Titre: La terre qui penche
Auteur: Carole Martinez
Éditeur: Gallimard
Nombre de pages: 360
Quatrième de couverture: Blanche est morte en 1361 à l’âge de douze ans, mais elle a tant vieilli par-delà la mort! La vieille âme qu’elle est devenue aurait tout oublié de sa courte existence si la petite fille qu’elle a été ne la hantait pas. Vieille âme et petite fille partagent la même tombe et leurs récits alternent.
L’enfance se raconte au présent et la vieillesse s’émerveille, s’étonne, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l’y attend.
Veut-on l’offrir au diable filou pour que les temps de misère cessent, que les récoltes ne pourrissent plus et que le mal noir qui a emporté sa mère en même temps que la moitié du monde ne revienne jamais?
Par la force d’une écriture cruelle, sensuelle et poétique à la fois, Carole Martinez laisse Blanche tisser les orties de son enfance et recoudre son destin. Nous retrouvons son univers si singulier, où la magie et le songe côtoient la violence et la truculence charnelles, toujours à l’orée du rêve mais deux siècles plus tard, dans ce domaine des Murmures qui était le cadre de son précédent roman.
Cette année, j’ai pu participer aux matchs de la rentrée littéraire organisée par #Priceminister (#MRL15) qui ont accepté ma candidature. Je les en remercie énormément ainsi que Gallimard pour la confiance qu’ils ont placée en moi.
Ce roman était mon premier choix : j’avais déjà lu Du Domaine des Murmures de Carole Martinez et cela avait été un coup de cœur, j’avais donc très envie de découvrir un autre roman de cette auteure et ça a été un plaisir de retrouver sa plume, un style d’écriture toujours aussi beau et poétique.
Le gros plus pour La terre qui penche, ce sont les différentes chansons ou bribes de chants médiévaux qui parcourent les pages et se mélangent tout naturellement au récit. Je me suis demandée plus d’une fois si elles avaient réellement existé ou si c’était une invention de l’auteure : j’ai eu ma réponse dans une note finale à ce sujet, et j’ai aimé cette précision.
Deux récits se chevauchent dans le temps mais sont séparés en chapitres, pas forcément alternés : la petite fille et la vieille âme. Celui de la fillette, Blanche, se cantonne à une narration directe, on la suit, on découvre le Domaine des Murmures à ses côtés. Oui, vous avez bien entendu, l’histoire se situe dans la même région que lors du roman précédent de Carole Martinez, seulement, cela se passe deux cents ans après le réclusion d’Esclarmonde – elle est évoquée une ou deux fois et j’ai adoré ça, on y découvre la Loue et les environs différemment.
Le récit de la vieille âme, qui est en réalité l’âme de Blanche ayant traversé les ans, est plus ouvert que celui de la petite fille tout en restant mystérieux histoire de ne pas en dévoiler trop : grâce à elle, on en apprend davantage sur le passé de certains personnages, des lieux également, de la mort et sa basse besogne, etc.
Deux visions aussi semblables que différentes qui rendent ce roman extrêmement intéressant.
Je me suis beaucoup attachée aux personnages que ce soit Blanche, Aymon, Eloi et même la monture Bouc m’a émue. Ils ont tous été travaillés jusque dans les moindres détails aussi bien les principaux que les secondaires. Certaines scènes m’ont faite vibrer : j’ai serré les dents de nervosité, retenu mes larmes de tristesse, eu mal au ventre d’inquiétude et d’angoisse. Bref, je suis passée par tout un tas de sentiments, je me suis sentie malmenée puis consolée – j’apprécie ça dans mes lectures.
J’ai adoré La terre qui penche et même lorsque certains passages étaient un peu longs, il a suffit de me laisser bercer par le poétique de la narration. Je pense avoir des difficultés pour passer à une autre lecture tellement l’univers des Murmures est entêtant.