Titre: La Tombe des Lucioles suivi de Les Algues d’Amérique
Auteur: Akiyuki Nosaka
Éditeur: Picquier poche
Nombre de pages: 140
Quatrième de couverture: C’est avec ces deux récits admirables et particulièrement bouleversants, couronnés en 1968 par le prix Naoki, l’une des plus hautes distinctions littéraires, que Nosaka conquit la notoriété. Peu de temps auparavant, Mishima avait applaudi à son premier roman : “Les Pornographes“, roman scélérat enjoué comme un ciel de midi au-dessus d’un dépotoir. La Tombe des lucioles, visionnaire et poignant : l’histoire d’un frère et d’une soeur qui s’aiment et vagabondent dans l’enfer des incendies tandis que la guerre fait rage et que la faim tue. Voici une prose étonnante, ample, longue, proustienne dans le sens qu’elle réussit à concentrer en une seule phrase des couleurs, odeurs et dialogues, mais prose très violente, secouée de mots d’argot, d’expressions crues, qui trouvent ici une beauté poétique et nouvelle, d’images quasi insoutenables – prose parcourue d’éclairs.
Il y a quelques mois, AnGee du blog Le Livroscope a annoncé qu’elle présenterait en janvier des articles ayant pour thème Le Japon. J’étais bien tentée de participer pour l’occasion. J’aurai aimé être plus active: lire davantage de livre en relation avec le Japon et écrire plus de chroniques, mais le mois de janvier n’est décidément pas mon mois et le temps me manque cruellement.
Du coup, je me suis lancée dans une relecture de La Tombe des Lucioles, j’ai lu la nouvelle qui suivait Les Algues Américaines que j’ai pu découvrir, ne l’ayant pas lu la première fois… (je me demande d’ailleurs pourquoi!><‘).
J’en ai profité pour faire quelques recherches sur l’auteur Akiyuki Nosaka.
Et j’ai bien entendu revu l’animé Le Tombeau des Lucioles.
Il se fait tard, donc sans plus attendre, je vous laisse découvrir mon article. Bonne lecture !
Mon avis:
La Tombe des Lucioles:
Je l’avais lu il y a déjà bon nombre d’années, et cela faisait longtemps que je tenais à tenter une relecture. Je viens de le terminer. J’ai autant aimé que la première fois si ce n’est plus.
L’histoire est celle de deux orphelins Seito et Setsuko qui tentent de survivre lors de l’été 1945 lorsque le pays était en proie au bombardement américain. Ils arrivent à se débrouiller tant bien que mal, enfin, tant mal que bien, devrais-je dire et attendent le retour de leur père, capitaine dans la marine japonaise.
Cette œuvre est semi-autobiographique, l’auteur s’est inspiré en grande partie de ce qu’il a lui-même vécu et le rendu est saisissant. Le récit est particulièrement émouvant, mêlant dialogues et narrations sans réelle mise-en-page; ils se suivent parfois pêle-mêle donnant une sensation d’essoufflement, de rapidité d’action mais aussi d’épuisement.
J’aime énormément cette nouvelle, mais il faut bien l’avouer, c’est harassant émotionnellement parlant. Je me suis mise sans soucis dans la peau des personnages, j’ai souffert avec eux et j’ai été malmenée du début à la fin, pourtant, j’ai adoré ça.
Les Algues d’Amérique:
Je ne suis pas certaine d’avoir aimé cette nouvelle.
J’ai eu beaucoup de mal à m’y faire, l’atmosphère change énormément par rapport à La Tombe des Lucioles, c’est beaucoup moins sombre.
Voici un petit résumé: Kyoko a rencontré un couple d’Américain lors de son voyage à Hawaï avec son fils Kei.Ichi. Pour les remercier de leur gentillesse, elle les invite à leur rendre visite au Japon ce qui déplaît fortement à son mari Toshio pour qui l’après-guerre et l’occupation américaine l’ont énormément marqué. On a alors droit à certains de ses souvenirs.
Au fur et à mesure de ma lecture, j’ai trouvé que le thème faisait écho à la nouvelle précédente, on a quelques souvenirs de l’été 1945 mais vu différemment que dans la Tombe des Lucioles.
C’était d’autant plus intéressant que je ne connaissais pas grand chose de cette période et finalement, je comprends nettement pourquoi les vieux japonais n’aiment pas les étrangers qui parlent anglais, même si ça ne remonte pas qu’à cette période, j’imagine aisément qu’elle n’a certes pas aidé.
Le point qui m’a particulièrement déplu et qui joue beaucoup dans mon indécision est probablement le désordre dans lequel sont contés les souvenirs de Toshio: ça part dans tous les sens, un coup on se retrouve lors de l’occupation américaine, retour au présent, souvenir du protagoniste à son travail sans vrai repère temporel, retour au présent, etc… Et parfois sans transition ce qui fait qu’on peut mettre quelques lignes à réaliser qu’on est de nouveau au présent.
Du coup, ça donne une désagréable sensation de fouillis.
Je n’ai donc pas trop accroché, même si la fin est finalement bien plus intéressante à partir du moment où les Higgins arrivent.
L’auteur Akiyuki Nosaka:
J’avais très envie d’en connaître davantage sur cet auteur que j’ai découvert avec la Tombe des Lucioles et prévu de découvrir encore davantage au courant de cette année 2014; pour ce faire, j’ai fait de nombreuses recherches appuyées par l’avant-propos de Patrick De Vos.
Nosaka est né le 10 octobre 1930 à Kamakura, au Japon. Suite au décès de sa mère peu après sa naissance, son père le confie à une famille d’adoption qui malheureusement meurt lors d’un bombardement de l’été 1945. Il doit alors s’occuper de sa petite sœur et survit comme il peut. Lorsque cette dernière décède de malnutrition, il s’en sort grâce à différents larcins et trafics.
Il est pris et finit en maison de correction ou son père, gouverneur d’une province, le retrouve.
Il peut alors vivre normalement et faire des études qu’il abandonne très vite, d’ailleurs. Il passe de petits boulots en petits boulots pour en fin de compte, finir parolier, scénariste, journaliste, romancier, mannequin de mode, etc… Il se présente même en tant que Sénateur en 1983, est élu mais démissionne quelques mois plus tard pour se présenter aux législatives (qu’il perd) de Niigata,terre de ses ancêtres.
Le premier roman qui le rendit célèbre est Les Pornographes en 1963, un livre que j’ai également et que je compte lire dans les mois à venir.
Le Tombeau des Lucioles:
C’est un animé que j’ai toujours beaucoup de difficultés à regarder. Non pas qu’il ne soit pas bien, au contraire, je le trouve très beau, mais en même temps, terriblement triste. Je souffre toujours beaucoup lorsque je le visionne, principalement parce qu’il est en grande partie autobiographique.
C’est un animé des studios Ghibli, réalisé par Isao Takahata et sorti en 1988.
Je dois dire que 15 ans après, il a très bien vieilli. L’animation est de très bonne qualité, je connais des dessins animés plus récents qui sont nettement moins bien animés. Le seul bémol qu’on pourrait émettre est que les couleurs sont peut-être encore trop vives pour le contexte, surtout les habits des protagonistes qui ne font décidément pas assez sales vue leur condition de vie.
Les personnages sont attachants, particulièrement la jeune Setsuko, je trouve les expressions de son visage atrocement et douloureusement réaliste. Seita est jeune et se débrouille comme il peut et on ne peut malheureusement pas dire qu’il reçoit beaucoup d’aide de son entourage. Il suffirait que sa si “sympathique” tante soit juste suffisamment douce avec sa petite sœur pour permettre à ce jeune adolescent de la lui laisser pour aller gagner sa croûte, mais non.
C’est loin d’être la première fois que je vois ce film, mais chaque fois, mon petit cœur se brise. L’histoire m’a laissé un goût amer dans la bouche. Que ce soit le début ou la fin. J’ai trouvé la situation dans laquelle se trouve ces deux enfants révoltante, et le fait de savoir qu’il est en partie autobiographique rend cette œuvre encore plus insoutenable.
Lorsque j’ai éteint mon écran, j’étais tellement mal que je me suis couchée tout de suite. Malgré cela, je sais que je le reverrai un de ces quatre parce que c’est probablement un de mes animés préférés, et cette fois encore, je mettrai de la distance entre les deux visionnages.
De plus, j’ai appris qu’il existait un film live sorti en 2005.
Le rôle de Seita est joué par Reo Yoshitake, quant à Setsuko, elle est interprêtée par Rina Hatakeyama. Si je ne suis pas certaine que l’acteur masculin soit bien choisi (mais je ne jugerai pas, n’ayant vu que des images du film), l’actrice est le portrait craché de son personnage dans l’animé. C’en est effrayant !
Je suis assez partagée quant à ce film: j’aimerai beaucoup voir ce que ça donne, mais en même temps, si l’animé me retourne déjà tellement l’estomac, je ne suis pas certaine que voir la version live soit une bonne idée. Peut-être que si je le trouve, je serai plus motivée à le visionner, je verrai le moment venu.
Bon, de ce que j’en ai vu sur un des forums, le film est encore plus émouvant que le dessin animé… Gloups…
Par rapport au livre, j’ai particulièrement apprécié la concordance entre les deux supports. On retrouve un nombre relativement important de dialogues communs. A l’exception peut-être du langage de Seita qui est bien moins haché syllabiquement parlant dans le film (ex.: “Ç’a pas d’importance, on ira ou qu’on veut. J’t’accompagnerai, j’te dis”). Bizarrement, il parle nettement mieux dans l’animé.
Et je conclurai en disant que j’aime autant l’un que l’autre: j’ai trouvé la nouvelle La Tombe des Lucioles très courte, pourtant très dure, peut-être plus que le film parce que les rares sarcasmes du narrateur m’ont encore davantage révulsé quant à la situation des protagonistes.