Petites fables destinées au néant – Carino Bucciarelli

Titre : Petites fables destinées au néant
Auteur : Carino Bucciarelli
Éditeur : Traverse
Nombre de pages : 143
Quatrième de couverture : Le buffle qui créa le monde s’en prend à un autre créateur. Je me débats afin que la colère des deux ennemis ne trouble pas notre humble planète. Notre Terre a été expulsée jadis d’un de ses naseaux ; et il chérit plus que tout, parmi les myriades de galaxies, ce minuscule habitat où les humains s’agitent…
“Existons-nous réellement” aurait pu être un autre sous-titre de ce nouveau livre de Bucciarelli. L’auteur, qui a déjà deux recueils de nouvelles à son actif, L’inventeur de paraboles (1997) et Dispersion (2018), dans lesquels l’insensé fait office de loi, nous offre ici une troisième série ou l’irrationnel prend le pas au point que toutes les références de la logique semblent s’effondrer. Et pourtant, au creux de l’insolite, une étrange cohérence se fait jour. Dans chacune de ces nouvelles, s’étalant sur à peine un tiers de page ou tout au plus sur une page, un petit monde fonctionne en vase clos. Et ainsi se dessine en chaque fable notre vocation à ne pas être nous-mêmes ou à ne pas être du tout.

Je tiens avant tout à remercier masse critique Babelio et les éditions Traverse pour la confiance qu’ils m’ont accordée en me choisissant pour ce partenariat.

Ma chronique va être difficile à rédiger en raison du format de cet ouvrage. Je ne pourrais pas faire de résumé, parce qu’il n’y a pas vraiment de fil rouge, en tout cas, je suis bien incapable de l’expliquer, donc autant utiliser les mots de l’auteur : la thématique des fables tournent

“autour du regard sur notre éventuelle présence ou non-présence dans un monde hypothétique.”

C’est un beau programme qui est traité avec une grande variété : le message peut passer à travers les mots, la création, la non existence, l’ennui, etc.

Je pensais que cet ouvrage se composerait de quelques fables genre une dizaine, mais pas autant : il y en a plus d’une centaine ; une majorité tient en une page et quelques rares autres en deux pages. Souvent, elles sont toutes construites à partir d’une histoire puis développent une idée. C’est réussi : le récit est fluide, ça se lisait tout seul, ce qui ne devait pas être évident à écrire.
Les thèmes sont variés et chacun y trouvera une ou plusieurs fables qui lui parlent.

Celles que j’ai préférées sont celles qui, en une phrase révélaient des évidences et me permettaient de développer ma pensée autour du thème abordé. Ça a été le cas avec l’une sur l’ennui, mais je n’ai pas le titre et je n’ai pas réussi à la retrouver ; également Mon drame avec la citation suivante :

“J’aurais pu laisser libre cours à mon penchant naturel et mentir comme beaucoup d’autres pour ainsi m’inventer une triple appartenance, mais l’honnêteté – ou la honte – me freine. Oui, la honte, car une triste éducation m’a été inculquée. Tu seras toi-même ! m’a-t-on imposé dès l’enfance, comme si on pressentait en moi un naturel de qualité. Mais n’est-ce pas la pire formule que de ne pouvoir échapper à sa personne ?”

C’était pour ne citer que ces deux-là. Il y en a bien d’autres qui m’ont plu, surtout celles dont le récit se suivait et s’étalait sur plusieurs fables : Sous la lucarne est plusieurs discussions entre deux prisonniers et se poursuit sur neufs fables.

Les textes sont rythmés, et c’était agréable à lire à haute voix. En tout cas, j’ai pris plaisir à le faire.
J’ai bien aimé ce recueil de fables, ça me changeait de mes lectures habituelles.

Le diable de Noël – Meryma Haelströme

Titre : Le diable de Noël
Auteur : Meryma Haelströme
Éditeur : Auto-édité
Nombre de pages : 98
Quatrième de couverture : En des temps reculés, dans un village perdu au milieu de la montagne. Noël approche et, comme chaque année, Krampus s’invitera. Du moins, c’est ce que dit la légende.
Astrid la connaît bien, cette légende. Tout comme elle connaît l’ombre de son mari violent. Quand elle apprend qu’elle est enceinte, elle décide de tenter le tout pour le tout afin de protéger son enfant à naître et l’éloigner de son père.
Et si pour ça elle doit faire appel à des forces infernales… ainsi soit-il.
Le terrifiant diable de Noël répondra-t-il encore une fois à son appel ?

Je n’avais pas prévu cette lecture. D’ailleurs je ne la connaissais même pas. Il faisait partie de la sélection coup de cœur 2022 des directrices et préfètes du Challenge coupe des 4 maisons et il fallait choisir parmi toute une sélection.
Donc j’ai lu tous les résumés et seuls deux me bottaient : la bande-dessinée Lore d’Olympus mais je l’avais déjà lue en webtoon et celui-ci.
Je me suis décidée pour Le diable de Noël : non seulement il était dans le thème de mes lectures actuelles c’est-à-dire Noël, mais la couverture me plait beaucoup et a contribué à mon choix.

Noël distribue les cadeaux aux enfants des villages voisins, mais le jour où il rentre, sa femme a sauvagement été assassinée et ses deux enfants ont disparu. Cette épreuve le transforme, il devient le terrifiant Krampus et s’en prend les hommes violents. Ça, ce n’est que l’introduction.
Astrid est mariée depuis vingt ans avec Ivar. Ce dernier passe pour un homme bon, mais dans l’intimité, il se comporte de manière ignoble avec sa femme. Elle est terrorisée et finit par souhaiter que Krampus vienne à son secours.

Cette lecture a pour objet les violences conjugales. Le thème est délicat et difficile à traiter, néanmoins l’autrice s’y prend bien : il y a certaines scènes dures, mais elles sont heureusement courtes et ça reste relativement soft dans les descriptions.
Astrid est bien dépeinte ; je me suis attachée à elle et j’ai compris ses sentiments : sa peur des violences, son incapacité à quitter son mari, son espoir que les choses aient changé, son inquiétude face à l’avenir, etc.

Ça s’est lu très vite et j’ai eu du mal à interrompre ma lecture, d’ailleurs, je ne l’ai pas fait malgré ma folle envie de jouer.
J’ai adoré cette lecture, ce fut une agréable surprise.

Coupe des 4 maisons :
Les pulls en laine de Mme Weasley (item éphémère, La danse des flocons de neige) – Lire l’un des coup de cœur de l’année des directrices et préfètes100 points

Sauver Noël – Romain Sardou

Titre : Sauver Noël
Saga : Contes de Noël, tome 2
Auteur : Romain Sardou
Éditeur : XO
Format : E-book
Nombre de pages : 246
Quatrième de couverture : Londres, hiver 1854. Gloria Pickwick, gouvernante d’un respectable lord, considère d’un œil très suspicieux l’arrivée de leur nouveau voisin. Qui est vraiment cet étrange baron Ahriman ? Mille rumeurs courent à son sujet. Parfois, une diligence conduit des gens chez lui… et on ne les revoit jamais ! Arrive le 24 décembre. Tous les enfants se couchent en rêvant au lendemain. Mais le Père Noël ne vient pas. Aucun cadeau au pied des sapins illuminés. Une maison, et une seule, fait la fête ce jour-là… Celle du sinistre baron. C’en est trop pour Gloria, qui prend l’affaire en main. Harold, un petit garçon futé, s’engage à ses côtés, avec des renforts insolites : des lutins, une fée, des oies douées de parole. L’objectif de cette drôle de troupe : sauver Noël ! Si c’est encore possible…

Ça faisait longtemps que je voulais lire ce roman, donc j’ai été ravie quand Letterbee me l’a choisi. Maintenant que je l’ai lu, je me souviens pourquoi j‘avais repoussé cette lecture : c’est le second tome d’une trilogie et je n’ai pas le premier. Argh !
Ce n’était pas problématique pour la compréhension de l’histoire, il manquait néanmoins des détails qui auraient rendu l’histoire plus intéressante, surtout au niveau des personnages secondaires.

On découvre l’histoire de Gloria Pickwick, gouvernante chez les Balmour qui vivent au 6 Collins Square. De nouveaux voisins emménagent, mais personne ne les voit jamais ; ils semblent n’avoir qu’une vie nocturne.
Quand décembre arrive, comme l’année précédente, des feuillets invitant les enfants à envoyer une lettre au père Noël avant le 6 tombent du ciel.
Tout le monde attend avec impatience le 25, mais le jour de Noël aucun cadeau n’est trouvé sous le sapin… chez personne. Chacun réagit différemment, mais tous les enfants sont déçus et Zoé, la fille de Gloria, ne fait pas exception à la règle. Seuls les nouveaux voisins sont heureux au point d’organiser deux jours de fête, ce qui n’est pas normal. Il n’en faut pas plus pour réveiller la méfiance de Gloria qui se met à enquêter sur eux.

Bon, certains faits étaient un peu prévisibles, mais heureusement pas tout. Je ne m’attendais pas du tout à ce que le récit parle de vampire, de fées, etc. C’était aussi surprenant que déroutant.
Les personnages sont plus ou moins attachants : Gloria a des airs de Mary Poppins. J’aime beaucoup Zoé, mais elle n’est pas très présente. Je crois que j’apprécie Harold, mais je le trouve pas assez en lumière pour me faire une idée plus précise.

Je n’ai pas grand-chose d’autre à raconter. C’était une lecture plaisante, mais sans plus. Je ne sais pas si je lirai le premier ou le dernier… peut-être, parce que ma curiosité est quand même piquée.

Coupe des 4 maisons :
Impero (4ème année) – Un livre choisi par quelqu’un d’autre, dans votre pile à lire40 points

Les dix enfants que madame Ming n’a jamais eus – Eric-Emmanuel Schmitt

Titre : Les dix enfants que madame Ming n’a jamais eus
Auteur : Eric-Emmanuel Schmitt
Éditeur : Le Livre de Poche
Nombre de pages : 90
Quatrième de couverture : Madame Ming aime parler de ses dix enfants vivant dans divers lieux de l’immense Chine. Fabule-t-elle, au pays de l’enfant unique ? A-t-elle contourné la loi ? Aurait-elle sombré dans une folie douce ? Et si cette progéniture n’était pas imaginaire ? L’incroyable secret de Madame Ming rejoint celui de la Chine d’hier et d’aujourd’hui, éclairé par la sagesse immémoriale de Confucius.

Ça fait un moment que je voulais lire ce petit roman, mais comme toujours, je reportais. Samedi, je pensais avoir pas mal de temps à tuer entre chaque rendez-vous avec les profs de ma fille, donc je l’ai pris avec moi.
J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l’histoire et je ne sais pas trop pourquoi. J’ai relu les trois premières pages plusieurs fois, mais je ne suis pas parvenue à intégrer le début, donc j’ai continué en me disant que ça coulerait tout seul par la suite et c’est le cas.

Le narrateur se rend en Chine pour le travail. Il fait la connaissance de madame Ming, la dame pipi de son hôtel. À chaque nouvelle rencontre, elle lui parle d’un de ses dix enfants. Comment peut-elle en avoir autant dans la Chine de l’enfant unique ? Et si elle n’en a pas eu dix, comment peut-elle être si convaincante à leur sujet ?

C’est une bonne femme très sage, elle sait rebondir sur les propos du narrateur, a toujours une phrase très juste. Par contre, j’ignore si ça m’a parlé ou si ce n’était pas les maximes de trop… en tout cas, ça coïncidait bien avec la trame de l’histoire. D’ailleurs, est-ce les propos de madame Ming ou ne fait-elle que nous resservir les idées de Confucius ?
Les récits que nous offrent madame Ming sont intéressants : à la fois trop gros pour qu’on y croit, et pourtant racontés de manière tellement naturelle que je me suis laissée convaincre par l’existence de ses dix enfants.

J’ai bien aimé le personnage de madame Ming, mais je n’ai malheureusement pas réussi à me faire une idée plus précise sur le narrateur et avec une lecture si courte et ultra rapide, je n’ai pas eu le temps d’affiner mon opinion sur lui…
Bref, je crois avoir fait le tour. J’ai passé un bon moment et ça m’a plu.

La Bête du Bois Perdu – Nina Gorlier

Titre : La Bête du Bois Perdu
Auteur : Nina Gorlier
Éditeur : Magic Mirror
Nombre de pages : 337
Quatrième de couverture : « La Bête est insaisissable. Elle se glisse dans les sous-bois quand tombe silencieusement la nuit. Elle rampe, rugit d’une rage sourde, prête à ravager les alentours de sa fureur meurtrière. Et nul ne la rencontre sans en mourir.
La Bête n’a pas d’ombre. Elle ne laisse aucune trace après son passage, si ce n’est que le corps massacré de sa pauvre victime. Dans la pâle lumière du soir, sa fourrure se marie à l’absence de couleurs. »
Depuis qu’elle a décimé sa famille, Sybil n’a qu’une obsession : tuer la Bête et trouver enfin la quiétude dans la vengeance. Moins coquette que ses sœurs, moins prompte à se marier que les autres filles de son âge, la belle, éprise de liberté, préfère s’exercer aux arts de la chasse et manie l’arbalète avec courage.
Retenue au village par l’amour qu’elle porte à son père défaillant, elle finit par répondre à l’appel obsédant de la forêt le jour où la Bête frappe de nouveau.
Sait-elle qu’elle vient de poser le pied au cœur d’un labyrinthe inextricable fait de roses dorées, de contes oubliés et d’illusions démentes ?
Les rêves et les cauchemars, les histoires et les réalités se mélangent dans ce bois perdu où les reines mangent les cœurs des jeunes filles et où les princes cachent des monstres …

Je m’attendais à ce que ce soit une réécriture de conte de la Belle et le Bête… alors oui, mais pas seulement, ça en mélange plusieurs et c’est plutôt surprenant.

Sybil est comme Belle, elle vit avec ses deux sœurs et avec son père rendu fou après l’assassinat de sa femme par la Bête, quelques années auparavant. La jeune femme veut se venger du monstre qui tue des femmes depuis des dizaines années. Pour ce faire, elle la traque dans la forêt, sauf qu’elle va trop loin et s’y perd.

Ce roman est divisé en quatre parties.
J’ai adoré la première : le passé de Sybil, ses relations avec les membres de sa famille, la chasse de la Bête ; c’était passionnant.
En ce qui concerne les deux parties du milieu, je n’ai pas accroché : c’était long ; tant que Sybil rencontre des habitants, c’était plaisant, mais quand elle se perd dans la forêt et commence à oublier, je me suis ennuyée. J’avais l’impression que ça tournait en boucle.
La quatrième partie conclut l’histoire et c’était super intéressant : on a la version des faits d’Espérance et je crois qu’il m’a presque semblé sympathique.
J’ai beaucoup aimé le personnage de Sybil, il est très complet et elle est attachante. Rose est tout aussi chouette, même si on ignore tout de son passé.

Le seul bémol, ce sont les coquilles. Habituellement, je ne le relève pas dans mes chroniques parce qu’il peut arriver qu’en corrigeant, on passe à côté de certaines, mais là il y en a quand même beaucoup, plusieurs par pages ou toutes les deux ou trois pages puis plus rien pendant des dizaines de pages pour revenir en block… entre les mots oubliés, ceux qui ont une consonance proche mais ne veulent pas du tout dire la même chose (genre “réprimander une nausée”, etc.) et j’en passe, c’était perturbant. C’est dommage, parce que j’ai adoré la plume de l’autrice, malgré une légère inégalité elle est fluide et un brin poétique, néanmoins tant d’erreurs cassait complètement le rythme.

C’était un récit dense avec un solide contexte.
J’ai bien aimé cette lecture et je m’essaierai à d’autres romans de cette maison d’édition.

Automne douceur de vivre
Chante-moi une chanson Sassenach (mythe et légende, voyage)