Titre : Viol, Une histoire d’amour
Auteur : Joyce Carol Oates
Éditeur : Philippe Rey
Nombre de pages : 177
Quatrième de couverture : 4 juillet : feu d’artifice à Niagara Falls. En rentrant chez elles après la fête, Tina et sa fille ont la mauvaise idée de passer par le parc. Elles croisent des jeunes défoncés qui violent Tina et la laissent pour morte dans un hangar à bateaux. Très vite, la ville la condamne : ne serait-elle pas trop jolie pour être honnête ?
Ça fait longtemps que je désirais découvrir la plume de Joyce Carol Oates et j’avais entendu beaucoup de bien de celui-ci.
Quant à la raison qui m’a poussée à le lire, c’est le challenge coupe des 4 maisons pour l’item Epouvantard. J’ai plusieurs peurs qui vont de l’arachnophobie, même si avec l’âge cela s’est davantage transformé en dégoût plus qu’en crainte, jusqu’à la peur de conduire. Je pense qu’on est nombreuse à craindre le viol que ce soit par mauvaise expérience, ou simplement par crainte ancestrale instillée par le comportement indu de nos pairs ou par le récit des contes. Bref, tout ça pour dire que ce roman cadre bien avec cet item éphémère.
Le soir du 4 juillet, Tina et sa fille Bethie de douze ans passent par le parc pour rentrer chez eux. Elles sont alors accostées par cinq hommes saouls et drogués qui les agressent violemment. La mère est sauvagement violée, battue et laissée pour morte, quant à l’adolescente, elle réussit à se cacher au fond du hangar, et ce, malgré les blessures. En parallèle, on suit également l’agent de police Dromoor, premier arrivé sur les lieux du crime, que les faits ont marqué.
Le roman est séparé en trois parties :
– la première retrace les événements dramatiques de cette horrible soirée, et l’après avec l’hospitalisation de Tina et Bethie.
– la seconde raconte la procédure judiciaire et tout ce que cela implique dans la vie de chacun : victimes, criminels, policier et leur famille.
– la troisième est l’épilogue lorsque Bethie est devenue adulte.
La plume de l’auteure est captivante, fluide et vive. J’ai adoré. Elle est parvenue à retranscrire parfaitement le traumatisme d’un tel drame : l’atmosphère oppressante de la peur, le souvenir récurrent des paroles des agresseurs qui reviennent dans les moments opportuns, les rumeurs de la ville qui s’amplifient, se transforment et se déforment.
Déjà à notre époque, les rôles s’inversent souvent entre victime de viol et agresseurs : elle se retrouve fautive de ce qui lui arrive. Les mentalités commencent heureusement à changer… Très lentement, mais sûrement. Mais en 1996, l’année où se déroule l’histoire, c’était systématique. Je ne compte plus les fois où, enfant et adolescente, j’ai entendu des phrases telles que « sa tenue incite au viol », « pas étonnant que ça lui soit arrivé, t’as vu comment elle est habillé ? » et je passerai toutes les allusions aux allumeuses…
Heureusement, le récit de l’auteure est clairement tourné du côté des victimes : le lecteur sait ce qui s’est passé le soir du viol collectif de Tina et les propos diffamants envers elle ou même envers Bethie n’en sont que plus choquants.
On ne va pas se mentir, c’était une lecture éprouvante, mais passionnante qui ne laisse ni indemne ni indifférent. J’ai eu énormément de difficultés à mettre en pause ce roman quand j’y étais forcée.
C’est un gros coup de cœur.
Challenge Coupe des 4 maisons :
Epouvantard (item éphémère du 21 octobre au 3 novembre 2019) – Un livre qui parle de l’une de vos peurs ou qui représente une de vos peurs sur la couverture – 90 points