec un début prometteur, un milieu ennuyeux et une fin prenante.

Coupe des 4 maisons :
Troisième œil (5ème année) – un livre dont vous aviez deviné la fin50 points

Cold Winter Challenge :
Hiver sombre
– Stalactites ensanglantées (horreur, thriller, suspense)

La maladroite – Alexandre Seurat

Titre : La maladroite
Auteur : Alexandre Seurat
Éditeur : Editions du Rouergue
Format : E-book
Nombre de pages : 112
Quatrième de couverture : Tout commence par un avis de recherche, diffusé à la suite de la disparition d’une enfant de 8 ans. La photo est un choc pour une institutrice qui a bien connu cette gamine. Pour elle, pas de doute : cette Diana n’a pas été enlevée, elle est déjà morte, et ses parents sont coupables. Remontant le temps, le roman égrène les témoignages de ceux l’ayant côtoyée, enseignants, grand-mère et tante, médecins, assistants sociaux, gendarmes…
Témoins impuissants de la descente aux enfers d’une enfant martyrisée par ses parents qui, malgré les incitations à parler de plusieurs adultes, refusera de les dénoncer. Ce roman est inspiré par un fait divers récent largement médiatisé car, en dépit de plusieurs signalements, l’enfant n’avait jamais bénéficié de protection. Loin de tout sensationnalisme, l’auteur rend sa dimension tragique à ce drame de la maltraitance.

La vache ! Cette lecture, quelle claque !
Impossible de m’arrêter, je l’ai lu d’une traite mardi matin pendant que je donnais à manger à la petite, pendant sa sieste, pendant que je surveillais le furet… j’ai bien entendu été obligée de faire des pauses pour m’occuper de la louloute, de jouer avec elle, de lui lire des histoires, mais c’était dur de quitter mon livre et me motiver à bosser.

L’auteur retrace le parcours de vie de la petite Diana ainsi que les maltraitances qu’ont constaté son entourage, et ce, à travers la parole de ceux qui l’ont côtoyée : la grand-mère, la tante, les différents membres du corps enseignant, etc.
La situation va aller en empirant et les traces de violences seront de plus en plus visibles, certains protagonistes vont tenter de faire quelque chose pour sauver cette enfant, d’alerter les autorités compétentes et ça va même remonter jusqu’aux instances supérieures, mais le sujet est délicat, “et si on se trompait ?” Tous se montrent frileux à lancer la machine, personne ne veut se mouiller et quand enfin la certitude est là, la lenteur administrative fait que c’est mal barré.

Le roman s’inspire de faits réels… surtout d’un, je dirais qui a eu lieu dans les années 90, il me semble… j’ai un souvenir assez vague et pourtant traumatisant d’une histoire similaire sur bien des points (principalement la fin), qui était passée aux infos et qui m’avait marquée. Hormis la conclusion dramatique de l’histoire, c’est surtout le débat qu’a provoqué cette affaire qui a défrayé la chronique : à qui incombe la faute de ce drame ? Pourquoi les autorités n’ont-elles rien fait ? Pourquoi une telle lenteur dans les services surtout quand la vie d’un enfant est menacée ? Comment les médecins ont-ils pu passer à côté de signes flagrants de maltraitances ?
C’est à tout cela que ce roman répond, tout en tenant compte du côté humain de l’entourage de la petite Diana.

Je n’ai pas eu le temps de m’attacher aux personnages. J’étais bien trop prise par le récit, par l’analyse de ce que chacun révélait ou taisait.
C’est un coup de cœur pour ce roman que j’aurais dû lire bien plus tôt.

Carol of the Bell (Roman choral, plusieurs points de vue, plusieurs personnages qui partagent une expérience commune)

Viol, Une histoire d’amour – Joyce Carol Oates

Titre : Viol, Une histoire d’amour
Auteur : Joyce Carol Oates
Éditeur : Philippe Rey
Nombre de pages : 177
Quatrième de couverture4 juillet : feu d’artifice à Niagara Falls. En rentrant chez elles après la fête, Tina et sa fille ont la mauvaise idée de passer par le parc. Elles croisent des jeunes défoncés qui violent Tina et la laissent pour morte dans un hangar à bateaux. Très vite, la ville la condamne : ne serait-elle pas trop jolie pour être honnête ?

Ça fait longtemps que je désirais découvrir la plume de Joyce Carol Oates et j’avais entendu beaucoup de bien de celui-ci.
Quant à la raison qui m’a poussée à le lire, c’est le challenge coupe des 4 maisons pour l’item Epouvantard. J’ai plusieurs peurs qui vont de l’arachnophobie, même si avec l’âge cela s’est davantage transformé en dégoût plus qu’en crainte, jusqu’à la peur de conduire. Je pense qu’on est nombreuse à craindre le viol que ce soit par mauvaise expérience, ou simplement par crainte ancestrale instillée par le comportement indu de nos pairs ou par le récit des contes. Bref, tout ça pour dire que ce roman cadre bien avec cet item éphémère.

Le soir du 4 juillet, Tina et sa fille Bethie de douze ans passent par le parc pour rentrer chez eux. Elles sont alors accostées par cinq hommes saouls et drogués qui les agressent violemment. La mère est sauvagement violée, battue et laissée pour morte, quant à l’adolescente, elle réussit à se cacher au fond du hangar, et ce, malgré les blessures. En parallèle, on suit également l’agent de police Dromoor, premier arrivé sur les lieux du crime, que les faits ont marqué.
Le roman est séparé en trois parties :
la première retrace les événements dramatiques de cette horrible soirée, et l’après avec l’hospitalisation de Tina et Bethie.
la seconde raconte la procédure judiciaire et tout ce que cela implique dans la vie de chacun : victimes, criminels, policier et leur famille.
la troisième est l’épilogue lorsque Bethie est devenue adulte.

La plume de l’auteure est captivante, fluide et vive. J’ai adoré. Elle est parvenue à retranscrire parfaitement le traumatisme d’un tel drame : l’atmosphère oppressante de la peur, le souvenir récurrent des paroles des agresseurs qui reviennent dans les moments opportuns, les rumeurs de la ville qui s’amplifient, se transforment et se déforment.
Déjà à notre époque, les rôles s’inversent souvent entre victime de viol et agresseurs : elle se retrouve fautive de ce qui lui arrive. Les mentalités commencent heureusement à changer… Très lentement, mais sûrement. Mais en 1996, l’année où se déroule l’histoire, c’était systématique. Je ne compte plus les fois où, enfant et adolescente, j’ai entendu des phrases telles que “sa tenue incite au viol”, “pas étonnant que ça lui soit arrivé, t’as vu comment elle est habillé ?” et je passerai toutes les allusions aux allumeuses…

Heureusement, le récit de l’auteure est clairement tourné du côté des victimes : le lecteur sait ce qui s’est passé le soir du viol collectif de Tina et les propos diffamants envers elle ou même envers Bethie n’en sont que plus choquants.
On ne va pas se mentir, c’était une lecture éprouvante, mais passionnante qui ne laisse ni indemne ni indifférent. J’ai eu énormément de difficultés à mettre en pause ce roman quand j’y étais forcée.
C’est un gros coup de cœur.

Challenge Coupe des 4 maisons :
Epouvantard (item éphémère du 21 octobre au 3 novembre 2019) – Un livre qui parle de l’une de vos peurs ou qui représente une de vos peurs sur la couverture – 90 points