Les Âmes grises – Philippe Claudel

Titre : Les Âmes grises
Auteur : Philippe Claudel
Éditeur : Le Livre de Poche
Nombre de pages : 280
Quatrième de couverture : Nous sommes en 1917 dans une petite ville de province. Toute la société des notables est présente et tient son rôle. Le maire, le juge, le procureur, le flic, le médecin… tous font rouler depuis des années l’agréable train-train de la comédie sociale faite d’amicaux échanges. C’est curieux, même la Grande Guerre ne semble pas avoir bousculé les positions et les habitudes de chacun. Tout reste bien en place dans l’immuable tranquillité de la bourgeoisie sûre d’elle-même. Pourtant tout bascule lorsqu’une fillette de 10 ans est retrouvée morte dans l’eau. La petite Belle-de-Jour, comme on l’appelle. Tous la connaissent, elle servait au Rébillon, la seule brasserie restaurant du coin. « Bien, bien, bien… » reprend le juge, tout content d’avoir un meurtre, un vrai à se mettre sous la dent, un meurtre d’enfant en plus, et de petite fille pour couronner le tout. Dès lors, le soupçon gagne et rogne les âmes grises de nos notables. En premier lieu le procureur qui habite au château, juste à côté du lieu du meurtre…

Ça fait plus de 3 ans que j’ai ce roman dans ma pile à lire et jusqu’à présent, je n’avais pas pris le temps de le lire.
Première chose, je ne m’attendais pas à ça. Dans les avis que j’ai vu passer, on disait que ça se passait pendant la première guerre mondiale, donc j’imaginais un récit sombre, une histoire de guerre et de condition humaine. Or, ce n’est que le contexte, plus ou moins lointain.

Ce roman débute presque avec l’assassinat d’une fillette d’une dizaine d’années, trouvée à proximité du château du Procureur Destinat. L’enquête est menée, bâclée, pervertie par des considérations de castes,…

Ce fut une lecture compliquée de par la forme qu’a choisi l’auteur : ça part dans tous les sens… passé, présent et futur se mélangent sans séparation claire ; il y a beaucoup de personnages et le narrateur passe de l’un à l’autre en nous donnant moult détails sans intérêts avec les événements dramatiques qui frappent la commune.
Bref, il m’a perdu plus d’une fois. Au cours des soixante premiers pourcents, j’ai failli abandonner plus d’une fois. Par contre, une fois passé ce cap, c’est devenu passionnant. L’auteur se concentre vraiment sur l’intrigue et met en corrélation certains faits faits du début. Mais encore faut-il arriver à passer les 60%.

Je suis mitigée quant à cette lecture. Même si j’ai adoré la fin, le début fut trop laborieux pour que mon avis soit bon.

Les cerfs-volants de Kaboul – Khaled Hosseini

Titre : Les cerfs-volants de Kaboul
Auteur : Khaled Hosseini
Éditeur : France loisirs
Nombre de pages : 458
Quatrième de couverture : Dans les années 70 à Kaboul, le petit Amir, fils d’un riche commerçant pachtoune, partage son enfance avec son serviteur Hassan, jeune chiite condamné pour ses origines à exécuter les tâches les plus viles. Liés par une indéfectible passion pour les cerfs-volants, les garçons grandissent heureux dans une cité ouverte et accueillante. Ni la différence de leur condition ni les railleries des camarades n’entament leur amitié. Jusqu’au jour où Amir commet la pire des lâchetés…
Été 2001. Réfugié depuis plusieurs années aux États-Unis, Amir reçoit un appel du Pakistan. « Il existe un moyen de te racheter », lui annonce la voix au bout du fil. Mais ce moyen passe par une plongée au cœur de l’Afghanistan des talibans… et de son propre passé.

Je ne sais pas trop quoi dire à propos de cette lecture. J’en avais entendu beaucoup de bien et je confirme : il est vraiment bien.

C’est une histoire qui se déroule sur une trentaine d’années : des années 70 jusqu’à 2001.
Les personnages sont Afghans : donc on découvre leur vie avant et après.
Amir grandit avec Hassan, le fils de leur domestique Ali qui est le frère de lait de Baba, le père d’Amir, mais surtout un Hazara (ethnie méprisée par les autres Afghans).
Lors du traditionnel concours de cerfs-volants à Kaboul, un événement va frapper Amir et Hassan et les éloigner l’un de l’autre.
J’avoue que c’était un passage éprouvant et la suite l’est tout autant. Ça m’a mise en colère.

Puis on a droit à une ellipse de 5 ans : Baba et Amir fuit l’Afghanistan pour les États-Unis où ils s’installent. Qu’est devenu Hassan ?
En ce qui me concerne, j’étais tout aussi intriguée par les événements historiques que par le sort d’Hassan. Je ne me souvenais plus de ce qui s’était passé là-bas. En faisant des recherches, ça m’est revenu : les talibans montés au pouvoir, des images vues aux informations quand j’étais adolescente… par contre, j’ignorais qu’avant ça, les russes avaient envahi l’Afghanistan. Donc ça m’a permis de replacer cette histoire dans ma temporalité historique déficiente.

En ce qui concerne les personnages, je suis partagée. Ils sont attachants, mais Amir est décevant, du moins, tant qu’il vit à Kaboul. Par la suite, la vie se charge de rééquilibrer les forces.
Quant à Hassan, il est trop gentil et trop aimant envers Amir qui ne le mérite pas.

J’ai eu des moments où le récit était tellement passionnant que c’était compliqué de s’arrêter et d’autres où c’était tout aussi intéressant pourtant moins captivant. L’ambiance est prégnante, je pense que je vais avoir du mal à prendre du recul et à passer à la prochaine lecture.
J’ai adoré cette lecture.

Les immortalistes – Chloe Benjamin

Titre : Les immortalistes
Auteur : Chloe Benjamin
Éditeur : Le livre de poche
Nombre de pages : 512
Quatrième de couverture : À San Francisco, il pourrait exister pour lui-même. Et même s’il n’aime pas penser à ça, le moment est venu de se poser la question : et si la femme de Helster Street avait raison ? Cette simple éventualité prête une tout autre couleur à sa vie, et tout semble alors urgent, scintillant, précieux. New York, été 1969. Pour tromper l’ennui, les enfants Gold ne trouvent rien de mieux à faire que d’aller consulter une voyante capable de prédire avec exactitude la date de leur mort. Si Varya, Daniel, Klara et Simon veulent tous savoir de quoi demain sera fait, ils sont loin de se douter de ce qui les attend. Des années plus tard, hantés par la prophétie, ils vont faire des choix de vie radicalement opposés. Lorsque le premier d’entre eux trouve la mort à la date annoncée par la voyante, les trois autres craignent le pire. Doivent-ils prendre au sérieux cette prémonition ? N’est-ce la puissance de l’autosuggestion qui pousse les Gold à faire des choix qui les conduisent irrémédiablement vers leur mort ?

J’ai eu ce livre suite à ma commande d’une box la Kube. C’est donc une libraire qui m’a choisi cette lecture en fonction d’un texte que j’avais rapidement rédigé.
Je dois dire que je ne m’attendais pas à une telle lecture ! C’était passionnant (du moins le début).

On suit quatre personnages issus d’une même famille. On commence le bouquin par une scène qui les marquera : enfants, ils vont voir une voyante qui les prend un à un et leur prédit le jour de leur mort.
Puis on reprend 10 ans après avec le décès de leur père. Leur mère perd la boule et le plus jeune, Simon qui est encore lycéen, se voit déjà prendre soin d’elle alors que ses frères et sœurs se carapatent. Quand son aînée, Klara, lui propose de l’accompagner à San Francisco, c’est l’opportunité pour lui de vivre sa vie sans risquer le jugement de ses proches.
Donc c’est ce qu’il fait : brûler la chandelle par les deux bout. Et comme ça se passe de 1978 à 1982, je n’ai eu aucun mal à anticiper ce qui allait lui arriver.

Puis on suit Klara qui n’a pas une vie conventionnelle. Son rêve est de devenir magicienne et elle se lance dedans à corps perdu. Elle galère toute seule avant d’être aidée par Raj, un gars que Simon et elle ont rencontré à leur arrivée à San Francisco.
Mais sa vie n’en est pas plus facile.
Simon et Klara ont vécu avec une épée de Damocles au-dessus de leur tête : la voyante leur a prédit une vie courte donc ils ne se préservent pas.

Daniel finit également par péter un câble… pourtant, il a une vie relativement tranquille : il est médecin pour l’armée, marié à Mira qu’il aime et sa mère Gertie vit avec eux. D’ailleurs, il y a tellement peu de rebondissements et c’est un personnage si peu profond que sa partie est la plus courte des quatre.

Quant à Varya, elle est aussi atteinte que les autres. Sa vie est régie par ses TOCs. Dans les trois premières parties, elle est quasiment inexistante, un personnage difficile à appréhender, presque une inconnue donc j’ai eu un peu de mal à me faire à sa partie et je ne sais pas si j’ai aimé découvrir. Elle était plus intéressante que celle de Daniel, mais beaucoup moins intense que celles de Klara ou Simon.
Je pense que j’espérais mieux de cette dernière partie : un récit fort, résilient… c’est quand même la seule survivante. Mais je n’ai pas réussi à croire en elle et son histoire… un peu comme celle de Daniel. Elle est aussi cabossée que les autres, mais j’ai trouvé que ça manquait de profondeur et donc ça sonnait faux… je pense que c’est ça qui m’a bloquée.

J’ai relevé quelques incohérences scénaristiques et historiques qui m’ont fait grincer des dents :
– Klara dit au début que la voyante a annoncé sa mort à ses 31 ans (je me suis dit que c’était important, donc je me suis obligée à la retenir), et quand Daniel rapporte ses propos (alors ok, 30 ans ont passé, il a pu confondre) il dit que c’était annoncé pour ses 32 ans.
– dans l’histoire de Klara, la date du 20 décembre est donnée, sa grande première est quatre jours après. Le soir de la première, minuit arrive et une nouvelle année commence ! Hein ?
– les Costellos sont arrivés en Floride en 1930, ils ont dû fuir l’Italie à cause de Hitler… euh, non… pas en 1930. A cette date, qu’ils aient fui à cause de Mussolini, d’accord, mais pas Hitler… il n’est chancelier qu’en 1933.
L’autrice a vraiment des problèmes avec la temporalité.
D’accord, je chipote un peu, il n’y a que trois soucis sur 500 pages, c’est raisonnable, mais j’ai tellement aimé le début que ça m’a exaspérée.

J’ai parlé des personnages et de leur parcours. Qu’en est-il de l’intrigue ? Ça passe bien. Ça n’a rien de transcendant, mais ça ne m’a pas empêché d’avancer super vite.
J’ai apprécié le concept à la Matrix : quand la voyante dit à Néo que ce n’est pas grave pour le vas, en regardant autour de lui, il fait tomber le vase qui se casse et la conclusion est : est-ce qu’il l’aurait fait tomber si elle ne lui avait pas dit que ce n’était pas grave.
Là, c’est pareil, est-ce qu’ils auraient eu cette vie avec une telle fin si la voyante ne leur avait pas prédit la date de leur décès ? Je suis persuadée que non.
Bon, j’ai fait une longue chronique, je vais donc m’arrêter là et conclure : si la première moitié du roman a été un coup de cœur, la deuxième est moins passionnante, j’ai pourtant aimé ce roman en intégralité.

Écoute le rossignol – Lucy Strange

Titre : Écoute le rossignol
Auteur : Lucy Strange
Éditeur : Castelmore
Nombre de pages : 350
Quatrième de couverture : Henrietta, surnommée Henry, emménage dans une grande maison à la campagne avec sa famille, qui est sens dessus dessous après un événement dramatique. Henry, esseulée, entreprend d’explorer les environs comme les héros de ses livres Alice au Pays des Merveilles et Moogli. Dans le bois d’à côté, elle rencontre Phalène, une dame étrange, qui malgré son allure de sorcière va devenir son amie et l’aider à sauver sa famille…

J’ai acheté cet e-book lors d’une opallstars, mais ne me demandez pas laquelle, je serai incapable de répondre.
En tout cas, la couverture et le résumé me bottait bien.

Henrietta vit à Hope House avec sa famille depuis peu. L’année précédente, le frère de l’héroïne est décédé, un drame qui a détruit les membres de la famille Abott :
– la mère a sombré. Au bord de la folie, elle est soignée par l’incompétent docteur Hardy qui la bourre de cachetons et rêve de la faire interner.
– le père, incapable de supporter la situation, fuit à l’étranger pour le travail et laisse Nanny Jane s’occuper de tout.
– Henrietta est prise au milieu de tout ça, à deux doigts de finir comme sa mère… ou pas.
– Porcinette, le bébé né peu après la mort de son frère, est la plus heureuse, jusqu’à ce que…

La première moitié de cette lecture m’a paru longue. Le contexte est placé et la situation exposée, mais ça aurait pu être plus court. Mais c’était peut-être fait exprès et ça a probablement participé à ce que la suite soit bien plus intéressante : on a eu le temps de s’attacher aux membres de la famille Abott et certains personnages secondaires, à en détester d’autres, de vivre pleinement les émotions qui assaillent Henrietta du haut de ses 10-12 ans, etc.

Par contre, j’ai dévoré la seconde partie. En deux jours, c’était plié tant j’étais imprégnée des événements et du ressenti de notre héroïne. Et puis, j’avais envie de savoir si cette famille s’en sortirait et comment.
Niveau scénario, il ne se passe pas grand-chose, mais étonnamment, ça n’empêche pas le récit d’être dense et l’atmosphère qui s’en dégage entêtante.

J’arrive sur mon lieu de formation, je vais donc abréger : malgré un début longuet, j’ai beaucoup aimé cette lecture.

Take care of cinnamon homes
(Foyer, famille)

Le garçon dans la lune – Kate O’Riordan

Titre : Le garçon dans la lune
Auteur : Kate O’Riordan
Éditeur : Folio
Nombre de pages : 354
Quatrième de couverture : Mariés depuis dix ans, Julia et Brian traversent une crise conjugale en demi-teinte.
Julia s’interroge avec causticité sur la personnalité de l’homme qu’elle a épousé. Pourquoi lui semble-t-il si souvent impassible devant certains événements de la vie quotidienne ? Leur fils Sam, sept ans, est un enfant sensible et enclin à la rêverie qui voit dans la lune un petit garçon qui pleure. Lors d’un week-end, ils quittent Londres pour rendre visite au père de Brian en Irlande. Un drame affreux survient, qui se soldera par l’échec de leur union.
Julia pourtant décide d’aller vivre chez son beau-père, un homme tyrannique. En lisant des carnets dérobés, rédigés par la mère de Brian depuis décédée, elle ressuscite le secret qui étouffe les membres de la famille.

J’ai eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire. J’ai trouvé la première moitié de ce roman laborieuse en raison des personnages. Ils sont chiants… enfin, c’est surtout leur relation qui est pénible.

Julia est super désagréable avec son époux Brian qui l’exaspère, et hyper protectrice envers leur fils Sam, sauf qu’elle ne fait rien pour garantir sa sécurité, elle ne fait qu’engueuler Brian parce qu’il se montre flegmatique.
Quand un drame les frappe, le couple explose. Elle va vivre chez son bourru de beau-père où elle gagne la paix nécessaire pour se reconstruire. Quant à lui, il reste dans leur maison et se laisse mourir.
On découvre les secrets de cette famille. Comment Brian a-t-il pu passer de ce gamin protecteur à cet homme imprudent ? Pourquoi Julia se sent obligée d’être aussi acariâtre ?

Une fois que l’histoire et le contexte ont été bien en place, ma lecture est devenue plus intéressante. Je suis parvenue à m’attacher un peu aux personnages, à certains plus que d’autres. On navigue entre présent et passé et ça m’a vraiment plu.
La seule chose qui m’a saoulée, ce sont les passages où le colley apparaît. Je les ai trouvés flous… il venait de nulle part. Est-ce que c’est le chien de Jeremiah ? Si non,  qui est ce chien ? D’où vient-il ?

Malgré un début difficile, j’ai bien aimé cette lecture. L’ambiance est entêtante et je pense que j’aurais du mal à me la sortir de la tête.