Titre : Les immortalistes
Auteur : Chloe Benjamin
Éditeur : Le livre de poche
Nombre de pages : 512
Quatrième de couverture : À San Francisco, il pourrait exister pour lui-même. Et même s’il n’aime pas penser à ça, le moment est venu de se poser la question : et si la femme de Helster Street avait raison ? Cette simple éventualité prête une tout autre couleur à sa vie, et tout semble alors urgent, scintillant, précieux. New York, été 1969. Pour tromper l’ennui, les enfants Gold ne trouvent rien de mieux à faire que d’aller consulter une voyante capable de prédire avec exactitude la date de leur mort. Si Varya, Daniel, Klara et Simon veulent tous savoir de quoi demain sera fait, ils sont loin de se douter de ce qui les attend. Des années plus tard, hantés par la prophétie, ils vont faire des choix de vie radicalement opposés. Lorsque le premier d’entre eux trouve la mort à la date annoncée par la voyante, les trois autres craignent le pire. Doivent-ils prendre au sérieux cette prémonition ? N’est-ce la puissance de l’autosuggestion qui pousse les Gold à faire des choix qui les conduisent irrémédiablement vers leur mort ?
J’ai eu ce livre suite à ma commande d’une box la Kube. C’est donc une libraire qui m’a choisi cette lecture en fonction d’un texte que j’avais rapidement rédigé.
Je dois dire que je ne m’attendais pas à une telle lecture ! C’était passionnant (du moins le début).
On suit quatre personnages issus d’une même famille. On commence le bouquin par une scène qui les marquera : enfants, ils vont voir une voyante qui les prend un à un et leur prédit le jour de leur mort.
Puis on reprend 10 ans après avec le décès de leur père. Leur mère perd la boule et le plus jeune, Simon qui est encore lycéen, se voit déjà prendre soin d’elle alors que ses frères et sœurs se carapatent. Quand son aînée, Klara, lui propose de l’accompagner à San Francisco, c’est l’opportunité pour lui de vivre sa vie sans risquer le jugement de ses proches.
Donc c’est ce qu’il fait : brûler la chandelle par les deux bout. Et comme ça se passe de 1978 à 1982, je n’ai eu aucun mal à anticiper ce qui allait lui arriver.
Puis on suit Klara qui n’a pas une vie conventionnelle. Son rêve est de devenir magicienne et elle se lance dedans à corps perdu. Elle galère toute seule avant d’être aidée par Raj, un gars que Simon et elle ont rencontré à leur arrivée à San Francisco.
Mais sa vie n’en est pas plus facile.
Simon et Klara ont vécu avec une épée de Damocles au-dessus de leur tête : la voyante leur a prédit une vie courte donc ils ne se préservent pas.
Daniel finit également par péter un câble… pourtant, il a une vie relativement tranquille : il est médecin pour l’armée, marié à Mira qu’il aime et sa mère Gertie vit avec eux. D’ailleurs, il y a tellement peu de rebondissements et c’est un personnage si peu profond que sa partie est la plus courte des quatre.
Quant à Varya, elle est aussi atteinte que les autres. Sa vie est régie par ses TOCs. Dans les trois premières parties, elle est quasiment inexistante, un personnage difficile à appréhender, presque une inconnue donc j’ai eu un peu de mal à me faire à sa partie et je ne sais pas si j’ai aimé découvrir. Elle était plus intéressante que celle de Daniel, mais beaucoup moins intense que celles de Klara ou Simon.
Je pense que j’espérais mieux de cette dernière partie : un récit fort, résilient… c’est quand même la seule survivante. Mais je n’ai pas réussi à croire en elle et son histoire… un peu comme celle de Daniel. Elle est aussi cabossée que les autres, mais j’ai trouvé que ça manquait de profondeur et donc ça sonnait faux… je pense que c’est ça qui m’a bloquée.
J’ai relevé quelques incohérences scénaristiques et historiques qui m’ont fait grincer des dents :
– Klara dit au début que la voyante a annoncé sa mort à ses 31 ans (je me suis dit que c’était important, donc je me suis obligée à la retenir), et quand Daniel rapporte ses propos (alors ok, 30 ans ont passé, il a pu confondre) il dit que c’était annoncé pour ses 32 ans.
– dans l’histoire de Klara, la date du 20 décembre est donnée, sa grande première est quatre jours après. Le soir de la première, minuit arrive et une nouvelle année commence ! Hein ?
– les Costellos sont arrivés en Floride en 1930, ils ont dû fuir l’Italie à cause de Hitler… euh, non… pas en 1930. A cette date, qu’ils aient fui à cause de Mussolini, d’accord, mais pas Hitler… il n’est chancelier qu’en 1933.
L’autrice a vraiment des problèmes avec la temporalité.
D’accord, je chipote un peu, il n’y a que trois soucis sur 500 pages, c’est raisonnable, mais j’ai tellement aimé le début que ça m’a exaspérée.
J’ai parlé des personnages et de leur parcours. Qu’en est-il de l’intrigue ? Ça passe bien. Ça n’a rien de transcendant, mais ça ne m’a pas empêché d’avancer super vite.
J’ai apprécié le concept à la Matrix : quand la voyante dit à Néo que ce n’est pas grave pour le vas, en regardant autour de lui, il fait tomber le vase qui se casse et la conclusion est : est-ce qu’il l’aurait fait tomber si elle ne lui avait pas dit que ce n’était pas grave.
Là, c’est pareil, est-ce qu’ils auraient eu cette vie avec une telle fin si la voyante ne leur avait pas prédit la date de leur décès ? Je suis persuadée que non.
Bon, j’ai fait une longue chronique, je vais donc m’arrêter là et conclure : si la première moitié du roman a été un coup de cœur, la deuxième est moins passionnante, j’ai pourtant aimé ce roman en intégralité.