Germinal – Émile Zola

Titre : Germinal
Auteur : Émile Zola
Éditeur : Bibebook
Nombre de pages : 835
Quatrième de couverture : Une des grandes grèves du siècle dernier racontée par un journaliste de génie qui en a fait un réquisitoire, un formidable  » J’accuse  » contre le capital, le roman de la lutte des classes et de la misère ouvrière. Un livre de nuit, de violence et de sang, mais qui débouche sur l’espoir d’un monde nouveau lorsque le héros, Etienne Lantier, quittant la mine  » en soldat raisonneur de la révolution « , sent naître autour de lui une  » armée noire, vengeresse… dont la germination allait bientôt faire éclater la terre « . Germinal marque l’éveil du monde du travail à la conscience de ses droits et c’est au cri sans cesse repris de  » Germinal ! Germinal !  » que la délégation des mineurs de Denain accompagna le convoi funèbre de Zola à travers les rues de Paris.

Ça fait des lustres que je désirais lire ce roman, surtout depuis que j’ai vu son adaptation de 1993 (avec Renaud, Depardieu et Miou-Miou) au cinéma lors de mes années collège – vous pouvez faire le calcul, ça commence à remonter.
Mais j’avoue que j’ai longuement repoussé en raison du nombre de pages… les romans écrits par Zola qui comptent 400 pages sont déjà denses, mais là, ça l’est doublement, tout en étant plus passionnant que certaines de ses œuvres.

Étienne Lantier, fils de Gervaise dans l’Assommoir, cherche du travail en tant que machiniste. Ses pas le mènent dans les corons où il est embauché pour aller creuser dans les mines de charbon.
On découvre la vie dans les corons et surtout la misère, déjà installée et qui s’aggrave afin d’enrichir la Compagnie. Étienne fait la connaissance de ce petit monde et fréquente des familles de mineurs comme les Maheu, bien trop nombreux pour survivre avec leur paie de misère, les Levaque qui hébergent un mineur ce qui fait à juste titre jaser, ou les Pierron qui ont trouvé une alternative à leur pauvreté excessive. Il rencontre également d’autres personnages qui ne descendent pas dans les mines, eux : l’affreux Maigrat qui tient l’épicerie et fait sa petite loi parmi les femmes qui viennent mendier un crédit, Rasseneur le tenancier de bar et ancien mineur qui a été viré pour ses idées peu conventionnelles ou Souvarine qui malgré ses conseils avisés cache bien son jeu.
On a également le pendant à toute cette misère : la bourgeoisie « esclavagiste » qui s’enrichit sur le dos des mineurs avec les Deneulin, les Hennebeau, ou les Grégoire.

Il y a bien d’autres personnages.
Zola nous offre ainsi un panel complet de cette société issue des corons.
Une fois de plus, son héros est pris d’une fougue révolutionnaire face à l’injustice de ce monde, sauf que contrairement à ses autres protagonistes, les paroles d’Étienne trouvent écho parmi les mineurs. Ça met rapidement le feu aux poudres et cela a des conséquences catastrophiques : il y a des grèves massives, ce qui est plus que justifié au vu les restrictions de salaires qui sont injustement appliquées, des conditions de travail inacceptables et du danger encouru à chaque descente.

Ce qui m’a le plus surprise, c’est la violence du récit. Je m’attendais à une lecture dure, mais c’est au-delà de cela.
Il y a du suspens : quand les mineurs descendent dans les galeries, on est toujours à se demander ce qui va leur arriver – un coup de grisou, un absence d’air, une pluie battante, la montée des eaux torrentielles venant du canal, etc. Comme les charbonniers, on n’a jamais l’esprit tranquille lorsqu’on les suit à travers les veines du Voreux.
Il y a également des morts, et des meurtres… et tout est amené crescendo et de manière subtile.

Pendant cette lecture, j’ai eu des coups de mou, des passages plus calmes que d’autres, mais dans l’ensemble, je l’ai trouvée passionnante. La plume de Zola a réussi à me tenir en haleine une bonne partie du récit.
J’ai adoré ce treizième tome.

La chatte – Colette

Titre : La chatte
Auteur : Colette
Éditeur : Le Livre de Poche
Nombre de pages : 192
Quatrième de couverture : Lorsque débute leur vie commune, Alain et Camille sont deux amis d’enfance que tout en apparence rapproche. Mais leurs secrètes rêveries les divisent. « Mon mariage, reconnaît Alain, contente tout le monde et Camille, et il y a des moments où il me contente aussi, mais… » Ce qu’Alain aime en Camille, c’est une beauté idéalisée, faite d’immobilité et de silence. Aussi est-il déconcerté par son exubérance. Comme l’arrivée d’une saison nouvelle, la découverte de leur intime division le met à la merci d’autres rêves. Et c’est alors que le drame se noue. La chatte Saha sera désormais pour Alain la chimère sublime qui domine sa vie et pour Camille la rivale détestée contre laquelle aucun procédé n’est trop brutal.

Ça fait longtemps que je souhaite découvrir un roman de Colette, le résumé me plaisait bien donc j’ai opté pour celui-là. Ça n’a pas été concluant et je suis incapable de dire si c’est la manière dont le récit est raconté ou simplement la plume de l’autrice qui ne passe pas.

Alain et Camille sont sur le point de se marier. Les préparatifs de leur vie commune vont bon train : ils vivront un temps dans l’appartement de Patrick (absent pour trois mois), le temps que les travaux de la maison familiale s’achèvent. Quant à Saha, la chatte d’Alain, elle restera aussi dans la maison. Malheureusement, après les épousailles, l’animal se sent abandonnée et dépérit. Alain décide donc d’emmener son félin vire avec sa femme et lui, ce qui n’est pas du goût de Camille qui déteste Saha.

À part la chatte, je n’ai aimé aucun des personnages.
On sent chez Alain une violence latente, ce qui m’a déplu, et on ne peut pas dire que ce qu’il pense de sa femme soit top, du moins après le mariage qui, sans surprise, fut de courte durée.
Quant à Camille, je l’ai trouvée fourbe et hypocrite. Elle joue un rôle pour se faire bien voir de son mari, mais elle a mauvais fond et sa jalousie envers Saha me l’a rendue encore plus antipathique.

Voilà, j’ai fait le tour. J’ai détesté cette lecture. Et j’ignore si je tenterai un autre roman de Colette.

Coupe des 4 maisons :
Plume à Papote (Item éphémères – du 26 juin au 2 juillet) – Lire un livre par un auteur LGBT+85 points

Papa-Longues-Jambes – Jean Webster

Titre : Papa-Longues-Jambes
Auteur : Jean Webster
Éditeur : Folio (Junior)
Nombre de pages : 212
Quatrième de couverture : Au début du XX° siècle, aux Etats-Unis, Jerusha Abbott ne connaît à dix-sept ans que son orphelinat ennuyeux, où elle a toujours vécu. Elle apprend qu’un donateur, qui veut rester anonyme, lui offre quatre années d’études supérieures à l’université de jeunes filles, en échange d’une lettre par mois. N’ayant aperçu de ce monsieur que son ombre portée à la lumière des phares, elle le surnomme affectueusement Papa-longues-jambes et lui écrit très souvent. C’est une nouvelle vie qui commence, pour elle qui découvre la liberté, rencontre la haute société américaine, et s’essaye au métier d’écrivain.

Ça faisait très très longtemps que je voulais lire ce roman. Depuis l’époque où je regardais le dessin-animé éponyme de 1990.

Jerusha (qui se fera appelé Judy par la suite) Abbott est orpheline et vit à l’orphelinat. Elle approche de ses 18 ans et ne pourra plus y rester bien longtemps. Heureusement, un bienfaiteur la prend sous son aile et l’envoie à l’université. Il paie ses études, lui donne une pension mensuelle. En contrepartie, elle doit lui envoyer chaque mois une lettre.
En quatre ans, elle ne le rencontre jamais. Au début, elle lui écrit très souvent. Au fil des ans, elle espace ses courriers, ce qui peut se comprendre : ce n’est pas très drôle d’envoyer des lettres qui restent constamment sans réponse.

C’est un roman épistolaire, ce qui est normal, mais ça m’a surprise… peut-être parce que le premier chapitre, étant écrit à la troisième personne, ne le laissait pas entendre.
Le personnage de Judy est sympathique. Elle se montre optimiste à la limite de l’exubérance. Elle est peut-être douée pour les études, mais elle n’est pas très maligne : j’ai rapidement compris le lien qui unit John Smith et Jervie Pendleton, alors qu’elle n’a rien calé.

La première moitié était plutôt chouette, je l’ai lu rapidement et j’avais envie de connaître le suite. La seconde moitié était plus ennuyante, il ne se passe pas grand chose et le peu d’événements intéressants, Judy n’a pas l’autorisation d’y aller ou elle résume énormément ou des fois, elle ne raconte rien si ce n’est qu’elle était là.
Je suis contente d’avoir lu ce roman et d’avoir le fin mot de l’histoire. Malgré ça, mon avis est mitigé : les lettres de Judy sont un peu chiantes, et ses dessins sont très moches. Ça s’est laissé lire.

ABC 2022 – Lettre W
23/26

Automne rayonnant
Le don des Merriwick (bienveillance, aider son prochain, relation)

Coupe des 4 maisons :
Photographie enchantée (3ème année – semaine compte double) – Un livre adapté au cinéma ou en série60 points

La joie de vivre – Émile Zola

Titre : La joie de vivre
Auteur : Émile Zola
Éditeur : Une oeuvre du domaine public
Nombre de pages : 512
Quatrième de couverture : Près d’Arromanches, dans la maison du bord de mer où ils se sont retirés après avoir cédé leur commerce de bois, les Chanteau ont recueilli Pauline, leur petite cousine de dix ans qui vient de perdre son père.
Sa présence est d’abord un surcroît de bonheur dans le foyer puis, autour de l’enfant qui grandit, les crises de goutte paralysent peu à peu l’oncle Chanteau, la santé mentale de son fils Lazare se dégrade, l’héritage de Pauline fond dans les mains de ses tuteurs, et le village lui-même est rongé par la mer. En 1884, lorsqu’il fait paraître ce roman largement autobiographique, le douzième des Rougon-Macquart, c’est pour une part ironiquement que Zola l’intitule La Joie de vivre.
Car en dépit de la bonté rayonnante de Pauline qui incarne cette joie, c’est l’émiettement des êtres et des choses que le livre raconte. Après Au Bonheur des Dames, grande fresque du commerce moderne, c’est un roman psychologique que l’écrivain propose à ses lecteurs, un roman de la douleur où les êtres sont taraudés par la peur de la mort face à une mer destructrice.

Je me suis enfin dégagé du temps pour continuer mon challenge Rougon-Macquart.
J’avoue que je ne m’attendais pas du tout à une telle histoire, c’était parfois long et d’autres, passionnant.

Les Chanteau acceptent de prendre sous leur toit leur nièce orpheline, Pauline. Ils ont un fils, Lazare, qui se passionne pour la musique. La nouvelle venue est gentille et pleine de vie malgré la perte de ses parents. Elle s’entend à merveille avec son cousin de dix ans son aîné dont elle s’éprend au fil des ans.
Pauline reçoit une rente mensuelle que madame Chanteau met de côté. Mais au bout de quelques années, les projets insensés de Lazare nécessitent des fonds que Pauline accepte de financer.
J’avoue que cette partie et ses conséquences sont prévisibles, tout comme la façon dont va évoluer le triangle amoureux entre Pauline, Lazare et Louise.

Pour les personnages, au début, j’aimais bien madame Chanteau, même si je trouvais qu’elle en faisait trop. Puis elle devient mauvaise à mesure qu’elle dépouille sa nièce. Son mari m’a laissée indifférente.
Par contre, j’ai détesté Lazare. C’est un gros connard… un égoïste, que ce soit avec sa cousine et Louise ou dans ses vaines tentatives de gagner sa vie.
Je ne savais pas trop quoi penser de Pauline dans les premiers chapitres, mais finalement, je l’adore, elle est trop gentille, lutte contre ses travers et se laisse malheureusement bouffer par les Chanteau.
Louise est différente, mais tout aussi attachante.

Ce qui m’a le plus étonné, ce sont les scènes où les personnages sont malades. Zola entre dans des détails… des descriptions physiques parfois dégoûtantes, mais la plupart du temps, j’avais envie de savoir comment ça allait finir pour les protagonistes. C’est bizarre, mais j’ai trouvé ça captivant.
Alors l’auteur a conservé sa manie de nous décrire les névroses de ses personnages et à la longue, ça devient un peu chiant. Ce sont les parties qui m’ont saoulée.

Les descriptions sont intéressantes et époustouflantes, la lutte de l’homme contre la mer m’a donné une sacrée claque. J‘ai beaucoup aimé cette lecture.

Challenge Rougon-Macquart : 12/20

 

Coupe des 4 maisons :
Beauxbâtons (3ème année) – un livre dont l’auteur est français 30 points

ABC 2022 – Lettre Z

La divine comédie, tome 1 : L’enfer – Dante Alighieri

Titre : L’enfer
Saga : La divine comédie, tome 1
Auteur : Dante Alighieri
Format : E-book
Nombre de pages : 225
Quatrième de couverture : Peut-on encore aujourd’hui aimer Francesca, être troublé par Ugolino, trembler aux tourments des damnés de la Comédie ? L’Enfer de Dante, poétique et médiéval, n’a-t-il pas pâli irréparablement auprès des Enfers tout proches, et actifs, que notre époque n’a pas encore fini, semble-t-il, de susciter ? L’imagination créatrice de Dante est si puissante, et si précise, qu’elle semble décrire par avance, parfois, l’inimaginable horreur moderne.
Le gigantesque entonnoir de l’Enfer, qui se creuse jusqu’au centre de la terre, est dépeint comme le réceptacle de tout le mal de l’univers, comme une sorte de sac où viennent s’engouffrer tous les noyaux, tous les atomes de mal épars sur la planète. Mais nous lisons aussi autre chose dans L’Enfer plus que le catalogue effrayant des péchés et des châtiments possibles, il correspond pour nous au départ de l’exploration, à la première étape du grand roman initiatique d’une civilisation qui est la racine de la nôtre.

Il y a de cela presque deux ans, je me suis décidée à lire la divine comédie : un roman d’une telle influence, c’était une hérésie de ne pas l’avoir lu plus tôt.
J’ai donc commencé avec une version en vieux français. L’édition Jean de Bonnot, très belle : couverture reliée (en cuir me semble-t-il) avec des dorures, une police sympathique, des images. C’était charmant au début, malheureusement, la lecture en est rapidement devenue laborieuse.
J’ai donc opté pour une version un peu plus moderne où le traducteur, Rivarol (traduction parue vers 1784) a fait le choix de ne pas traduire mot pour mot le texte, mais plutôt le sens global. Donc c’est plus compréhensible et moins fastidieux (ouf !), mais on perd la « mise en page » c’est-à-dire le côté chant et j’ai trouvé ça dommage.

Pour l’histoire, tout le monde la connaît : Dante rencontre Virgile qui lui propose de visiter l’enfer et ses neuf cercles. Il y rencontre des « célébrités » de son époque et aussi antérieure, qui lui racontent leur histoire où ce qui a entraîné leur chute. Au bout du chemin, Beatrix doit l’en faire sortir.

Il y 9 cercles en enfer où sont répartis les pêcheurs en fonction de leur crime, sauf que sur les derniers cercles, Dante triche un peu : si dans les premiers, les vices sont explicitement définis, ce n’est pas aussi clair dans les trois derniers, il a donc fallu les séparer – le 7ème en 3 tours, le 8ème en 10 vallées, le 9ème en 4 girons.
Je m’attendais à plus de descriptions pour cette lecture : il y en a quelques unes qui sont d’ailleurs prenantes au même titre que certaines actions (et là, je parle notamment de l’affrontement des démons qui fut certes bref mais intense), malheureusement, le plus souvent, c’est une vitrine de personnages historiques célèbres que Dante et Virgile croisent, avec qui ils discutent… des références historiques trop obscures pour qu’un non-historien s’y retrouve (dispute d’untel ou tel au Sénat, coup de pute de l’un à un autre, etc). J’ai repéré quelques évocations de personnages littéraires, mais là encore, pour beaucoup c’était trop pointu pour que je les reconnaisse tous alors que j’en connaissais certains (merci les notes).
En ce qui concerne les supplices, j’ai trouvé que Dante restait souvent bien trop vague : s’il n’y avait pas eu les notes pour les expliquer, je serai passé à côté. J’ai, par moment, eu l’impression de lire une ébauche de roman.

J’ai honte de l’avouer, mais je n’ai pas aimé cette lecture. Je me suis ennuyée… c’était très chiant. C’est dommage parce que le principe des 9 cercles est génial et les châtiments que Dante décrit (quand il le fait) correspondent bien au crime et certains font froid dans le dos.
Je me demande si le côté traduction « non littérale » ne m’a pas perdue. C’était peut-être plus compréhensible, mais ça perdait de son charme. Je me suis aussi souvent demandée au fil des pages si les références historiques floues ou trop pointues étaient du fait de Dante ou du traducteur qui au final s’est laissé emporté ? Mystère – et je n’ai pas le courage de relire la version vieux françois pour en avoir le cœur net.
En l’état, une question me taraude : pour le prochain, dois-je reprendre l’édition jolie ou renouveler l’expérience avec une traduite globalement ?