Décidément, je suis bien incapable de me ménager. Ça fait des semaines que je souffre des cervicales, probablement un nerf coincé qui par moment me bloque le dos, me lance dans les jambes, rend douloureux chaque porté ou me colle des migraines à répétitions… J’ai enfin eu un rendez-vous, jeudi, mais au lieu d’y aller mollo quelques jours, je pousse! Et je sais pertinemment que je vais le payer les deux prochains jours, mais c’est plus fort que moi.
Peut-être est-ce dû à mon éducation: « Quand ça ne va pas, tu pousses! » Certes le morale peut nous tenir un moment hors de l’eau, et c’est bien ce que je fais: je me booste! Chaque soir je prends un cacheton pour calmer la douleur et passer une nuit à peu près reposante, et je repars le lendemain, je pousse davantage mon corps alors que ce dernier commence à flancher… « Tu t’écoutes trop! » C’est ce qu’on m’a souvent dit… Maintenant, je ne m’écoute plus, je n’écoute pas ma raison lorsqu’elle me dit de freiner, je n’écoute plus ce corps qui m’handicape… Je prends mon courage à deux mains, je mets mes écouteurs sur les oreilles, choisis des musiques entrainantes pour me filer la pêche, lorsque ce n’est pas assez, je lance quelques chansons qui me mettent en colère, la colère est un bon leitmotiv pour continuer à avancer, le plus souvent, j’alterne des mélodies qui me filent la niaque!
Quand je ne peux vraiment plus et que la musique n’est plus assez pour me donner la force suffisante de poursuivre ma route, je pars dans mon imagination, je m’invente plein d’histoires que je vis au gré de mes besoins, les mélange pour accéder à un panel d’émotions qui me font tenir… au moins un jour de plus. Et lorsque la douleur est trop forte, et que je n’ai qu’une envie: que tout s’arrête!, alors je pense à ceux qui m’aiment, à ceux qui restent: mes enfants, mon chat, mon conjoint, ma mère, mon frère et mes amis, toutes les personnes que j’aime tendrement et à qui je manquerai… peut-être. Alors je repars dans mon imagination, et j’attends que ça passe, j’évite de trop bouger, chaque mouvement douloureux me replongeant dans la vraie vie, me rappelant le mal qui me fait souffrir, et quand la migraine m’empêche de penser et de rêvasser, je fixe ma montre, comptabilisant les heures passées, suppliante pour que la douleur s’en aille tout de suite ou lorsque le sommeil viendra… Parfois, ça marche… parfois pas!
Allez, plus que deux jours, plus tout à fait. En attendant, je vais continuer à porter lourd, à faire ce que je dois faire, parce que c’est ce que j’ai toujours fait, ne me ménageant pas, parce que si seule la volonté arrive à me tenir debout, c’est que je n’ai pas encore atteint le fond.