La Voleuse de Livres – Markus Zusak

la voleuse de livres -Markus ZusakTitre: La Voleuse de Livres
Auteur: Markus Zusak
Éditeur: POCKET
Nombre de pages: 633
Quatrième de couverture:
Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité. Liesel Meminger y est parvenue. Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s’est arrêtée. Est – ce son destin d’orpheline dans l’Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ou bien sa force extraordinaire face aux événements ? A moins que ce ne soit son secret… Celui qui l’a aidée à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres…

J’ai lu ce livre dans le cadre du challenge ABC 2014. Comme je n’étais pas la seule à devoir le lire dans ce cadre, j’en ai profité pour faire une LC (Lecture Commune) avec Nymou du blog Rossignol Livresque, ma première véritable LC 😀
J’ai adoré ce partage: on s’était fixé des parties à lire chaque jour et on se retrouvait pour en discuter. Au début, nos plannings respectifs ont perturbé nos discussions, les lectures se faisaient au dernier moment et du coup, on n’avait pas beaucoup de temps pour en discuter mais dès qu’on a pu partager nos avis un peu plus, ça a juste été géniale, surtout la dernière phase qu’on a lu en simultané pour pouvoir mieux en discuter à la fin de chaque partie.

Parlons davantage de ce livre. J’ai adoré cette lecture.
La voleuse de livre - PocketAu début, j’ai bien cru que ce serait un coup de cœur, ce n’en est pas loin mais finalement non. J’ai trouvé le commencement très original dans la façon de conter l’histoire: la mort qui raconte la vie de Liesel Meminger ce n’est absolument pas une surprise puisque c’est annoncé jusque sur la couverture mais j’ai aimé ce personnage de la mort (elle me fait d’ailleurs un peu penser à Mortimer des Annales du Disque-Monde avec un côté nettement moins sarcastique quand même). Au début, elle a une façon très poétique de s’exprimer: lier les couleurs aux personnes et aux morts, j’ai trouvé ça très beau; il en va de même pour un certain nombre de métaphores aussi parlantes que splendides. Par contre, c’est dommage que cela ne se poursuive pas tout le long du livre: les allusions au ciel et ses couleurs se poursuivent mais ce n’est pas le cas pour les métaphores qui me faisaient lever le nez de ma page pour mieux me les imaginer.

L’histoire en elle-même est vraiment belle. Le contexte relativement sombre quand même (Seconde Guerre Mondiale oblige); ç’aurait pu l’être davantage, mais c’est par moment bien suffisant.
Il est à noter que dans beaucoup de livre traitant du sujet de l’Allemagne de 38-45, on suit le calvaire des déportés, on oublie que pour la population allemande, ce n’était pas la panacée: il fallait s’entendre au mieux avec ses voisins, surveiller ce que tu disais, faire attention à ce que tu faisais et à la moindre mauvaise interprétation, tu pouvais finir sur le front russe, dans la LSE (Luftswaffe Sondereinheit – Unité spéciale contre les raids antiaériens ou les ramasseurs de cadavres comme c’est si bien expliqué dans le livre), etc… Sans compter la famine qui touchait les plus pauvres.
Dans ce cadre, je n’avais lu que l’ami retrouvé de Fred Uhlmann et le contexte en était quand même tout autre.

J’ai beaucoup aimé les personnages.
La mort est touchante, pas la bête faucheuse qui prendrait du plaisir à ce qu’elle fait, une créature qui fait ce qui doit être fait mais qui semble compatir au décès des hommes, qui est touchée par leur vie autant que par les accidents les menant dans ses bras et surtout le plus important: elle est respectueuse des corps.
La voleuse de livres - PKJLiesel est sûrement celle qui m’a le moins touché: elle est gentille, douce, souffre de la perte de son frère et de la séparation d’avec sa mère mais j’ai trouvé que c’était le personnage le moins abouti contrairement aux autres où en peu de mots beaucoup de choses sont exprimées, alors que c’est quand même elle qu’on voit le plus.
Hans Hubermann est juste génial ! Il est très doux, compréhensif, aimant, aimable, généreux au possible et c’est cette générosité qui le rend si attachant.
Rosa Hubermann: avec elle, j’ai eu énormément de mal au début. Elle est rude, relativement vulgaire (Saumensch par-ci, Saukerl par-là, Arschloch -j’adore ce gros-mot, pour moi, il évoque mon enfance, le nombre de fois où mon papa nous traitait affectueusement mon frère et moi d’Orshloch, en Alsace ça se prononce avec un « O »). Donc Rosa, un personnage haut en couleur qui a bien du mal à exprimer ses sentiments et se cache comme elle peut derrière sa rudesse, mais une femme avec un cœur gros comme ça, il suffit de la voir en cas de crise, avec Max ou même parfois et de plus en plus au fil des pages avec Liesel. J’ai été particulièrement émue par leur relation.
Max m’a laissé indifférente, c’est dommage en raison de son rôle dans l’histoire.
Rudy Steiner: si je n’ai pas accroché au début avec lui, j’ai appris à le connaître au fil des pages et à l’apprécier grandement.

Bref, je crois que j’en ai assez parlé, j’ai donc adoré ce roman, à la limite du coup de cœur et je ne peux que vous le conseiller si vous avez envie de vibrer avec les personnages, vivre l’angoisse de cette guerre, pleurer et rire (ou au moins sourire) avec eux.

Je passe à 3/26
challenge-bannièreABC2014-complet

Autobiographie d’une courgette – Gilles Paris

Autobiographie d'une courgette - Gilles ParisTitre: Autobiographie d’une Courgette
Auteur: Gilles Paris
Éditeur: J’ai Lu
Nombre de pages: 255
Quatrième de couverture:
Elle ressemble à une poupée de chiffon toute molle et ses yeux sont grands ouverts. Je pense aux films policiers où des tas de femmes se font tuer et après elles ressemblent à des tas de chiffons toutes molles et je me dis « c’est ça, j’ai tué maman ».
Ainsi commence l’aventure d’Icare, alias Courgette, un petit garçon de neuf ans qui tue accidentellement sa mère alcoolique d’un coup de revolver. Paradoxalement, la vie s’ouvre à lui après cette tragédie, et peut-être même un peu grâce à elle. Placé dans un foyer, il pose avec une naïveté touchante son regard d’enfant sur un monde qu’il découvre et qui ne l’effraie pas. De forts liens d’amitié se créent entre lui et ses camarades. Et puis surtout, il tombe amoureux de Camille…

Je viens de le finir pour la Lecture Commune de Le Cercle de Critiques Littéraire des Lecteurs Economes pour le mois de juin. Il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour le finir malgré un emploi du temps surchargé.

Je suis assez partagée quant à mon avis sur ce livre.
D’un côté, j’ai bien aimé: le personnage principal est particulièrement attachant d’autant plus que la narration est à la première personne, on a vraiment la sensation d’avoir affaire à un enfant de plus ou moins 9 ans (certaines réflexions me font me questionner quant à la maturité du protagoniste): il a la naïveté, la franchise et la fraîcheur d’un enfant. Il m’est arrivé plus d’une fois de sourire ou même d’éclater de rire lors de certaines scènes.
D’un autre côté, c’est cette narration à la première personne qui m’a bloqué et m’a empêché d’aimer cette œuvre touchante. On a vraiment l’impression de se retrouver face au discours d’un enfant mais malheureusement (et c’est LE gros point noir) comme chaque histoire conté par un enfant, le récit est truffé de « et… et… et… et puis… et… ». C’est pas que ça me dérange d’avoir 5 « et » dans une phrase, mais quand même un peu.
Mais soyons honnête, c’est quand même très impressionnant d’avoir réussi à se placer dans l’esprit de Courgette, garçon de 9 ans, de parler comme un gamin de son âge l’aurait fait. Tout aussi impressionnant de maintenir ce style du début à la fin sans ciller. Mais malgré cela, ça reste assez fatigant… Imaginez lire le triste récit de la vie d’Icare et d’un foyer sur 255 pages avec des mots d’enfants! Épuisant! On cherche juste le bouton OFF; là, heureusement quand c’est trop, on peut fermé le livre et faire une pause.

autobiographie-courgette

Ce que j’ai aussi bien aimé, hormis les personnages (parce qu’ils sont tous à leur manière attachants), c’est la sensation par moment de redevenir enfant. En effet, plus d’une fois, les réflexions que peut se faire Courgette, je me les étais souvent faites enfant: dans ma famille, on utilisait beaucoup le langage imagé et il m’est arrivé plus d’une fois de vouloir les prendre au pied de la lettre, essayant de m’imaginer d’où elles pouvaient venir, quel en était leur origine en partant du principe qu’elles devaient avoir un sens pragmatique. Je pense qu’on a tous eu ce genre de pensées, des pensées qu’on a oublié en devenant ces « grandes personnes -qu’il- faudrait […] secouer pour faire tomber l’enfant qui dort à l’intérieur ».
Un charmant retour en enfance.

Bref, je reste sur ma position mitigée: sympa mais sans plus.

Le Cercle de Critiques Littéraires des Lecteurs Economes

Lecture du mois de juin avec Le Cercle de Critiques Littéraire des Lecteurs Économes, voici d’autres avis qui y ont participé:
Obsédée par la lectureAu rendez-vous littéraire

Le Parfum – Patrick Süskind

Résumé: Au XVIIIe siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus horribles de son époque. Il s’appelait Jean-Baptiste Grenouille. Sa naissance, son enfance furent épouvantables et tout autre qui lui n’aurait pas survécu. Mais Grenouille n’avait besoin que d’un minimum de nourriture et de vêtements et son âme n’avait besoin de rien. Or, ce monstre de Grenouille, car il s’agissait bien d’un genre de monstre, avait un don, ou plutôt un nez unique au monde, et il entendait bien devenir, même par les moyens les plus atroces, le Dieu tout puissant de l’univers, car  » qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le cœur des hommes « .
C’est son histoire, abominable… et drolatique qui nous est racontée dans Le Parfum, un roman qui, dès sa parution, eut un succès extraordinaire et est devenu très vite un best-seller mondial.

Décevant. Horriblement décevant.
Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour lire, mais je me suis accrochée. Maintenant que j’ai fini, je regrette de m’être acharnée pour un tel résultat. J’ai vraiment la sensation désagréable d’avoir perdu mon temps. Ne reste que le sentiment de soulagement d’avoir fini pour passer à autre chose.
Dans la suite, je détaille partie par partie ce qui m’a plut ou déplut, donc peut-être à éviter si vous ne l’avez pas lu ou voulez le lire par la suite.
Décevant, je l’ai déjà dit. Pourtant, ça avait bien commencé. La première partie était telle que je me l’imaginais: la naissance d’un être effrayant, son évolution à travers un monde qui ne lui ressemble pas et qui craint sa monstrueuse différence. Ça reste sobre au début, mais on sent bien qu’à mesure qu’on avance dans les chapitres, ce sera davantage développé. On apprend à connaître les personnages qui gravitent un temps autour du protagoniste et qui l’aident à survivre où à développer ses talents. Ok, je me serais bien passé des 5 chapitres  et de la trentaine de pages qui décrivent le maitre parfumeur, C’aurait très bien pu tenir en 1 chapitre et en une dizaine de pages maximum, mais non, tant pis !. Bon, j’en prends mon parti, ce n’est pas très grave finalement parce que c’est quand même un personnage important mais alors quand on arrive à la fin de la première partie pour apprendre qu’on en entendra plus parler, on a juste l’impression d’avoir perdu son temps. Mais comme j’ai dit que j’en prenais mon parti, voyons les choses positivement: c’est comme dans la vie, on croise des gens qui nous apportent des choses où qui ne nous apportent rien, et un jour, ils disparaissent de notre vie et on ne regrette pas forcément de les avoir croisé, là, c’est pareil.
On arrive enfin à la seconde partie. Juste une envie de me pendre. J’ai lu les pages les unes après les autres en me demandant quand est-ce que ce délire finirait. Bon, finalement, j’en suis arrivée à bout en me disant que la finalité de cette partie-là était que Grenouille -le personnage principal- avait fini par se découvrir un peu plus et surtout découvrir son manque d’odeur, et l’horreur que cela provoque chez les autres, mais aussi chez lui. Bref, ça n’a été totalement une si grande perte de temps: S’il y a bien un moment important dans la vie du personnage, c’est bien celui-là.
La troisième partie: on replonge rapidement dans le monde humain avec l’arrivée de Grenouille dans le sud. Et là, c’est redevenu aussi bien que dans la première partie avec l’apprentissage de nouvelles techniques de parfumerie et le perfectionnement de son art et talent de parfumeur. O en vient ENFIN au moment tant attendu et annoncé dans le résumé: ce monstre de Grenouille […] entendait bien devenir, même par les moyens les plus atroces, le Dieu tout puissant de l’univers, car  » qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le cœur des hommes « . Bref, depuis  le début, on sait très bien qu’il va finir par s’approprier une odeur envoutante humaine et il commence par les animaux, forcément, il faut bien commencer quelque part. Mais alors que cette tentative aurait dû être le summum de cette histoire abominable avec une plongée dans les sentiments inhumains qui animent le protagoniste, ben non ! On a juste les faits purs et durs. Pas grave, je me dis que l’auteur réserve cela pour les meurtres humains… Non plus, là, c’est mieux de couper court, de nous sortir complétement de l’histoire, de nous raconter très superficiellement l’épouvante qui habite la populace environnante, de nous conter très froidement les mesures prises par les habitants, etc… De temps en temps, on a droit à un retour vers le personnage principal, mais ça reste très superficiel.

Décevant. Je n’ai rien d’autre à ajouter.

L’ami retrouvé – Fred Uhlman

Résumé: Âgé de seize ans, Hans Schwarz, fils unique d’un médecin juif, fréquente le lycée le plus renommé de Stuttgart. Il est encore seul et sans ami véritable lorsque l’arrivée dans sa classe d’un garçon d’une famille protestante d’illustre ascendance lui permet de réaliser son exigeant idéal de l’amitié, tel que le lui fait concevoir l’exaltation romantique qui est souvent le propre de l’adolescence.
C’est en 1932 qu’a lieu cette rencontre, qui sera de courte durée, les troubles déclenchés par la venue de Hitler ayant fini par gagner la paisible ville de Stuttgart. Les parents de Hans, qui soupçonnent les vexations que subit le jeune homme au lycée, décident de l’envoyer en Amérique, où il fera sa carrière et s’efforcera de rayer de sa vie et d’oublier l’enfer de son passé. Ce passé qui se rappellera un jour à lui de façon tragique.

Pour moi, c’est une relecture. La première fois que je l’ai lu, c’était à l’adolescence, lecture d’école. Difficile de m’y mettre à l’époque parce que je lisais plus de grands classiques: Stendhal, Flaubert, Balzac, etc… et ça, ce n’était pas du tout dans la veine de mes lectures de l’époque. Il n’a pas beaucoup de pages, donc je m’y étais mise le week-end avant la date limite. Étant peu motivée, ce samedi-là, j’avais pris l’excuse d’aller en ville avec ma meilleure amie, mais, il fallait bien s’y mettre, donc pour une fois, j’étais rentrée avant 18h. Je m’étais péniblement placée dans mon rocking-chair, calée contre un coussin moelleux et j’ai entamé ma lecture…. Alors là, ça a été une révélation ! Impossible de quitter mon livre. J’ai bien dû mettre à l’époque plus de 30 minutes pour arrêter et aller manger; il ne m’a pas fallu plus d’une soirée pour le dévorer.

Et cette fois-ci, rebelote. En quelques heures (moins de 3) je l’avais torché.
Pourquoi cette relecture ?
Parce que dans mon souvenir, c’était un livre vraiment super, je l’avais conseillé à une très bonne amie qui l’avait beaucoup aimé et je me suis rendue compte qu’au final, je ne me souvenais pas de grand chose si ce n’est qu’il était bien, ce qui est un peu vague.
Maintenant que je l’ai enfin relu, je comprends mieux pourquoi il m’a tellement plu: la vision de l’amitié qu’en a le personnage, j’en avais en grande partie la même, moi-même, mon amitié, je ne l’ai donné qu’à une seule personne à l’époque -peu m’importait qu’elle descende d’une illustre famille, elle était juste ce qui me fallait: adorable, ouverte, avec cette incapacité (absolument formidable à mon sens) à juger les gens, et lorsqu’elle n’était pas là, je restais dans mon coin avec un bon bouquin; cette difficulté pour se lier, je l’ai connu; les réflexions du narrateur sur la religion et l’existence d’un Dieu quelconque sont les même que les miennes, pareil pour ses doutes.
De plus, ce que je trouve absolument fabuleux, c’est que l’auteur a réussi avec peu de mots à décrire les personnages ou les lieux sans pour autant nous donner une description détaillée ou même physique, mais les mots employés en disent plus que tout ce qu’il aurait pu rajouter. Il en dit l’essentiel et il arrive en un si court volume à faire passer des sensations différentes, des idées complexes, des relations avec son entourage, un vécu plus ou moins difficiles…

Presque vingt ans me séparent d’une lecture à l’autre. Cette œuvre me touche moins maintenant qu’à l’époque parce que je me cherche moins aussi, j’ai accepté beaucoup de choses, ce qui n’est pas forcément une bonne chose. En tout cas, j’ai malgré tout beaucoup aimé, d’autant que pas mal de sensations me sont revenues en le lisant, et mon côté nostalgique a vraiment apprécié ^^