Titre : Cinq petits indiens
Auteur : Michelle Good
Éditeur : Seuil
Nombre de pages : 352
Quatrième de couverture : Canada, fin des années 1960. Des milliers de jeunes autochtones, libérés des pensionnats, essaient de survivre dans le quartier d’East Vancouver, entre prostitution, drogue et petits boulots. Il y a Maisie, qui semble si forte ; la discrète Lucy, épanouie dans la maternité ; Clara, la rebelle, engagée dans l’American Indian Movement ; Kenny, qui ne sait plus comment s’arrêter de fuir, et, enfin, Howie, condamné pour avoir rossé son ancien tortionnaire.
D’une plume saisissante, Michelle Good raconte les destins entremêlés de ces survivants. Un roman choral bouleversant. Michelle Good est une autrice crie appartenant à la nation Red Pheasant. Elle a travaillé comme avocate auprès des survivants des pensionnats autochtones pendant plus de 20 ans et elle a également publié de la poésie, des essais et des nouvelles dans de nombreux magazines et anthologies.
Cinq Petits Indiens a reçu, entre autres, le prix du Gouverneur général 2020 et le prix du public Canada Reads de Radio-Canada.
Je remercie Masse Critique Babelio ainsi que les éditions du Seuil pour la confiance qu’ils m’ont accordé pour ce partenariat.
Quelle claque, cette lecture ! C’était passionnant, mais aussi très dur par moment, ce qui est normal vu le sujet abordé : les pensionnats tenus par des religieux pour les indiens, au Canada dans les années 60.
On suit plusieurs personnages qui s’entrecroisent. Au début, le récit est chronologique puis petit à petit, même les périodes se mélangent un peu. C’était un peu perturbant, mais je m’y suis fait.
On découvre la vie de cinq indiens issus du même pensionnat : le premier chapitre se situe au sein de l’établissement, les suivants nous content les parcours quand ces jeunes sont jetés dehors et de quelle manière cette sordide éducation et les sévices subis ont détruit leur vie. Tout est dit à mots cachés, mais il n’y a aucun doute sur les horreurs qu’ils ont vécues.
Bien sûr, chacun réagit différemment, et quelques uns s’en sortent mieux que d’autres, mais c’est rude : certains se considèrent comme des survivants, d’autres comme des morts qui marchent.
Je vais faire un tour d’horizon des personnages qui sont tous aussi attachants les uns que les autres :
– Kenny m’a laissée relativement indifférente, pourtant son parcours m’a touchée. Il a réussi à s’échapper du pensionnat vers ses treize ans (il a quand même subi sept années auprès du bourreau qu’est sœur Mary et du pédophile frère John). Il se fait passer pour mort et rejoint sa mère qui est devenue alcoolique. Il passe de boulot en boulot, la colère n’est jamais loin et il a ce besoin de fuir constamment surtout quand tout roule et que la vie lui apporte de l’équilibre.
– Lucy est attachante. C’est une jeune fille très douce et naïve. Elle est jetée hors du pensionnat à seize ans avec un billet pour Vancouver et vingt pauvres dollars en poche. Heureusement, elle a une adresse où dormir, chez une camarade libérée un an plus tôt : Maisie. Lucy en bave et n’est pas épargnée, mais elle a cette volonté douce de s’en sortir.
– Maisie m’a beaucoup plu dès le début. Elle est forte et ne mâche pas ses mots. Elle semble s’en sortir : elle a un travail, pas très bien payé, mais suffisant pour subsister ; elle a un gentil petit copain, Jimmy. Malheureusement, elle cache bien son malaise, du moins pendant un temps, même si cela ressurgit à la nuit tombée. C’est cru et ça m’a attristée.
– Howie m’a touchée. C’était un gamin petit et chétif qui se faisait tabasser par le frère. Il parvient à s’échapper peu avant Kenny, mais à l’âge adulte, il finit en prison. Son histoire m’a émue, il n’aurait jamais dû finir là-bas… enfin aucun, mais lui encore moins que les autres.
– Clara est probablement ma préférée. Autant je ne l’ai pas aimé à sa première apparition, autant son évolution est impressionnante ! Elle est attachante, presque pas trop détruite, mais elle a une volonté qui force le respect. Grâce à elle, j’ai découvert l’American Indian Movement et je me suis un peu penchée sur ce mouvement, c’était intéressant.
– Mariah est une exception, c’est une vieille indienne guérisseuse, mais je n’en dirai pas plus pour éviter les spoils.
C’est un récit sombre, pourtant, il est teinté d’espoir au fil des ans et à mesure que la parole se délie.
C’est un coup de cœur pour cette lecture et c’était vraiment très frustrant d’avoir mis autant de temps à le lire juste parce que j’étais trop fatiguée pour me plonger dedans.