Titre : La trahison d’Einstein
Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt
Éditeur : Albin Michel
Nombre de pages : 162
Quatrième de couverture : L’action se déroule en 34, 39 et 45, sur les bords d’un lac du New Jersey où Einstein, résidant à Princeton, a ses habitudes, au cours de dialogues avec un vagabond qui squatte dans les parages.
En 39, Einstein adresse à Roosevelt sa fameuse lettre où il l’informe que les Nazis cherchent à obtenir l’arme nucléaire à partir de ses découvertes. Roosevelt déclenche alors le « projet Manhattan » qui aboutira à la bombe A et, plus tard, à Hiroshima.
Tourmenté, Einstein multiplie les appels au pacifisme et au désarmement. On l’accuse de faire le jeu de l’Allemagne, voire de Moscou, qui prépare aussi sa bombe. On le tient pour un dangereux utopiste, un traitre. Le F.B.I. le surveille, sans oser l’expulser. L’explosion d’Hiroshima, dont il est le lointain responsable, sera pour ce non-violent qui rêvait de paix universelle, un déchirement.
Au cours de ces conversations passionnées, parfois bouffonnes, sombres ou chimériques, revit toute l’histoire scientifique et politique du terrible XXe siècle.
Je ne connais pas grand chose d’Einstein : sa grande équation E=mc², sa participation plus ou moins involontaire dans la fabrication de la bombe atomique (ce qui a dû être la raison du titre de ce roman), quelques citations percutantes qui auraient dû m’inciter à faire plus de recherches sur ce personnage historique et qui auraient surtout dû me détromper de la vision que j’avais de lui : je me l’imaginais comme un grand scientifique loin des préoccupations de ce monde et incapable de comprendre la complexité psychologique de l’être humain et les codes qu’il a mis en place, un peu comme Sheldon Cooper dans The Big Bang Theory. En même temps, le peu de reportage que j’ai vu sur lui allait dans ce sens.
Mais ici, Eric-Emmanuel Schmitt le dépeint comme un homme brillant dans différents domaines : la physique (ça, on le sait tous) mais aussi les sciences sociales (philosophie, sociologie et compagnie).
C’est une pièce de théâtre qui s’étend sur plusieurs années : de 1939 à 1955. Chaque chapitre le place à une époque différente qui l’a marqué au point de ressentir le besoin d’en discuter avec un vagabond… vagabond qui va devenir son ami et qui sert d’espion à O’Neill, un agent du FBI.
Alors est-ce qu’Einstein était aussi humain, aussi conscient des responsabilités qui incombent aux hommes que dans ce récit, ou l’auteur l’a-t-il humanisé ? Le FBI le prenait-il vraiment pour un ennemi ?
Je l’ignore. En tout cas, j’ai aimé découvrir sous un nouvel œil ce personnage historique. Et j’ai très envie d’en apprendre davantage sur lui.
La plume de l’auteur est toujours aussi belle et intelligente. Il a une fois de plus des mots qui sonnent juste et c’est passionnant. Je suis décidément fan de ses livres.
Ce fut un gros coup de cœur pour cette lecture que j’ai dévorée en seulement quelques heures – moins de vingt-quatre heures en fait, c’est dire si j’ai adoré.
Automne des Enchanteresses
Sarah Bernhardt, monstre sacré (Dramaturgie, Pièce de théâtre, Arts)