Un heureux événement – Éliette Abécassis

Titre: Un heureux événement
Auteur: Éliette Abécassis
Éditeur: Albin Michel
Nombre de pages: 222
Quatrième de couverture » Désormais ma vie ne m’appartenait plus. Je n’étais plus qu’un creux, un vide, un néant. Désormais, j’étais mère.  » E. A.
Violent, sincère, impudique, le nouveau roman d’Éliette Abécassis brise les tabous sur la maternité, cet  » heureux événement  » qui n’est peut-être qu’une idéologie fabriquée de toutes pièces.

J’ai lu ce livre pour mon challenge Coupe des 4 maisons afin qu’il cadre avec l’item éphémère Molly Weasley. J’hésitais entre plusieurs lectures mais j’ai opté pour celui-ci parce que les critiques le considéraient comme un roman noir sur la maternité. Il faut bien avouer qu’il n’est pas particulièrement gai.

Personnellement, je ne l’ai pas trouvé sombre mais particulièrement réaliste et il n’en est que plus intéressant pour cela. On vit dans une société où, en effet, on a construit tout un mythe sur le bonheur d’être parents sans jamais parler de ce qu’on y perd, ni même du prix à payer, puisque tout a toujours un prix. Et à force de faire passer des vessies pour des lanternes, on se se sent complètement désœuvré lorsqu’on se retrouve face à tous les sentiments contradictoires ressentis tout au long de notre parcours de mère en devenir.
Alors bien sûr qu’on est heureuse d’être enceinte si l’enfant est voulu mais soyons réaliste, quand on nous l’annonce dans un premier temps (surtout si cela vient plus tôt que nos prévisions le laissaient espérer), c’est la fin du monde, on réalise qu’on vient de perdre notre liberté et de s’attacher un parasite qui grandit dans notre ventre puis passera ses premiers mois coller à notre sein, ne nous laissant pas respirer sauf pour faire caca et là, ça devient un p**ain de sac-à-caca qui fait jusqu’à trois fois par jour.
Chacun a son vécu personnel avec la grossesse puis le rôle de mère qui en découle mais il n’empêche que certains voire beaucoup parviennent à se leurrer plus facilement que d’autres, autres qui de toute façon n’en parlent pas parce que ne pas aimer inconditionnellement son enfant, devoir apprendre à aimer ce truc qui surgit dans notre vie de couple, concilier la vie amoureuse qui est mise en suspens quelques mois et essayer désespérément de ne pas se perdre dans son rôle si prenant de parents, avoir du mal à accepter de ne plus être un individu mais un esclave des désirs de ces petit d’hommes, c’est être cruel, égoïste et surtout une mère indigne à la limite du monstre – eh ben non, c’est être humain et c’est un peu ça le thème de ce roman (je suis probablement plus crue dans mes paroles qu’ l’auteure, hein !).
Et ça fait un bien fou de pouvoir lire ce ressenti – le seul bémol en ce qui me concerne est que la culpabilité qu’on ressent dans ces cas-là n’est que très vaguement évoquée dans un heureux événement alors que c’est quand même le sentiment qui nous met le plus à mal dans une telle situation.

Je suis bien consciente que c’est un roman que j’aurais détesté lire avant d’être enceinte. Par contre, il m’aurait été nécessaire une fois engrossée rien que pour avoir la sensation de ne pas me sentir seule face à ces sentiments contradictoires (amour / haine – besoin d’être seule / besoin d’avoir son enfant avec soi – soulagement quand on le laisse en garde / culpabilité face à ce soulagement – envie d’être seulement femme / envie de n’être que mère – désir d’être belle et désirable / désir d’être à l’aise rimant avec sapée comme un sac, etc.), et moins coupables, lorsque ça arrive parce que quand on réalise que ça ne va pas, on ne le dit pas, on le cache comme un vilain secret honteux – pas étonnant qu’il y ait tant de dépression chez les jeunes mères…
Bref, j’ai beaucoup aimé cette lecture, j’aurais sûrement adoré si certains points n’étaient pas un peu trop répétés à mon goût, ça alourdissait un peu le récit. Et je ne peux que le conseiller aux futurs parents, ça peut être un bon guide pour comprendre l’autre mais surtout pour se sentir plus léger quand tout ne se passe pas comme ça devrait, enfin, c’est ce qu’on nous fait croire.

Challenge - Coupe des 4 maisonsChallenge Coupe des 4 maisons :
Item éphémère (entre le 28 mai et le 4 juin) : MOLLY WEASLEY – un livre où l’héroïne est une maman (femme enceinte y compris) – 225 points

2 réflexions sur « Un heureux événement – Éliette Abécassis »

  1. Ça me fait penser au blog (et au film) « Maman ? Non merci ! », dans lequel l’auteur parle des remarques et des pressions faite sur les personne qui déclare ne pas vouloir d’enfants, surtout les femmes. On retrouve beaucoup de commentaires de femmes qui osent dire que leur maternité a été un calvaire, voir qu’elles regrettent d’être devenue mère pour certaines.
    La pression sociale est très forte, et c’est un sujet dont on parle peu. Dans notre société, il est considéré comme « naturel » de vouloir avoir un bon boulot et fonder une famille.
    On peut dire que l’acceptation et la liberté individuelle sont encore de belles illusions…

    En tout cas, ton avis est très intéressant, c’est courageux à toi d’oser donner ton propre ressenti !

  2. Merci Saruwa. Pendant longtemps, ça a été tabou et honteux… d’autant plus que je le voulais mon fils. Puis j’ai sombré avant de me reconstruire et maintenant, je n’hésite plus à en parler, ça peut toujours aider l’entourage.
    Je ne connais pas le blog Maman ? Non merci, faudrait que j’aille y jeter un coup d’œil.

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