La légende d’Ysoré – Alexandre Lavaur & Léa Dapremont-Thomas

Titre : La légende d’Ysoré
Texte : Alexandre Lavaur
Illustrations : Léa Dapremont-Thomas
Éditeur : Y.I.L.
Nombre de pages : 50
Quatrième de couverture : Deux frères de deux et quatre ans entendent au bout de leur rue un géant pleurer. C’est le géant de la Tombe-Issoire, le géant Ysoré qui a perdu sa tête. Les enfants et leur chat vont l’aider à la retrouver et rencontrer toutes les légendes du sud Francilien : le dragon de l’évêque Marcel, les fantômes des catacombes…

Ça faisait longtemps que j’attendais de pouvoir me prendre cet album et de découvrir la plume d’Alexandre Lavaur… Ça valait le coup d’attendre !

Lorsque Liam et Lucas sont couchés, la chatte Honfleur entre dans leur chambre pour regarder par la fenêtre. Elle constate que le géant Malassis se tient sur l’aqueduc… c’est l’occasion d’emmener les enfants le rencontrer. En avant pour une nouvelle aventure !

C’est une lecture que je conseillerai pour les plus grands : au-delà de 4 ou 5 ans parce que le récit est dense. Il y a beaucoup d’événements et tout autant de références à des légendes (le géant Malassis, le dragon de la Bièvre, la sorcière Marie Très-Bas, ou les chiens de Rhodes), des lieux ou personnages historiques (Guillaume de Rodès, la tombe d’Issoire, l’aqueduc d’Arcueil).
Certaines références sont vaguement expliquées pour répondre au mieux aux questions que peuvent se poser les petits bouts de chou, d’autres ne le sont pas mais titillent la curiosité des adultes – en tout cas, ça a été le cas pour moi et je me suis plu à faire des recherches.
J’ai adoré découvrir cette part de légende d’Arcueil, je trouve ça d’autant plus génial que l’auteur Alexandre Lavaur habite dans la commune d’Arcueil, il a eu envie de développer et de faire connaître ces histoires qui prennent leurs racines dans son quartier. Et c’est prenant, bien joué !

En ce qui concerne les illustrations, j’étais partagée au début : avant de commencer cette lecture, quand l’album était encore en campagne Ulule, je redoutais que ça ne passe pas. Heureusement, mes craintes n’étaient pas fondées.
Les dessins se marient à merveille avec l’histoire : le character design des personnages est simple, ce qui les rend sympathiques. Les couleurs sont chouettes et harmonieuses, les décors sont détaillés.
J’ai eu l’impression de visiter Arcueil et on y retrouve certains lieux mémorables que j’ai découvert grâce à des photos sur internet (l’aqueduc, la sculpture colossale du carrefour Alessia Tombe-Issoire, l’ossuaire, etc.)

J’ai adoré cette lecture et j’attends avec impatience la suite des aventures de Liam et Lucas… j’espère qu’il y aura un prochain tome puisque c’est ce qu’annonce le dernier paragraphe.

Cold Winter Challenge :
Sorcellerie hivernale – Yule (mythes, légendes, contes, réécriture de contes)

Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin – Julie Proust Tanguy

Titre : Sorcières ! Le sombre grimoire du féminin
Auteur : Julie Proust Tanguy
Éditeur : Les Moutons Electriques
Nombre de pages : 248
Quatrième de couverture : Nécromanciennes redoutables, guérisseuses ignorées, doubles obscurs des fées, femmes fatales livrées au bûcher… Rejoignez-les dans ce grimoire moderne qui vous révèlera les lointaines origines et l’étrange destinée de vos sorcières bien-aimées !

J’ai acheté cet essai guidée par la curiosité. Je suis dans une période où j’apprécie tout ce qui tourne autour des sorcières et je me surprends régulièrement à lire des articles sur le sujet ou à me tourner davantage vers des romans qui abordent ce thème.

Ici, l’auteure nous présente la sorcière et son évolution à travers les siècles : l’Antiquité, le Moyen-âge, puis du XVIème jusqu’au XXIème siècle.
Elle en vient à la même conclusion que moi au fil des ans et de mes découvertes littéraires : la femme forte est considérée comme une emmerdeuse donc une sorcière, il est impossible que la femme savante soit plus intelligent qu’un homme parce qu’elle lui est inférieure donc c’est une sorcière, etc. Patriarcat de mes deux ! Je prends des raccourcis, mais en gros, c’est ce qu’il en ressort. Et ne parlons pas du rôle que l’Église a joué dans cette misogynie – y aurait trop à dire sur le sujet et le but n’est pas de résumé tout l’essai, mais les points essentiels.

En soit, ce n’est pas une surprise et je n’ai rien appris de nouveau au cours de cette lecture, par contre, ça m’a permis de mieux comprendre les différences entre un même mythe, dissemblances parfois contradictoires, et qui concerne surtout certaines figures célèbres de la sorcellerie, et ce, grâce à leur évolution à travers la littérature, que ce soit Circé, Médée (la pauvre en prend pour son grade), Morgane la fée (mon personnage mythique préféré donc j’ai pris un plaisir énorme à re-découvrir toutes ses facettes – même à travers les comics, trop bien !)
C’était tout aussi plaisant de découvrir l’analyse de la sorcière à travers les contes avec un large tour d’horizon : de Perrault à Grimm bien entendu, en passant par bien d’autres… des nom d’auteurs étrangers comme Vladimir Propp que je ne connaissais pas et qui a analysé les contes de nombreux pays.

À partir du siècle des Lumières, la sorcière disparaît des radars, mais l’auteure fait quand même un parallèle avec les empoisonneuses.
Par la suite, l’archétype de la sorcière change, évolue jusqu’à devenir fantasme, l’auteure nous en brosse un portrait complet, ou pas loin… que ce soit en littérature, puis bien plus tard dans les bande-dessinées (comics et mangas compris), les films ou les séries, etc.
Je ne vais pas passer encore des heures à chroniquer, l’ouvrage est trop complexe et j’y passerais la nuit, donc je vais m’arrêter là.

Il est peut-être encore bon de rajouter que la plume de l’auteure est plaisante : si le sujet est coton, le style d’écriture est fluide. Les transitions et le lien entre les réflexions, les histoires et les citations s’enchaînent bien et s’imbriquent sans problème.
Cet essai est bien écrit et intéressant, mais je ne suis pas habituée à lire ce genre littéraire. Je ne prends jamais un tel travail à la légère, donc l’ai lu avec tout le sérieux qui s’imposait… du coup, je n’y ai pris aucun plaisir et ça a rendu certains passages laborieux.

Coupe des 4 maisons :
Dissendium (6ème année) – un livre d’un genre que vous ne lisez pas habituellement60 points

Cold Winter Challenge :
Sorcellerie hivernale – Baba Yaga (sorcière, femme de pouvoir, féminisme)

Klaw, tome 09 : Panique à Détroit – Antoine Ozanam & Joël Jurion

Titre : Panique à Détroit
Saga : Klaw, tome 09
Scénario : Antoine Ozanam
Illustrations : Joël Jurion
Éditeur : Le Lombard
Nombre de pages : 48
Quatrième de couverture : On se souvient tous avec une précision étonnante de l’instant qui a précédé un grand bouleversement dans nos vies. L’instant où tout a basculé. Pour Ange, « l’impact » qui détruisit la moitié de Detroit est lié à jamais à sa rencontre avec l’Archiviste, cet inconnu qui semble pourtant tout connaître de l’univers des Dizhis.

J’avoue que je n’étais pas très motivée pour lire ce neuvième tome, mais c’est normal puisque je n’avais pas aimé le huitième. Mais heureusement, dès les premières pages, ça pète et ça m’a donné envie de découvrir ce numéro.
Bon, la première page, ça n’a pas été ça : on débute avec une ellipse, mais sans que ce ne soit précisé ce qui m’a fait douter : « était-ce bien le 8 que j’ai lu précédemment ? »

Cette fois encore, ça part dans tous les sens, pourtant tous les dizhis prennent la même direction : celle de Détroit, ville où s’est réfugié Ange et qui est détruite par… un éclair, un rayon… on ne sait pas trop, du moins au début.
Notre héros s’en prend, une fois de plus, plein la tronche et c’est l’Archiviste qui le sort des décombres. Si vous voulez savoir qui est ce nouveau personnage, il faudra lire ce neuvième tome. En tout cas, j’ai bien aimé les passages où il est et je ne peux m’empêcher de me demander dans quel camp il est… après tout, cela fait un petit moment que chaque dizhi finit par trahir le groupe qu’il a choisi d’aider pour son petit profit personnel, alors pourquoi ne serait-il pas aussi égoïste ?
Paula tient à nouveau une place plus importante… avec de la chance, elle est en train de terminer sa crise d’adolescente – oui, elle m’a un peu saoulée depuis qu’elle a larguée June blessée et son père.

J’ai aimé le scénario, ça bouge bien et on n’a pas le temps de s’ennuyer. J’ai pris plaisir à passer d’un personnage à l’autre, de tous les voir converger dans la même direction.
Les dessins sont chouettes, et m’ont bien plu dans ce neuvième tome, alors que ce n’était pas forcément le cas dans les deux précédents.
Je n’ai plus grand-chose à dire : j’ai bien aimé cette lecture qui clôture le troisième cycle et je me demande comment va tourner la suite.

Le goûter de la sorcière – Nadia Al Omari & Richolly Rosazza

Titre : Le goûter de la sorcière
Auteur : Nadia Al Omari
Illustration : Richolly Rosazza
Éditeur : Passepartout
Nombre de pages : 32
Quatrième de couverture : Une petite fille va très souvent acheter des œufs chez une vieille dame aux habitudes étranges. Et bien que tous les enfants du village la traitent de sorcière, sa maman lui assure qu’il n’en est rien. Alors à chacune de ses visites, malgré la peur qui la tenaille, la petite fille se donne du courage pour entrer et accepter le délicat gouter que lui prépare, pour l’occasion, la vieille dame. Mais, dans la maisonnette, tout ne fait que l’inquiéter et mille questions la tourmentent : Que peut-elle bien faire de toutes ces fioles colorées, rangées dans la vitrine ? Des racines séchées, épinglées sur des fils, des outils aux formes bizarres, accrochés sur les murs ? Et, surtout, à quoi peuvent bien lui servir ces longues tresses de cheveux qui dépassent des gros sacs de toile, au milieu du salon ?

Je remercie les éditions Passepartout ainsi que la masse Critique Babelio pour la chance qu’il m’ont offerte de découvrir ce très bel album.

La trame de l’histoire est plutôt simple : une fois par semaine, l’héroïne est envoyée par sa mère chez Tante Tikita pour y chercher des œufs. Les enfants du village sont persuadés que la vieille est une sorcière, une rumeur persistante qui n’est pas pour rassurer la fillette.
Bon, il faut dire aussi que la décoration intérieure de la maison de Tante Tikita n’aide pas : avec ses plantes qui pendouillent au plafond ou ses bocaux remplis qui ornent les étagères.

Au fil des pages… et des phrases, on sent l’angoisse de la petite fille qui monte à l’idée de se retrouver seule avec la vendeuse d’œufs : elle est tiraillée entre nervosité, crainte de la sorcière et le bien-être procuré par le goûter offert.
C’est loin d’être la première fois que l’héroïne se rend chez Tante Tikati, pourtant ça la stresse toujours autant, dommage parce que la vieille dame est gentille avec elle.

Comme l’annonce la couverture, les dessins sont superbes. Les couleurs sont sombres, mais ça donne du cachet à l’histoire, ça renforce cette sensation d’anxiété qui gagne la fillette, mais aussi le lecteur – même si les paroles de la maman sont pleines de bon sens et rassurantes, je me suis laissé gagnée par les inquiétudes de la demoiselle.
Le plus impressionnant, ce sont les textures : toutes différentes selon la matière (bois, pierre, crépi, plumes d’oiseaux, etc.) Et je ne parlerais même pas des nombreux détails que je me suis plu à contempler.

J’ai adoré cette lecture qui m’a transportée dans ce petit village où tout le monde semble se connaître et où le seul magasin qu’on découvre est celui de jouet qui fascine l’héroïne.

Soleil, le poney enchanté – Laure Allard-d’Adesky et Manon Paumard

Titre : Soleil, le poney enchanté
Auteur : Laure Allard-d’Adesky
Illustration : Manon Paumard
Éditeur : Lemart
Nombre de pages : 31
Quatrième de couverture : Colin et Manon sont inscrits pour les vacances au centre équestre. Ils vont découvrir les joies de l’équitation, mais aussi rencontrer un vieux poney miteux que tout le monde ignore. Etrangement, Manon semble percevoir une étincelle de magie dans son regard. Les enfants vont comprendre l’importance de voir au-delà des apparences. Soleil est bien plus qu’un vieux poney : C’est un animal extraordinaire qui va leur faire vivre une aventure fantastique.

Cet album m’a été offert par l’auteure Laure Allard-d’Adesky qui est également une amie et je l’en remercie chaleureusement.
Ce fut une chouette lecture que j’ai découverte avec les enfants que j’accueille et on a passé un super moment.

Pour les vacances, Colin et Manon prennent des cours au centre équestre. En découvrant les stalles des poneys, la fillette s’attarde devant Soleil, un vieux poney maigrichon. Une cavalière un peu plus âgée lui conseille de choisir une autre monture, ce que fait Manon. Pourtant, Soleil l’intrigue et elle va s’y attacher, l’apprivoiser et, en compagnie de son frère, ils vont découvrir que c’est un poney extraordinaire, en regardant au-delà des apparences – et c’est bien la belle leçon de cette histoire.

C’est un album qui plaira autant aux enfants fans de chevaux qu’aux autres. Les loulous à qui je l’ai lu sont jeunes (2 ans) et ne sont pas plus que ça après les poneys, pourtant ils ont adoré et m’ont parlé de Soleil toute la matinée. C’est dire s’ils ont aimé cette histoire.
La plume de Laure est plaisante : des phrases courtes qui rythment le récit. Une plongée en douceur dans le monde équestre qui se transforme en une courte aventure féerique.

J’ai aimé les dessins, ils sont simples mais efficaces. J’ai pris plaisir à retrouver le style de Manon Paumard que j’avais déjà découvert dans Trois amis bien différents, des mêmes autrices. Le character design des personnages est épuré, mais l’illustratrice a le sens du détail que ce soit dans les habits (les motifs, les coutures) ou les décors (les striures dans le bois des stalles, etc).

J’ai adoré cette lecture, j’ai pris autant de plaisir que les enfants à découvrir ce récit qui invite à ne pas accepter les évidences et à se faire sa propre idée en suivant son instinct.