Roi du vent : Un gascon en Patagonie – Fabien Tillon & Gaël Remise

Titre : Roi du vent : Un gascon en Patagonie
Auteurs : Fabien Tillon & Gaël Remise
Éditeur : La Boîte à Bulles
Nombre de pages : 117
Quatrième de couverture : En 1860, l’explorateur périgourdin Antoine de Tounens quitte la France pour s’établir en Araucanie et Patagonie, territoires à l’extrémité australe de l’Amérique du Sud. Son rêve est ambitieux : il souhaite régner sur ces régions et unifier le peuple Mapuche pour le libérer du joug du gouvernement chilien. Malgré un premier échec, il tentera par trois fois de soulever ce peuple face à l’oppresseur.
Chaque tentative se soldera par un échec et une amertume cuisante… Ainsi, l’explorateur livre le récit de cette épopée dans lequel la frontière entre réalité et fiction est de plus en plus floue. Et de fait, à l’instar de Don Quichotte, Tounens ne voit que l’aspect romanesque de son entreprise et non toute la folie et la démesure qui entourent son projet.
Retour sur le parcours d’un homme qui, à défaut de régner sur un territoire, ne réussit qu’à être roi du vent…

Un grand merci à Masse Critique Babelio ainsi qu’aux éditions la Boîte à Bulles pour ce partenariat, ce fut une bonne surprise.
Le résumé m’a bien plu et a éveillé ma curiosité. Qui est cet Antoine de Tounens qui essaie de devenir roi ?

C’est un Français qui vit dans le Périgueux. Il quitte son travail d’avoué, vend ses locaux et se rend sur Paris. Il tente de trouver des investisseurs pour son projet : partir en Amérique du Sud, unifier les Mapuches et autres tribus indiennes de Patagonie et d’Araucanie en devenant leur roi.
Sa recherche est vaine, cependant, il n’abandonne pas et part avec pour seul compagnon un étudiant.
Il parvient à son but sans trop de difficultés… ça se corse par la suite.

J’ai beaucoup aimé ce récit historique, je ne connaissais pas du tout le personnage ; ce fut un réel plaisir de découvrir son impressionnant cheminement. Le seul bémol en ce qui me concerne est le timing : on a l’impression que tout se passe en quelques semaines alors que son aventure en Patagonie s’étend sur des années. Heureusement qu’à la fin, on a deux pages qui non seulement replacent le contexte, mais expliquent les choix des auteurs, ce que j’ai apprécié.

J’ai adoré le texte… à tel point que je me suis prise à plusieurs reprises à lire et relire certains passages. Je me suis laissé bercée par les paroles et pensées du héros. Pour la plupart, ils étaient emplis de poésie.
Je n’ai pas trouvé Antoine de Tounens attachant ce qui aurait pu me poser problème en freinant ma lecture, mais en l’occurrence pas du tout. Il est charismatique et sa volonté force le respect… en tout cas, il a gagné le mien.

En ce qui concerne les dessins, j’ai eu du mal dans un premier temps. Je n’ai pas accroché au character design des personnages. Ils avaient un côté flou… peut-être brouillon, comme si c’était un rêve… au fil des pages, j’ai changé d’avis dessus : ça se mariait bien avec le récit et j’ai fini par trouver les illustrations plaisantes ; j’avoue que c’est surtout les couleurs et les nuances utilisées qui m’ont plu.

Je suis ravie d’avoir découvert cette bande-dessinée que j’ai adorée.

Pâques mortelles à Saint-Benoît – Chantal Gerbaud

Titre : Pâques mortelles à Saint-Benoît
Auteur : Chantal Gerbaud
Éditeur : La Bouinotte
Nombre de pages : 152
Quatrième de couverture : Le trouble s’installe à Saint-Benoît, petit village de la Marche, entre Berry et Limousin à la fin du 13ème siècle. Alors que l’on prépare les fêtes de Pâques, on découvre le corps sans vie d’un moine.
Quelques heures plus tard, un enfant, fils d’un des juifs de la cité, est atrocement mutilé par un cochon errant. La jeune fille chargée de le surveiller disparaît. Un nouveau drame qui va mettre en péril la paix régnant sur cet arpent de royaume. Le prieur du monastère s’improvise détective, tout en pactisant avec le seigneur du village voisin qui s’emploie à maintenir son emprise sur la communauté juive.
Une enquête qui révèle bien des secrets enfouis, tout en dévoilant le fonctionnement et les rapports humains d’une cité médiévale.

Je tiens tout d’abord à remercier la Masse critique Babelio ai si que les éditions la Bouinotte pour la confiance qu’ils m’ont accordée.
Le résumé m’avait bien plu et a suscité ma curiosité. J’avoue que je m’attendais à une enquête policière moyenâgeuse un peu à la Cadfael, or, ce n’est pas du tout le cas, ce qui m’a agréablement surprise. Le scénario est bien plus “simple” et on sent bien que ce qui compte surtout, c’est l’ambiance instaurée et le contexte historique, notamment les relations entre Chrétiens et Juifs.

Hélie, le prieur du monastère de Saint-Benoît est en pleine préparation des fêtes de Pâques lorsqu’il est informé de deux événements tragiques :
– Barthélemy, l’un de ses moines, a été retrouvé mort, après examen du corps, il s’avère qu’il a été assassiné, mais par qui ? Le monastère étant fermé, s’agit-il d’un moine ? Dans ce cas, quelles sont ses motivations ?
– Moïse, le petit garçon des Bonfils, a été attaqué par un cochon. Comment un tel drame a-t-il pu arriver alors qu’il était sous la surveillance de la jeune Jeanne ? Et surtout, pourquoi l’a-t-elle sorti alors qu’il a été demandé aux Juifs (partout en France à priori) de rester chez eux lors de la Semaine Sainte ?
Ne pouvant tout gérer, Hélie décide de contacter le seigneur Hughes de Brosse avec qui les relations sont tendues, et de le laisser gérer l’accident du fils de la famille juive.

Les bases de l’histoire sont posées et j’espère qu’elles auront réussi à éveiller votre curiosité parce qu’en ce qui me concerne, j’ai eu du mal à lâcher ce roman et il aura fallu une gastro pour me ralentir.

J’ai aimé les personnages principaux que j’ai trouvés travaillés. Au fil des pages, on en apprend beaucoup sur Hélie, les difficultés relationnelles politiques qu’il rencontre en tant que prieur, mais aussi son passé et comment il est arrivé à cette fonction. Ça le rend attachant. C’est aussi le cas de Jeanne qu’on connaît à travers les dires des autres, ainsi que lors du récit des faits qui m’ont touchés.
J’ai moins apprécié le noble Hughes de Brosse en raison de sa façon de traiter les femmes. C’est cohérent avec l’époque, mais ça m’a fait grincer des dents. Par contre, sa femme, Isabelle, rattrape largement les manières de son époux et je l’ai adorée… tout en la plaignant quand même.

Ce qui est dommage, c’est que les moines sont passés trop rapidement en revue. On sait d’eux le strict minimum… du coup, l’enquête de la mort du frère Barthélemy est rapide, très linéaire et sans surprise. Ne pas pouvoir suspecter untel ou untel m’a laissé sur ma faim. Il est quand même à noter que les motifs de ce décès ont soulevé quelques réflexions sur les mœurs de l’époque, celles plus anciennes et ouvrent le débat sur celles actuelles. Bon, impossible d’être plus claire sans spoiler, donc il faudra se contenter de ces explications à demi-mots.

J’ai beaucoup aimé cette lecture. Je regrette juste qu’elle fut si rapide et si courte.

Balzac et la petite tailleuse chinoise – Sijie Dai

Titre : Balzac et la petite tailleuse chinoise
Auteur : Sijie Dai
Éditeur : Folio
Nombre de pages : 228
Quatrième de couverture : Nous nous approchâmes de la valise.
Elle était ficelée par une grosse corde de paille tressée, nouée en croix. Nous la débarrassâmes de ses liens, et l’ouvrîmes silencieusement. À l’intérieur, des piles de livres s’illuminèrent sous notre torche électrique; les grands écrivains occidentaux nous accueillirent à bras ouverts : à leur tête, se tenait notre vieil ami Balzac, avec cinq ou six romans, suivi de Victor Hugo, Stendhal, Dumas, Flaubert, Baudelaire, Romain Rolland, Rousseau, Tolstoï, Gogol, Dostoïevski, et quelques Anglais: Dickens, Kipling, Emily Brontë…
Quel éblouissement! Il referma la valise et, posant une main dessus, comme un chrétien prêtant serment, il me déclara: avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde.

J’ai découvert ce roman il y a déjà quelques années suite à une chronique de la blogueuse Nymou rossignol livresque… et il a traîné pendant tout ce temps dans ma PàL.
Je ne m’attendais pas à grand chose, pourtant cette lecture m’a surprise. Un petit contexte historique ne fait pas de mal.
L’histoire se situe dans les années 70 en Chine sous le régime de Mao Zedong. À l’époque, les jeunes “intellectuels” étaient envoyés à la campagne pour y être rééduqué. La moyenne était de deux ans, mais ça dépendait du bon vouloir du chef de village et surtout du statut des parents des ados dans la société : réactionnaires ou non. Finalement, je me dis que la période actuelle avec le contrôle de la population, la manipulation des informations et du statut bon ou mauvais citoyen n’est qu’une suite logique de cette situation communiste.

On suit le narrateur et son ami Luo qui sont envoyés à la campagne : leurs parents, trop connus, trop intellos, trop grande gueule sont médecins et ont été déclarés ennemis de l’état. Les deux garçons n’ont donc aucune chance de retourner chez eux. Ce qui les sauve d’une vie morne et sans intérêt (pour eux), c’est d’abord la musique (le narrateur joue du violon), puis les histoires qu’ils racontent (Luo est un conteur très doué et lorsqu’ils s’y mettent à deux, les deux amis fascinent les villageois).
Ils fréquentent un troisième rééduqué, le Binoclard, qui possède une valise secrète contenant des livres occidentaux. Du moment où nos héros le savent, ils n’auront de cesse de les emprunter, ce qui déplaît et effraie leur camarade.
Du coup, on comprend aisément ce que vient faire Balzac dans cette histoire, mais qu’en est-il de la petite tailleuse chinoise ? C’est la plus belle fille de la région, Luo s’en éprend et va la séduire avec ses récits.

J’ai beaucoup aimé le narrateur. Il est timide et pas très déluré, mais il va évoluer au fil des pages. Il est fidèle en amitié et ce n’est pas toujours gagné parce que les tentations de trahir dans le but d’améliorer sa condition sont nombreuses.
Pour Luo, je ne sais pas trop. C’est mitigé. Par moment, j’ai apprécié sa débrouillardise mais parfois, il tirait trop la couverture à lui.
Je n’ai pas réussi à me faire une idée précise sur la petite Tailleuse. Elle ne se confie pas réellement au narrateur, on ignore ce qu’elle pense, ce qu’elle éprouve. Difficile de s’attacher à elle dans ces conditions.
Quant au Binoclard, dès sa première apparition, je ne l’ai pas aimé sans raison spéciale et la suite a donné raison à mon instinct.

Ça a été une lecture super rapide. En deux jour, j’ai terminé ce roman que j’ai bien aimé. Il était intéressant, passionnant lors de nombreux passages, dépaysant mais surtout révoltant de par le contexte historique et l’injustice faite aux jeunes “intellectuels”.
Je n’ai qu’un bémol : la fin. On ignore ce qu’il advient des personnages. La petite Tailleuse a bien changé et prend une décision qui modifiera le cours de sa vie, sans pour autant que le lecteur sache comment les choses vont tourner pour elle. Quant à Luo et au narrateur, quel avenir ont-ils ? Vont-ils rester ad vitam eternam dans ce village montagnard ? Je déteste ces incertitudes qui me donnent l’impression que le roman n’est pas terminé.

New year, new me (Métamorphose, transformation, évolution)

42 jours – Silène Edgar

Titre : 42 jours
Auteur : Silène Edgar
Éditeur : Castelmore
Format : E-book
Nombre de pages : 309
Quatrième de couverture : Été 1942. Sacha, douze ans, et Jacob, son petit frère, sont à la fois surpris et très contents de partir en vacances avant la fin de l’année scolaire. D’autant qu’ils auront la chance de séjourner dans la pension de leur oncle Jean, un manoir breton au bord de la mer ! Une fois sur place, ce n’est pas tout à fait la colonie de vacances qu’ils s’imaginaient – les pensionnaires sont de drôles d’adultes qui se prennent pour Victor Hugo, Louis XIV, Néfertiti… –, mais les garçons ne s’y ennuient pas une minute avec les jumeaux Éléanore et Léandre. Sans compter que le manoir abonde en secrets sur lesquels enquêter : qui fait ces bruits étranges dans le grenier ? Que sont ces loups qui rôdent dans les parages ?

Ce n’est pas le premier roman que je lis de Silène Edgar et ce ne sera pas le dernier.
Celui-là est un peu différent des autres : que ce soit pour 14-14 ou pour Adèle et les noces de la reine Margot, il y avait toujours un parallèle entre le passé et l’époque contemporaine.
L’auteure essaie de nous faire croire qu’il en est de même dans 42 jours grâce à la présence des fous du manoir. En effet, ils portent tous les noms de personnages historiques célèbres : Napoléon, Louis XIV, Néfertiti, etc. Mais ils ne sont qu’un leurre. Au final, ils ont un rôle secondaire et le héros de l’histoire, c’est Sacha, un garçon d’une douzaine d’années qui, un mois avant le début des grandes vacances, est envoyé avec son petit frère Jacob loin de Paris, chez son oncle Jean qui dirige un établissement.

Le jeune garçon est persuadé qu’il va passer trois mois en colonie de vacances, mais une fois là-bas, il réalise que le manoir dirigé par son oncle est en fait un asile. Et chaque pensionnaire, ils sont au nombre de 7, se prend pour un homme célèbre… enfin sauf deux : l’un croit être Shere Khan et l’autre une théière.
Une fois au manoir, les deux garçons font la connaissance des jumeaux Léandre et Éléanore, les enfants des employés, Maud et Charly. Mais rapidement, Sacha réalise que tout le monde a des secrets.

C’est un sentiment que j’ai eu tout au long de la première moitié du roman : l’auteure cache un détail important au lecteur et ça se ressent. J’ai trouvé qu’il manquait un petit quelque chose qui ajouterai une atmosphère particulière. J’ai compris la supercherie peu avant que l’enquête de Sacha n’aboutisse : l’époque où se situe l’histoire n’est pas contemporaine et c’est bien joué parce que rien ne l’indique et j’ai mis du temps à réaliser. Bon d’accord, il m’aurait suffit de lire le résumé pour savoir que les personnages vivent en 1942, mais je ne l’ai pas fait pour me garder la surprise.
À partir du moment où tout est révélé, ça a débloqué quelque chose et le récit devient passionnant et je l’ai fini d’une traite.

Je n’ai pas réussi à me faire une idée précise sur Sacha. La plupart du temps, il m’a énervée, mais on ne peut pas lui en vouloir : ses parents lui cachent le contexte mondial parce qu’ils veulent préserver l’innocence de leurs deux fils ; il est donc loin d’imaginer à quel point ses actes mettent sa propre vie et sa famille en danger. Il aurait probablement été moins stupide s’il avait su.
Quant aux autres personnages, à part les parents que je trouve complètement inconscients, je les ai bien aimés. Seuls les fous m’ont laissé indifférente.

Si le début m’a laissée perplexe, j’ai adoré la suite et je suis ravie d’avoir lu ce roman.

Raclette (Famille, amis, secret)

Ira Dei, tome 1 : L’or des caïds – Vincent Brugeas & Ronan Toulhoat

Titre : L’or des caïds
Saga : Ira Dei, tome 1
Scénario : Vincent Brugeas
Dessins : Ronan Toulhoat
Éditeur : Dargaud
Nombre de pages : 64
Quatrième de couverture : L’ennemi, c’est l’autre. Tous les autres.
En 1040, les armées de Byzance tentent de reconquérir la Sicile, alors aux mains des Arabes. Alors que la ville de Taormine résiste à Harald, le général Maniakès, un Normand nommé Tancrède et un jeune moine, Étienne, légat du pape proposent les services de leur petite troupe de mercenaires. À la demande d’Étienne, Tancrède se rapproche d’Harald et lui propose un marché : il fera tomber Taormine en trois jours, en échange de quoi il recevra les richesses de la cité. Même s’il comprend que Tancrède est en mesure de réaliser ce prodige, Harald se méfie de cet homme dont les yeux révèlent qu’il a « traversé les Enfers » et dont le passé mystérieux ressurgit peu à peu… Pourquoi l’Église a-t-elle fait de lui une arme au service de Dieu ? Et quelle revanche veut-il prendre aujourd’hui ?

J’ai acheté cette BD lors des 48h BD de 2020, pour mon fils qui est un féru d’histoire. Je l’avais gardé dans ma PàL jusqu’à aujourd’hui, mais j’ai vraiment besoin de la réduire, je l’ai donc lue.

Je pense que mon avis va être court… autant que le résumé que je vais commencer :
Tancrède arrive en Sicile avec quelque chose comme 300 hommes afin d’aider Harald à prendre la cité de Taormine. On comprend rapidement que le nouveau venu cache son identité et que l’homme de Dieu qu’il a emmené avec lui connaît toute l’histoire.
Leur nombre étant risible, Tancrède est mis à l’épreuve et il prouve à tous que c’est un stratège hors-pair.

Personnellement, j’ignore tout de cette période historique et j’ai malheureusement trouvé que pour des néophytes (pour ne pas dire des nuls), ce n’est pas un récit abordable. Quant à savoir s’il l’est pour des férus d’histoire… je dirais que tout dépend de la période qu’ils aiment… si c’est le XIème siècle, y a moyen.
Du coup, le début m’a paru très long… et par la suite, je me suis ennuyée.

Passons aux illustrations : les couleurs sont ternes. Les dessins m’ont déplu, ils sont très classiques et surtout inégaux : parfois les visages sont bien dessinés, et la vignette d’après, c’est une cata (ils louchent, les yeux sont trop écartés, le menton est carré et non pointu, à moins que ce ne soit l’inverse).
Le character design de Tancrède m’a beaucoup (trop) fait penser à celui de Wismerhill dans Chroniques de la lune noire. C’est dommage parce que ce n’était pas toujours le cas (sur la couverture, il n’y a aucune ressemblance) et j’aurais préféré que ce soit partout.

Je ne vais pas m’attarder. Je n’ai pas aimé. Ça n’a pas réussi à piquer ma curiosité.