Titre: Cygne l’intégrale
Auteur: Patricia A. McKillip
Éditeur: Mnémos
Nombre de pages: 430
Quatrième de couverture: Corleu était différent des autres errants avec ses cheveux couleur lune et sa fascination pour les légendes : celle du Cygne, du Roi d’or dans sa maison noire, de l’Aveugle qui voit à travers son anneau du temps, de la danseuse des rêves et son ours blanc…
Alors qu’il se promenait en lisière de la forêt, au milieu des marais, il franchît la porte interdite et se retrouva au plus profonds des mystères, perdu dans les légendes de son enfance…
Je tiens à remercier chaleureusement le site Babelio ainsi que les éditions Mnèmos qui m’ont permis de découvrir cette œuvre onirique.
Déjà lorsque je l’ai reçu, j’ai été très étonnée par la couverture, d’accord, je connaissais l’image mais je ne m’attendais pas du tout à ce qu’elle soit cartonnée et je trouve que même s’il en est plus lourd, c’est bien agréable de tenir un livre qui ne se corne pas si on a le malheur de le poser un peu vite.
Cette intégrale se compose de deux livres que je vais chroniquer séparément.
La Sorcière et le Cygne
J’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’histoire. Dans le premier chapitre, on retrouve Corleu enfant, il est différent des autres, se passionne pour les contes qu’il raconte merveilleusement au passage ; il évolue parmi le Peuple des Errants qui sont évidemment des nomades et tout ce premier chapitre le voit grandir rapidement, devenir ami avec ses persécuteurs, développer ses dons de conteur, etc… Le soucis que j’ai eu, c’est que ça se passe trop vite, on ne découvre pas sa vie parmi les Errants -il manque ce côté terre-à-terre qui sécurise même si on sent bien que c’est fait exprès, c’en est déroutant-, et on est brusquement plongé dans les légendes des différentes Tenures, d’ailleurs il faudrait que je le relise juste pour mieux comprendre ce que j’ai loupé de ces mythes. J’ai trouvé ça un peu violent quand même ; on finit par s’y habituer mais au début ça fait un choc.
C’est un récit très entêtant, un univers dont on a du mal à se défaire pour passer à la réalité, une épopée onirique qui m’a ravie même si cette lecture m’a pris beaucoup de temps et d’énergie parce qu’on sent bien que chaque détail a son importance ; on voit d’ailleurs très vite que si on a le malheur de penser à autre chose le temps de ne serait-ce que deux lignes, ça peut nous perdre. Le style d’écriture de l’auteur en est clairement responsable, un style très beau que j’ai adoré découvrir. Le petit point noir, c’est que cela rendait le récit parfois confus surtout lors de scènes d’action.
De mon côté, j’ai très vite su ce que le Roi d’Or voulait en réalité lorsqu’il envoie Corleu chez l’Aveugle ou l’endroit ou ce qu’étaient les entrelacs du cygne: j’ai également rapidement pressenti qui était le cygne mais rien de tout cela ne m’a dérangée parce que dans cette œuvre, on sent que ce qui importe davantage est la manière dont le récit est conté. D’ailleurs si on aime les contes et légendes, on ne peut qu’aimer ce premier livre.
Pour les personnages, si Corleu est au centre dès le début, il ne le reste pas ; assez vite d’autres personnages prennent de l’importance.
Corleu est jeune et assez sympathique, j’aime le fait qu’il ne se laisse pas abuser par l’étameur, il fait ce qu’il lui demande uniquement parce qu’il n’a pas le choix pour sauver sa compagnie et qu’il perçoit ce que d’autres ne verraient même pas.
J’ai beaucoup aimé Nyx, j’aurai aimé qu’elle soit plus développée, on la sent torturée sans réellement en avoir le cœur net. Elle fait ce qu’il y a à faire poussée par un besoin irrépressible de savoir, elle est la sorcière à mauvaise réputation -réputation fondée quand même, elle torture de pauvres bêtes pour ses expériences- et on ne peut s’empêcher de se demander si c’est une méchante ou une gentille. Un détail qui n’est pas dit sur elle et qui m’a enquiquinée : son âge. Sa description est vague, on ne sait pas trop si elle est jeune ou vieille et ça m’a titillée.
Pareil pour Meguet, si ce n’est que grâce à elle, on arrive quand même à situer l’âge des filles de Lauro Ro : un certain nombre d’années sont évoquées, du coup, ça m’a tranquillisée. Elle aussi est un personnage que j’ai bien apprécié, notamment de par sa relation avec Hew.
Par contre, la fin est frustrante, on n’a pas d’explication sur les motivations des personnages légendaires, on peut juste subodorer les raisons qui les ont poussés à ça -oui, oui, dur de s’exprimer sans révéler la moitié du dénouement. Du coup, je vais lire la suite et j’espère vraiment avoir un semblant d’explication sur ce qu’il s’est passé.
La suite… tout de suite.
Le cygne et l’oiseau de feu
Si la première partie m’a énormément enthousiasmée malgré la confusion des actions, ça n’est malheureusement pas le cas de cette seconde partie, je me suis essoufflée au point de m’arrêter à 78% du roman. Habituellement, surtout lorsque c’est un partenariat comme c’est le cas-là, je me force à le terminer, or, pas cette fois-ci : j’aurai certes pu finir ces 20 petits % mais j’ai préféré conserver cette agréable sensation que m’a laissée la première moitié.
Le point positif est qu’on retrouve Nyx et Meguet tout de suite après la Sorcière et le Cygne – la cadette de Lauro Ro est bien différente du début, elle m’a un peu déçue, je pensais qu’elle avait un côté un peu sombre, un passé douteux qui la poussait à être ce qu’elle est… finalement non, il semblerait que ce n’est qu’une lubie, une curiosité excessive d’une princesse capricieuse qui n’en fait qu’à sa tête et trop gâtée. Corleu a disparu du décors, c’est bien dommage, j’avais espéré le retrouver au fil des pages, mais au niveau où je me suis arrêtée, ce n’est pas le cas. De plus, on n’a malheureusement pas d’explications sur la fin de la précédente partie, ça reste frustrant même si j’ai réussi à me contenter de ma propre explication.
J’ai trouvé que les scènes d’action étaient moins poétiques sans être pour autant plus compréhensibles, c’est certes un peu moins chaotique mais ce n’est pas encore ça. Je pensais que ça m’irait mieux mais finalement, le récit perd vachement.
Le gros point noir qui fait que j’ai nettement moins aimé est la perte du côté conte. Le point fort du début est que des légendes issues des traditions orales ont réussi à prendre vie sous la plume de l’auteur, ici, c’est un détail qui a pratiquement disparu : on voyage dans une autre contrée, on a vaguement des allusions aux dragons, des tentatives de lier le passé, la genèse de Draken, mais c’est trop superficiel, on n’est pas suffisamment baigné dedans pour que c’en soit passionnant.
Bref, une grosse déception pour cette seconde partie.
Si je dois résumer, je dirai que la première partie, tout en nécessitant beaucoup de concentration, est vraiment géniale, un récit poétique liant admirablement les contes et légendes au monde créé. Ce n’est malheureusement pas le cas de la seconde partie qui m’a laissée un amer goût de déception.