La route – Cormac McCarthy

Titre: La route
Auteur: Cormac McCarthy
Éditeur: Points
Nombre de pages: 252
Quatrième de couverture: L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres. Un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d’objets hétéroclites et de vieilles couvertures. Ils sont sur leurs gardes car le danger peut surgir à tout moment. Ils affrontent la pluie, la neige, le froid. Et ce qui reste d’une humanité retournée à la barbarie.

Ça fait plus d’une semaine que je repousse l’écriture de cette chronique, la raison n’en fut pas que mon besoin vital de jouer. Ça fait huit jours que je me demande ce que je vais pouvoir dire de cette lecture.
Il ne se passe quasiment rien dans ce roman.
Les deux protagonistes, un père et son fils suivent une route. Vers quelle destination ? Aucune idée. Il parcourt des terres désolées, recouvertes de cendres. Que s’est-il passé pour que le monde soit ainsi dévasté ? Aucune idée.
On a bien au début quelques vagues réminiscences d’avant et du commencement qui ont titillé ma curiosité, mais pas plus d’explications que cela et on se sent rapidement qu’il n’y aura aucun éclaircissement parce qu’aucun indice n’est disséminé.
Il y a aussi de-ci de-là quelques rencontres susceptibles d’être effrayantes mais c’est raconté de façon si froide et impersonnelle que cela ne m’a fait aucun effet.

Je n’ai pas accroché au style d’écriture : les descriptions sont plates, il y a énormément de répétitions surtout au début, un nombre incalculable de “et” – les virgules, il ne connaît pas.
Il faut quand même laissé que le vocabulaire utilisé est sympathique : j’ai quand même dû chercher quelques mots dans le dico, ce qui ne m’arrive pas souvent. Ça, c’était la bonne surprise et la seule d’ailleurs.

En ce qui concerne les personnages, je n’ai pas réussi à m’y attacher. La principale barrière est leur identité : ils n’en ont pas. L’auteur les nomme systématiquement “l’homme” et “l’enfant”, ça les dépersonnalise vachement. Je présume que c’était voulu et que les dialogues auraient dû suffire à nous les faire apprécier ce qui a été en partie le cas, mais pas assez en ce qui me concerne.

Je n’ai pas aimé cette lecture. Je m’y suis ennuyée.

Challenge Coupe des 4 maisons :
Item éphémère : Arthur Weasley
– Un livre où les relations entre un père et son fils sont mis en avant – 140 points

Belle époque – Elizabeth Ross

Titre: Belle époque
Auteur: Elizabeth Ross
Éditeur: France Loisirs
Nombre de pages: 414
Quatrième de couverture« Louez un faire-valoir, vous en deviendrez d’emblée plus attirante. »
Lorsque Maude Pichon s’enfuit de sa Bretagne natale pour échapper à un mariage dont elle ne veut pas, elle monte à Paris, ville-lumière en ébullition à la veille de l’exposition universelle de 1889. Hélas, ses illusions romantiques s’y évanouissent aussi rapidement que ses maigres économies. Elle est désespérément à la recherche d’un emploi quand elle tombe sur une petite annonce inhabituelle : « On demande de jeunes filles laides pour faire un ouvrage facile. » L’Agence Durandeau propose en effet à ses clients un service unique en son genre : le faire-valoir. Son slogan ? « Louez un faire-valoir, vous en deviendrez d’emblée plus attirante. » Étranglée par la misère, Maude postule…

J’aime beaucoup la couverture : la teinte dominante bleutée est douce et le titre est en relief, ce qui est agréable au toucher autant qu’à la vue.
Quand je l’ai commencé, je ne savais pas grand chose de l’histoire, enfin pas plus que ne le laisse entendre la quatrième de couverture. Une chose n’est cependant pas dite sur celle ci-dessus, c’est que ce roman est librement inspiré d’une nouvelle d’Emile Zola : les repoussoirs… un titre qui en dit long.

Maude Pichon arrive à Paris, des rêves plein la tête, seulement la réalité est tout autre et elle parvient à peine à payer la mansarde qui lui sert de garni. Acculée, elle répond alors à l’annonce de l’agence Durandeau :
“On demande des jeunes femmes
pour faire un ouvrage facile.”
Seulement, sur l’affiche qu’elle possède, il manque un mot derrière “femmes” qui annonce la couleur, c’est l’adjectif “laides”.
Une fois là-bas, elle découvre l’atroce vérité : le directeur embauche des femmes hideuses afin de les louer à des bourgeoises et nobles ce qui permet de rehausser leur beauté par comparaison au physique disgracieux de leur repoussoir. Pour pouvoir jouer leur rôle correctement et se fondre dans le décor, elles reçoivent, en contrepartie, des cours. Malheureusement, le prix à payer est lourd et passe par un dévalorisation totale de soi, pas facile à vivre au quotidien.
Maude a un visage quelconque pourtant, elle est prise dans l’agence pour entrer au service de la comtesse Dubern : son rôle est de devenir l’amie de sa fille, Isabelle, sans que cette dernière ne soit au courant du métier de repoussoir que pratique notre héroïne, et ce, dans le but d’espionner la riche demoiselle.

La première moitié était intéressante mais sans plus. Le personnage de Maude est travaillé et on se met facilement dans sa peau d’autant que le récit est écrit à la première personne. Du coup, on n’ignore rien des sentiments qui sont les siens, de la manière dont elle se sent forcée d’accepter le travail méprisant que propose Durandeau et des dégâts qu’occasionnent ce simple mot de repoussoir… ne parlons même pas des visites que font les clientes afin de choisir le faire-valoir le plus laid, celui susceptible de les mettre en valeur… moment dégradant par excellence.
Cela devient bien plus passionnant lorsqu’on découvre Isabelle, non pas la première rencontre, mais celles d’après, quand Maude parvient à s’en faire accepter. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que sous les allures de petite-fille gâtée ne prenant plaisir qu’à entrer en conflit avec sa mère, la jeune Dubern cachait en réalité un caractère original. Le bémol en ce qui me concerne est que le personnage d’Isabelle est beaucoup trop moderne, surtout pour l’époque et sa caste. De plus, j’ai trouvé que dans son historique, il manquait un petit quelque chose qui la rendrait authentique comme un mentor ce que n’a pas été le cas de son professeur pour moi : certes, son enseignante a été vaguement évoquée (il me semble que c’est une femme, je n’en suis même pas sûre tellement elle est peu abordée) mais davantage comme quelqu’un qui l’aurait encouragée dans sa volonté d’apprentissage, pas comme quelqu’un d’inspirant.

J’ai adoré l’ambiance que l’auteure instaure dans ce roman. Avec des mots simples, elle parvient à nous plonger dans l’atmosphère voulue que ce soit la magnificence du bal des Rochefort, la gaieté des bistrots de Montparnasse, l’effervescence provoquée par l’exposition universelle et la création de la tour Eiffel, etc. Pour moi, c’est le gros point fort de Belle époque, j’ai eu l’impression d’évoluer dans les milieux décrits, je me suis sentie mal quand Maude expliquait son ressenti face à son travail de repoussoir, je me suis sentie pleine d’espoir quand Isabelle parlait de ses rêves.
Par contre, la fin m’a déçue. Je m’attendais à ce que ça soit plus sombre… peut-être suis-je trop façonnée par les récits de Zola. En tout cas, c’en est loin, du coup, j’ai trouvé que ça sonnait faux.
A la fin du roman, on retrouve la nouvelle de Zola qui a inspiré ce roman : les repoussoirs. Ça fout une sacrée claque. J’ai beaucoup aimé la lire.

Dans l’ensemble, j’ai adoré cette lecture notamment pour les personnages mais surtout pour l’ambiance instaurée, et ce, même si la fin m’a déplu.

Challenge Coupe des 4 maisons :
6ème année : Albus Dumbledore
– un livre dont l’histoire se passe à la Belle Epoque (fin XIXe, début XXe siècle) – 60 points

La terre qui penche – Carole Martinez

La Terre qui penche - Carole MartinezTitre:  La terre qui penche
Auteur: Carole Martinez
Éditeur: Gallimard
Nombre de pages: 360
Quatrième de couverture: Blanche est morte en 1361 à l’âge de douze ans, mais elle a tant vieilli par-delà la mort! La vieille âme qu’elle est devenue aurait tout oublié de sa courte existence si la petite fille qu’elle a été ne la hantait pas. Vieille âme et petite fille partagent la même tombe et leurs récits alternent.
L’enfance se raconte au présent et la vieillesse s’émerveille, s’étonne, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l’y attend.
Veut-on l’offrir au diable filou pour que les temps de misère cessent, que les récoltes ne pourrissent plus et que le mal noir qui a emporté sa mère en même temps que la moitié du monde ne revienne jamais?
Par la force d’une écriture cruelle, sensuelle et poétique à la fois, Carole Martinez laisse Blanche tisser les orties de son enfance et recoudre son destin. Nous retrouvons son univers si singulier, où la magie et le songe côtoient la violence et la truculence charnelles, toujours à l’orée du rêve mais deux siècles plus tard, dans ce domaine des Murmures qui était le cadre de son précédent roman.

Cette année, j’ai pu participer aux matchs de la rentrée littéraire organisée par #Priceminister (#MRL15) qui ont accepté ma candidature. Je les en remercie énormément ainsi que Gallimard pour la confiance qu’ils ont placée en moi.

Ce roman était mon premier choix : j’avais déjà lu Du Domaine des Murmures de Carole Martinez et cela avait été un coup de cœur, j’avais donc très envie de découvrir un autre roman de cette auteure et ça a été un plaisir de retrouver sa plume, un style d’écriture toujours aussi beau et poétique.
Le gros plus pour La terre qui penche, ce sont les différentes chansons ou bribes de chants médiévaux qui parcourent les pages et se mélangent tout naturellement au récit. Je me suis demandée plus d’une fois si elles avaient réellement existé ou si c’était une invention de l’auteure : j’ai eu ma réponse dans une note finale à ce sujet, et j’ai aimé cette précision.

Deux récits se chevauchent dans le temps mais sont séparés en chapitres, pas forcément alternés : la petite fille et la vieille âme. Celui de la fillette, Blanche, se cantonne à une narration directe, on la suit, on découvre le Domaine des Murmures à ses côtés. Oui, vous avez bien entendu, l’histoire se situe dans la même région que lors du roman précédent de Carole Martinez, seulement, cela se passe deux cents ans après le réclusion d’Esclarmonde – elle est évoquée une ou deux fois et j’ai adoré ça, on y découvre la Loue et les environs différemment.
Le récit de la vieille âme, qui est en réalité l’âme de Blanche ayant traversé les ans, est plus ouvert que celui de la petite fille tout en restant mystérieux histoire de ne pas en dévoiler trop : grâce à elle, on en apprend davantage sur le passé de certains personnages, des lieux également, de la mort et sa basse besogne, etc.
Deux visions aussi semblables que différentes qui rendent ce roman extrêmement intéressant.

Je me suis beaucoup attachée aux personnages que ce soit Blanche, Aymon, Eloi et même la monture Bouc m’a émue. Ils ont tous été travaillés jusque dans les moindres détails aussi bien les principaux que les secondaires. Certaines scènes m’ont faite vibrer : j’ai serré les dents de nervosité, retenu mes larmes de tristesse, eu mal au ventre d’inquiétude et d’angoisse. Bref, je suis passée par tout un tas de sentiments, je me suis sentie malmenée puis consolée – j’apprécie ça dans mes lectures.

J’ai adoré La terre qui penche et même lorsque certains passages étaient un peu longs, il a suffit de me laisser bercer par le poétique de la narration. Je pense avoir des difficultés pour passer à une autre lecture tellement l’univers des Murmures est entêtant.

Ici meurent les loups – Stéphane Guyon

Ici meurent les loupsTitre: Ici meurent les loups
Auteur: Stéphane Guyon
Éditeur: La Différence
Collection: Noire
Nombre de pages: 252
Quatrième de couverture
: Ici le temps semble immobile. Il y a la maison, la grange, les champs et les bois alentour. Il y a aussi les gens, dont la vie est rude et qui parlent peu. Trois garçons, trois frères, grandissent ici, loin de la ville, Stanislas, Matthias, Ladislas. Les questions de toujours les hantent : comment partir, fuir le père colérique et la mère effacée ? Comment rompre avec ce qui les retient encore ? Chacun s’accroche à ce qu’il peut, les bagarres, les filles,les histoires d’un oncle quasiment aveugle. Quand le meurtre d’une jeune femme est découvert de l’autre côté de la colline, tout accuse un des frères. Mais est-ce l’assassin ?

 Dans un premier temps, je tiens à remercier Babelio ainsi que les éditions La Différence pour la chance qu’il m’a été donnée de lire ce petit chef d’œuvre.

Lors de la Masse Critique Babelio, ce livre a fait partie de mes choix pour plusieurs raisons : le titre me parlait, la couverture simple me plaisait, le résumé m’interpelait. Heureusement que j’ai adoré ma lecture, autrement, j’aurai pu dire que mon flaire m’avait trompé cette fois-encore.

Ce roman se divise en 3 parties :
-la première dépeint merveilleusement les rapports dans la famille de Stanislas, Matthias et Ladislas. Une description que j’ai trouvé très juste, une fratrie semblable par certains côtés mais des personnages malgré tout foncièrement différents les uns des autres.
-dans la seconde, on découvre la jeune fille du résumé peu avant son meurtre, peu de surprise quant à son destin, mais ça n’en rend la chute que plus tragique parce qu’on a tout le temps de s’y attacher.
-la troisième partie est une conclusion sans en être une, ça nous laisse sur notre faim et c’en est un peu frustrant.

J’ai beaucoup aimé les personnages principaux, j’ai réussi à m’attacher à chacun d’entre eux peut-être parce qu’étant jeunes, ils n’ont qu’une prise minime sur leur vie, les adultes m’ont énervée, ils sont incapables de se prendre en main ou de se contrôler. Au début, j’aimais bien moins Ladislas, je le trouvais effacé, à part dans la fratrie puis on finit par le découvrir et il passe pour plus sympathique.
La fille qui ne porte pas de nom est touchante, son histoire également. Son assassinat est détaillé ce qui m’a surprise, j’ai apprécié que ce ne soit pas caché même si ça m’a profondément horrifiée…

C’est un roman sombre mais cela se lit très bien. On se passionne rapidement pour les personnages, leur vie, leurs pensées. Il m’a souvent été difficile d’arrêter ma lecture même si une fois passée à mes activités quotidiennes, je n’y pensais plus jusqu’au moment ou je rouvrais le livre.
Par contre, ce roman est classé dans la section policier… je pense que ce n’est pas la bonne catégorie pourtant, je suis incapable de la classer dans une autre… peut-être thriller, mais là encore, ça ne me semble pas juste… peut-être en drame, tout simplement.
Bref, j’ai vraiment adoré, même si la fin n’en est pas vraiment une ce qui a le don de m’énerver habituellement -on ignore totalement ce que devienne certains des personnages, je ne donnerai pas de noms, après ce drame ; probablement la raison pour laquelle ce n’est pas un coup de cœur.

Madame Butterfly – Benjamin Lacombe

Madame ButterflyTitre: Madame Butterfly
Auteur: Benjamin Lacombe
Éditeur: Albin Michel
Nombre de pages: 70
Quatrième de couverture:
Oh, Butterfly ! Ne dit-on pas que toucher les ailes d’un papillon le condamne ?
Benjamin Lacombe réinterprète ici l’inoubliable histoire de Madame Butterfly et nous fait entendre la voix inédite d’un Pinkerton rongé par le remords. Ce livre d’artiste, à la mesure de ce sublime drame amoureux, s’épanouit à travers d’éblouissantes peintures à l’huile et nous entraine dans un Japon révolu mais aux mystères intacts. Au verso, des pages reliés en paravent se déploie, sur 10 mètres de long, une délicate fresque au crayon et à l’aquarelle.

J’ai pendant longtemps été une grande fan des opéras, Madame Butterfly n’a donc pas fait exception à la règle et je lui vouais une vraie fascination ; ma mère n’a donc pas pu manquer de me l’acheter pour Noël dernier -cadeau de mon chéri au final- lorsqu’on l’a vu en magasin.
Madame Butterfly abandonnéeBenjamin Lacombe a, comme pour Ondine, livré son interprétation de ce drame. J’ai adoré le style d’écriture, j’ai trouvé que le texte était plus long mais surtout plus beau et maîtrisé que pour le conte de La Motte-Fouqué. Contrairement à l’opéra, on a droit à la version de Pinkerton ce qui est plus ou moins intéressant. Malheureusement, je n’ai pas accroché au personnage : son caprice de vouloir épouser Butterfly manquait de conviction, dans la vision que j’ai de l’opéra, Butterfly fascine totalement cet américain, jusqu’à ce que la vie commune et le choc des cultures viennent briser cette fascination… là, je ne l’ai pas ressent, j’ai trouvé le personnage de la geisha un peu vide. Du coup, l’histoire perd un peu… Quant aux remords de Pinkerton, laissez-moi rire, il est lâche jusqu’au bout. J’ai trouvé sa femme américaine Kate plus convaincante et plus touchante.

Les dessins sont absolument sublimes. Je regrette seulement une séparation trop franche entre texte et illustrations : on a des doubles planches illustrées et trois pages de textes sans dessins et cela sur les 3 actes contés, ce n’est pas que ça m’a dérangée mais c’était un peu compact et la petite s’est vite essoufflée.
La fameuse frise de 10 mètres est très jolie mais peu pratique, j’avoue. Je l’ai déplié avec beaucoup de précaution et l’a rapidement replié de peur de l’abîmer.

Madame Butterfly se prépareC’est un très bel album que je ne peux que conseiller si on aime l’auteur : des illustrations aussi belles que d’habitude et une version de l’opéra de Puccini revue, corrigée et remis au goût du jour. J’ai beaucoup aimé.