De la lumière à l’ombre – Gökçe Erverdi, Jonathan Conlin, Ozan Ozavci & Julia Secklehner

Titre : De la lumière à l’ombre
Scénaristes : Jonathan Conlin, Ozan Ozavci & Julia Secklehner
Illustrateur : Gökçe Erverdi
Éditeur : Antipodes
Nombre de pages : 88
Quatrième de couverture : Issu du Lausanne Project, fondé en 2017 pour faire la lumière sur les conséquences du Traité de Lausanne, ce roman graphique relate l’histoire de Karagöz et Hacivat, deux marionnettes du théâtre d’ombres, qui partent dans l’espoir de s’enrichir lors du grand rassemblement de Lausanne. Ils y rencontrent Clare Sheridan, Ernest Hemingway, Aloïs Derso et Emery Kelèn.

Je remercie avant tout la masse critique Babelio ainsi que les éditions Antipodes qui m’ont permis de découvrir cette lecture.
Le résumé m’avait bien plu, néanmoins je ne m’attendais pas à ça. Je sentais bien qu’il y avait un fort côté historique, mais je pensais que ce serait plus facilement abordable surtout avec les deux héros qui, comme moi, ne connaissent rien à l’histoire de la Turquie en 1923.

Hacivat et Karagoz sont deux marionnettes célèbres dans le théâtre d’ombre du Moyen-Orient. Ils parviennent à se libérer de leurs chaînes et décident de partir pour Lausanne afin d’assister à la conférence de paix qui donna lieu au traité de Lausanne. Leur but est de libérer la ville de Erzin de l’oppression française.

Nos deux héros rencontrent des personnages historiques : journalistes, hommes politiques. Beaucoup leur parlent comme s’ils connaissaient le contexte, alors qu’ils ne comprennent pas grand-chose. C’est également mon cas et ils ne cherchent pas plus que ça à comprendre la situation. Ce sont donc des passages qui m’ont souvent perdue.

Ceux que j’ai le mieux aimés sont avec le chat Schubert. Non pas parce que c’est un félin, mais parce qu’il a une compréhension humaine de la situation politique. Il traduit les discours des politiciens par les conséquences pour les populations ethniques, et ça m’a beaucoup plus parlé.
Hacivat m’a gonflée avec son obsession pour le pétrole et l’argent.
Par contre, j’ai apprécié Karagoz, il n’est pas très fute-fute, pourtant, il est sympathique.

Les dessins font un peu vieux, mais ça passe bien. C’est cohérent avec le côté comique et grotesque du théâtre de marionnettes qui présente Hacivat et Karagoz.
La lecture m’a semblé longue, mais le gros point positif et que ça m’a permis après recherches d’en apprendre davantage sur ces deux protagonistes de cette histoire (leur origine, leur succès, etc.), mais également sur les événements de l’époque (les déplacements de populations, le génocide arménien, les relations internationales qu’entretenait la Turquie, etc.)

En conclusion, je ne dirai pas que j’ai aimé cette lecture, mais ce n’était pas non plus déplaisant. J’en ressors avec une note positive : elle m’a apporté un plus, une connaissance indirecte sur des événements qui ont des conséquences directes avec les actualités.

Il était une fois en France, tome 1 : L’empire de monsieur Joseph – Fabien Nury & Sylvain Vallée

Titre : L’empire de monsieur Joseph
Saga : Il était une fois en France, tome 1
Scénario : Fabien Nury
Illustrations : Sylvain Vallée
Éditeur : Glénat
Nombre de pages : 65
Quatrième de couverture : Il Etait Une Fois en France conte l’histoire de Joseph Joanovici, juif roumain devenu l’homme le plus riche de France pendant l’occupation. Ferrailleur, collabo, résistant, il fut pour certain un criminel, pour d’autres un héros. C’est le cheminement de ce personnage ambigu baptisé le Roi de Paris, par ceux qui ont croisé sa route, que relate avec justesse cette saga au thème délicat. Monsieur Joseph se confie sur son lit de mort aux côtés de Lucie Fer, celle qui fut sa plus fidèle compagne. Intelligence avec l’ennemi, corruption de fonctionnaires, contrebande, enrichissement personnel et même meurtre seront reprochés à la Libération à celui qui possédait pendant l’occupation un appartement en plein cœur de la préfecture de police. Portant fièrement la rosette de la résistance, Joseph reçoit les plus huppés du Tout-Paris, alors que de sombres nuages annoncent la fin de son règne.

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec cette lecture. Je pensais que le contexte historique serait plus présent. On traverse les années, mais le récit est tourné vers Joseph Joanici, un roumain qui, après avoir épousé Eva, son amour d’enfance, l’accompagne en France pour travailler chez l’oncle de la jeune femme en tant que ferrailleur.
Il se montre particulièrement brillant et parvient à se monter un empire financier à la hauteur de ses ambitions.

Le récit débute en 1905, et s’étend jusqu’à 1965. On parcourt pas mal d’années différentes, dans le désordre, ce qui est frustrant parce qu’on ignore ce que Joseph a fait : est-il vraiment un collabo ? Son mandat d’arrestation est-il justifié ? Ses origines juives mettent le doute.
Donc on avance, on découvre sa vie, ses choix, ses magouilles et les conséquences que cela a sur d’autres personnages.
C’était un récit dense, je n’ai pas pu terminer cette bande-dessinée en une fois. Je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages, cependant ça ne m’a pas empêcher de trouver cette histoire intéressante.

Les dessins sont assez classiques et réalistes, mais efficaces. Les visages des personnages sont expressifs. À la fin, on a droit à quelques illustrations, elles sont superbes, j’ai adoré.
Bref, j’ai bien aimé ce premier tome, il faudra que je me procure le prochain pour savoir ce que nous réservent les auteurs.

L’attente – Keum Suk Gendry-Kim

Titre : L’attente
Auteur : Keum Suk Gendry-Kim
Éditeur : Futuropolis
Nombre de pages : 243
Quatrième de couverture : Soixante-dix ans se sont écoulés depuis le déclenchement de la guerre de Corée. Depuis 1953, la Corée est divisée en deux pays distincts, la Corée du Sud et la République populaire démocratique. Des familles entières ont été séparées. La mère de la narratrice n’a jamais revu son premier mari et son fils. Aujourd’hui encore, des démarches sont entreprises pour retrouver des proches disparus. Saisie par un sentiment d’urgence alors que la génération qui a connu la guerre s’éteint et la nouvelle oublie le passé, Keum Suk Gendry-Kim a interrogé sa mère pour qu’elle lui raconte ces blessures traumatisantes de la guerre et de la séparation.
Séoul, de nos jours. Guja a 92 ans. Sa vie de retraitée est bousculée le jour où, parlant avec une amie, elle découvre le programme gouvernemental permettant à des familles coréennes séparées par la guerre en 1950 de se retrouver. Lui revient alors son passé, sa jeunesse, son premier mariage, ses deux premiers enfants. Et surtout, cet exode qui va la séparer de son mari et de son premier fils alors qu’elle reste seule avec son nourrisson. Jamais plus elle ne les reverra. Au crépuscule de sa vie, elle raconte à sa fille Jina, dessinatrice pour la jeunesse, cette vie brisée, ces moments de désespoir, sa vie d’après.
Après Les Mauvaises Herbes, Keum Suk Gendry-Kim s’attaque à un autre pan dramatique de l’histoire de la Corée.

Ça a été une lecture en dents de scie… non pas que ce n’était pas bien, mais le temps m’a manquée… une fois de plus. Je vais finir par m’y faire… ou pas.
Comme pour les mauvaises herbes, cette bande-dessinée traite d’un sujet historique coréen : la guerre qui a amené à la séparation de la Corée du nord et du sud.

Guja, la mère de la narratrice vit à Seoul. Elle espère pouvoir participer aux rencontres organisées par la croix rouge et qui réunissent les familles séparées des deux Corée. On découvre son histoire au fil des pages : elle a grandi au nord dans une famille modeste. Les tensions existent déjà : des rumeurs commencent à courir comme quoi les soldats japonais enlèveraient les jeunes filles qui n’ont pas d’époux.
Guja est donc rapidement mariée à un homme qu’elle ne connaît pas. Elle vit quelques années de bonheur jusqu’à ce que la guerre éclate. Elle est alors séparée de son mari et de son fils aîné en tentant de rejoindre le sud.

La force de cette bande-dessinée, ce sont les émotions que l’autrice parvient à transmettre à travers ses personnages :
– la joie et la sérénité de courte durée
– l’angoisse générée par la guerre et l’exode
– l’attente…cette attente interminable qui s’étend du début à la fin (la réponse de la croix rouge, les nouvelles de ce mari et de ce fils perdu, puis dans les souvenirs l’attente de leur arrivée dans la ville frontière).
Bref, une bande-dessinée qui porte très bien son nom.

Les personnages sont si bien dépeints que je n’ai eu aucun mal à m’attacher à eux. On ne fait pas que compatir à leur destin de douleur, on souffre avec eux.
J’ai adoré cette lecture. Il faudra que je lise d’autres ouvrages de Keum Suk Gendry-Kim.

Les mauvaises herbes – Keum Suk Gendry-Kim

Titre : Les mauvaises herbes
Auteur : Keum Suk Gendry-Kim
Éditeur : Delcour
Nombre de pages : 480
Quatrième de couverture : 1943, en pleine guerre du Pacifique, la Corée se trouve sous occupation japonaise. Sun, 16 ans, est vendue par ses parents adoptifs comme esclave sexuelle à l’armée japonaise basée en Chine. Après avoir vécu 60 ans loin de son pays, Sun revient sur sa terre natale. L’histoire d’une ” femme de réconfort ” qui en dit long sur l’histoire avec un grand H.

Ce fut une lecture aussi dense que difficile et je mentirai si je disais que je ne m’y attendais pas. Le thème fait qu’il ne pouvait en être autrement.

L’autrice nous conte le passé de Lee Oksun à travers leurs différentes rencontres où la vieille dame se livre sur son vécu et celle de ses compagnes. Issue d’une classe sociale pauvre, elle a été adoptée pour travailler dans un restaurant. Or, son caractère bien trempé fait qu’elle ne reste pas en place bien longtemps. Elle est alors vendue à un bar où des gisaengs, des courtisanes qui ont le même rôle que des geishas. Oksun refuse d’apprendre ce métier, elle est donc envoyée faire une course et est, étrangement, enlevé à ce moment-là. Simple coïncidence ? La question se pose.
C’est ainsi qu’elle devient “femme de réconfort” pour les soldats de l’armée japonaise
Oksun et ses compagnes ont leur comptant de violences sexuelles. Là où l’autrice a fait fort, c’est que ces abus sont cachés : aucune image traumatisante, pourtant les mots, les non-dits et la mise en scène sont d’une violence ! J’en ai eu mal au cœur pour les femmes de ce récit. C’est une des forces de cette histoire.

J’ai adoré Oksun âgée, elle est attachante. Il se dégage d’elle un sentiment positif ; je n’arrive pas à mettre le doigt sur cette sensation… peut-être de l’espoir : après tout ce qu’elle a subi, elle a survécu.
Il nous est dressé le portrait d’une femme forte. Elle aurait dû être brisée… et probablement qu’elle l’a été puisque même lorsque tout est fini, elle ne trouve pas le bonheur… quand cinquante ans après, elle retrouve sa famille coréenne, sa nationalité d’origine, ce passé destructeur vient tout gâcher.

Les illustrations sont étranges, pas très beaux, pourtant j’ai pris plaisir à détailler certaines planches qui nous plongeaient dans des sentiments parfaitement retransmis par l’auteure : souffrance, attente, espoir, etc.
Dans cette bande-dessinée, on retrouve une forte critique :
de la société coréenne
de la condition des femmes (qui peut facilement s’étendre à d’autres cultures et d’autres époques)
de la guerre et des horreurs dont les hommes sont capables.

Il aura fallu 480 pages à l’auteur pour nous brosser le portrait de Oksun.
Une lecture dense comme je le disais plus haut, mais surtout une lecture passionnante. Un coup de cœur.

Les orangers de Versailles – Annie Pietri

Titre : Les orangers de Versailles
Auteur : Annie Pietri
Éditeur : Bayard
Nombre de pages : 222
Quatrième de couverture : Marion, la fille d’un jardinier du château de Versailles, a été choisie pour servir la favorite du Roi-Soleil, Madame de Montespan.
La Marquise est exigeante et capricieuse ; il est bien difficile de la satisfaire.
Heureusement, Marion possède un don rare : elle sait créer des parfums extraordinaires qui plaisent à sa maîtresse.
Mais la Montespan a plus d’un vilain tour dans son sac. Bientôt, Marion découvre qu’un terrible complot se trame contre la Reine…

C’est un roman que j’aurais dû lire rapidement, mais ça n’a pas été le cas et cela, en raison d’un emploi du temps très chargé. Et les moments que je pouvais pour lire, j’ai préféré les passer à jouer à Hogwarts legacy.
C’était un peu frustrant, mais je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. D’autant que c’est une lecture fluide, la plume de l’autrice est super agréable et l’histoire intéressante.

Marion est la fille d’un des jardiniers du château de Versailles. Elle est choisie par Athenais de Montespan pour devenir l’une de ses demoiselles de compagnie. La jeune fille a plusieurs atouts dans sa poche, notamment un odorat très développé et un goût sûr en matière de parfum. Étant une fille, elle ne peut malheureusement pas exercer son art en tant que parfumeuse. Mais madame de Montespan compte bien de servir de ce don.
On découvre donc la vie de Marion auprès de la favorite du Roi-Soleil. Ça se complique quand notre héroïne se retrouve au milieu d’un complot… serait-ce les débuts de l’affaire des poisons ?
L’intrigue est bien ficelée et rondement menée.

Quant aux personnages, je les aime bien.
Marion est sympathique, on n’a aucun mal à s’y attacher. Pareil pour Lucie. Je n’ai cependant pas grand-chose à dire d’elles deux.
Madame de Montespan semble gentille et un brin maternelle dans les premiers chapitres où elle apparaît, mais ça sonne faux… peut-être parce que je me souvenais vaguement que c’était une intrigante et qu’elle était mêlée à des pratiques sataniques et autres crimes… où peut-être est-ce simplement mon instinct qui me soufflait de m’en méfier.
Il y a d’autres personnages plus ou moins importants comme Martin, le médecin du roi monsieur d’Aquin, Louis XIV ou sa femme Marie-Therese. Néanmoins, je ne compte pas m’étendre sur leur cas… peut-être dans le second tome, puisque j’ai vu que c’était une trilogie.

En conclusion, c’est une lecture que j’ai bien aimé. Je l’aurais davantage appréciée si je l’avais lu sans interruption.

Coupe des 4 maisons :
Niffleur (5ème année) – un livre où l’un des personnages est plein aux as50 points