Titre: Monsieur Georges
Auteur: Gilles Warembourg
Éditeur: Atria
Nombre de pages: 221
Quatrième de couverture: Juin 1945. Monsieur Georges est de retour dans son village, après trois ans de déportation. Les habitants accueille leur instituteur en grande pompe : le maire et sa plantureuse moitié, le curé en soutane, les amis, les élèves grandis…
Détruit, monsieur Georges retrouve le quotidien des Flandres françaises. Et l’humaniste désenchanté observe d’un œil sceptique le petit monde compliqué de cet univers rural étriqué. Isolé au milieu de ses concitoyens inconscients de ce qu’il a subi, monsieur Georges se mure dans le silence et s’interroge sur sa propre raison.
Mais quand un crime est commis, l’ancien instituteur s’accuse du meurtre, sans pouvoir expliquer les circonstances ni les mobiles de son geste. Les interrogations sur la nature humaine se doublent alors d’une enquête criminelle. La découverte du coupable passe par un douloureux examen de conscience.
Désormais, monsieur Georges sait que la paix n’est que la haine qui chuchote…
Il y a maintenant plus d’un an, j’avais postulé pour ce livre en partenariat parce que le résumé me plaisait beaucoup et j’avais très envie de le découvrir, malheureusement, je ne l’avais pas obtenu. Ma correspondante qui le savait me l’a alors offert.
On suit Georges Courcelles, ancien instituteur quinquagénaire, de retour dans son village Neu-Cappell après avoir été déporté, 3 ans à Auschwitz-Birkenau, ça ne laisse pas indemne. Il est le narrateur, on a donc sa vision de l’après-camp d’extermination, de ce contraste entre ce qu’il a vécu et les conditions de vie de ceux restés, privations qui ne sont forcément pas les mêmes ; pourtant, c’est à lui que les villageois viennent s’en plaindre, interlocuteur taciturne qui ne pourra pas les contredire puisqu’il n’était pas là les trois dernières années.
Ce contraste en est si fort, si bien exprimé que lorsque la femme du maire, Yvonne, lui raconte les difficultés alimentaires qu’ils ont traversé (notamment sur le prix du beurre exagéré, comme si c’était un produit de première nécessité) comparé à la famine qu’on a imposé à monsieur Georges, lorsque l’auteur nous décrit l’orgie de nourriture tout au long du roman et surtout lors de la fête organisée pour son retour, on est pris de nausée aussi forte si ce n’est plus que celle de l’ancien instituteur.
Ce roman est parcouru de nombreux questionnements posés par monsieur Georges mais aussi Jean, ancien révolutionnaire, philosophe à ses heures perdues, pendant de l’instituteur permettant une réflexion plus étendue, sur le bien, le mal, la naissance de ces deux notions, la raison de vivre ou de survivre des hommes, l’existence de Dieu, etc… thématique souvent intéressante mais les réflexions complexes psychologiquement en sont parfois un peu lourdes, un peu longues et demandent une certaine concentration… jusqu’au fameux crime. A partir de là, cela se lit tout seul et plus rapidement que le début.
Contrairement à bon nombre de livre qui soulève des interrogations chez le lecteur sans fournir de réponses, Monsieur Georges apporte des réponses, certes des réponses toutes subjectives puisqu’il en est le narrateur, certes des réponses discutables ou même contestables -on n’est pas obligé d’être du même avis-, mais des réponses tout de même rendues authentiques de par son cheminement. Du coup, on ne reste pas sur sa faim et on ressent une sensation satisfaisante d’achèvement. Ça fait du bien.
Ça a été une lecture non pas agréable parce que le sujet en est difficile, douloureux même mais que l’auteur a su mener à bien… Un peu plus et je me serai sentie agoraphobe. J’ai vraiment bien aimé ce livre.