Alabama Song – Gilles Leroy

Titre: Alabama Song
Auteur: Gilles Leroy
Éditeur: Mercure de France
Nombre de pages: 189
Quatrième de couverture: Montgomery, Alabama, 1918. Quand Zelda, “Belle du Sud”, rencontre le lieutenant Scott Fitzgerald, sa vie prend un tournant décisif. Lui s’est juré de devenir écrivain : le succès retentissant de son premier roman lui donne raison. Le couple devient la coqueluche du Tout-New York. Mais Scott et Zelda ne sont encore que des enfants : propulsés dans le feu de la vie mondaine, ils ne tardent pas à se brûler les ailes…
Gilles Leroy s’est glissé dans la peau de Zelda, au plus près de ses joies et de ses peines. Pour peindre avec une sensibilité rare le destin de celle qui, cannibalisée par son mari écrivain, dut lutter corps et âme pour exister…
Mêlant avec brio éléments biographiques et imaginaires, Gilles Leroy signe ici son grand “roman américain”.

J’ai choisi cette lecture pour l’un des 4 items éphémères du challenge des 3 sorciers, il me fallait un livre dont le héros était un personnage célèbre. Ce qui est le cas avec Alabama Song puisque l’auteur dépeint la vie de Zelda Sayre Fitzgerald. Il écrit à la première personne et revient sur le passé de la jeune femme de son point de vue à elle. Le récit est en partie chronologique de 1918 à 1943, avec des incursions régulières de l’année 1940, époque où Zelda était internée. Elle nous raconte sa rencontre avec Scott F. Fitzgerald, les quelques années sans lui jusqu’à leur mariage, leur vie maritale, son aventure avec Jozan, les tensions dans son couple, leur descente aux enfers, son internement, pour ne citer que ces événements-là.

Je connaissais le personnage de Zelda Sayre puisque j’avais lu Z le roman de Zelda il y a quelques années. Donc ce qui lui arrivait n’était pas une grosse surprise. Cependant, ce roman m’a davantage révoltée, je l’ai trouvé violent psychologiquement surtout dans la façon dont Scott s’adresse à elle, se comporte et la rabaisse, mais pas que… On ne sait pas immédiatement tout ce qui se passe entre les deux, certains détails sont flous, d’autres passés sous silence mais on sent que ça cache quelque chose de pire que ce qui est révélé. C’est assez étrange et déroutant dans un premier temps puis je m’y suis faite parce que j’ai fini par anticiper le fait que Zelda lâcherait des révélations de-ci de-là.
Cela a rendu le récit plus atroce sur bien des points : la relation entre Scott et Zelda encore plus malsaine qui s’établit insidieusement, et son comportement à lui encore plus gerbant. Une fois de plus, cela replace bien le rôle des femmes dans la société de l’époque : aucun droit, le pouvoir au mari qui peut, si cela lui chante, faire interner sa femme sous des prétextes fallacieux, ou qui peut sans vergogne voler les écrits de son épouse pour les faire siens. Et c’est normal, personne ne dit rien et personne ne remet en doute ses paroles de mâle dominant pas plus que sa folie… Parce que c’est bien connu, seules les femmes sont hyterico-cinglée.

Comme je l’ai dit précédemment, ce récit m’a révoltée, les violences conjugales que subit Zelda m’ont fait serrer les dents, avec malgré tout un certain amusement revanchard en découvrant les moyens qu’elle utilise pour “combattre” son mari, lui mettant surtout des bâtons dans les roues ce qui lui renvoie sa propre image aussi négative et néfaste que nous le décrit Zelda. Faut pas rêver, elle le paie au centuple : plus elle s’insurge contre lui, plus il se venge… Mais comme de se montrer soumise ne lui a rien rapporté de plus (la cage dorée dans laquelle il l’a emprisonnée n’est-elle au finale pas pire que les asiles dans lesquels elle trouve le moyen de s’exprimer et d’écrire librement ?), pourquoi continuer ? Je lui donne tellement raison.

Même si l’auteur a pris quelques largesses avec certains passages, le récit retrace assez bien ce que je connaissais de la vie de l’héroïne et j’y ai retrouvé des similitudes dans les faits et les thèmes.
J’ai aimé cette lecture, autant pour le personnage (qui me touche énormément) que par les choix que l’auteur a faits dans la narration.

Challenge Tournoi des 3 Sorciers :
Viktor Krum (Item éphémère – du 1er au 14 avril 2019) – Un livre dont le héros est une célébrité et/ou populaire – 100 points

La couleur des sentiments – Kathryn Stockett

Titre: La couleur des sentiments
Auteur: Kathryn Stockett
Éditeur: Jacqueline Chambon
Format: Ebook
Nombre de pages: 525
Quatrième de couverture: Chez les Blancs de Jackson, Mississippi, ce sont les Noires qui font le ménage, la cuisine, et qui s’occupent des enfants. On est en 1962, les lois raciales font autorité. En quarante ans de service, Aibileen a appris à tenir sa langue. L’insolente Minny, sa meilleure amie, vient tout juste de se faire renvoyer. Si les choses s’enveniment, elle devra chercher du travail dans une autre ville. Peut-être même s’exiler dans un autre Etat, comme Constantine, qu’on n’a plus revue ici depuis que, pour des raisons inavouables, les Phelan l’ont congédiée.
Mais Skeeter, la fille des Phelan, n’est pas comme les autres. De retour à Jackson au terme de ses études, elle s’acharne à découvrir pourquoi Constantine, qui l’a élevée avec amour pendant vingt-deux ans, est partie sans même laisser un mot.
Une jeune bourgeoise blanche et deux bonnes noires. Personne ne croirait à leur amitié; moins encore la toléreraient. Pourtant, poussées par une sourde envie de changer les choses, malgré la peur, elles vont unir leurs destins, et en grand secret écrire une histoire bouleversante.

Cette année, je participe au challenge Livra’deux pour Pal’Addict de février à avril. Ma binômette, LoudieBouh, m’avait choisi 3 livres dans ma PàL et j’ai opté pour celui-ci parce que cela fait très longtemps que je voulais le lire et voir s’il était aussi bien que ce qu’en disait les critiques et en effet, c’est le cas !
Si j’ai mis un peu plus d’une semaine à lire la première moitié du roman, dû comme d’habitude à un emploi du temps bien trop chargé, j’ai pris le temps de dévorer la seconde moitié dimanche… Comme quoi, être malade a des avantages.

L’histoire se passe à Jackson, Mississippi, dans les années 60, période bien connue aux Etats-Unis pour la ségrégation, les marches de Martin Luther King, les crimes impunis envers les noirs, les injustices dans le sud, etc.
On suit trois héroïnes :
Aibileen est noire, elle travaille depuis des années en tant que bonne, et depuis quelques mois dans une modeste famille blanche. Elle s’occupe autant des enfants que du ménage et est très attachée à Mae Mobley, fillette de deux ans que sa mère délaisse.
Sa meilleure amie, Minny, est beaucoup moins “docile”. Elle est grande gueule et se montre insolente avec ses patronnes. Quand Mrs Walters, sa patronne, doit partir en maison de retraite, sa fille Hilly prend la domestique en grippe et lui fait mauvaise presse parmi ses amies. Impossible dans ces conditions de retrouver du travail.
Miss Skeeter est une blanche qui rêve de devenir écrivain. Elle tente sa chance auprès de maisons d’édition et de journaux, mais étant une jeune femme sans expérience de surcroît, c’est difficile. Suivant les conseils d’une éditrice, elle se lance dans un projet délicat : raconter la vie des bonnes dans le Mississippi grâce à des témoignages. Malheureusement, les choses étant ce qu’elles sont, elle a du mal à trouver des volontaires.

Les personnages sont particulièrement attachants. J’ai autant aimé les trois héroïnes que certains personnages secondaires comme miss Celia qui passe pour folle alors que c’est surtout une originale. J’adore cette bonne femme, autant que la relation qu’elle entretient avec son mari – pourtant, ce n’était pas gagné au début – et je regrette presque qu’elle n’ait pas été plus présente.
Cette histoire m’a captivée, autant grâce aux personnages qu’en raison des événements tragiques décrits au fil des pages. Tout du long, j’ai tremblé pour chacun, que ce soit lorsqu’Abaileen rentre seule après une soirée baby-sitting, quand Skeeter se rend dans le quartier noir ou quand Minny travaille en cachette dans la maison de miss Celia. L’atmosphère est oppressante et on ne sait jamais ce qui va arriver parce qu’il peut se passer n’importe quoi et les racistes peuvent agir impunément, comme ce qu’a subi Robert, le petit-fils de Louvenia.

Je me suis tellement plongée dans cette histoire entêtante que je vais avoir du mal à passer à autre chose.
C’est un coup de cœur pour cette lecture et j’ai hâte de découvrir le film.

Challenge Tournoi des 3 Sorciers :
Ombrage (Défense contre le forces du mal – 4ème année) – Un livre qui traite de racisme ou d’homophobie – 40 points

 

Les Colombes du Roi-Soleil, tome 02 : Le Secret de Louise – Anne-Marie Desplat-Duc

Titre: Le Secret de Louise
Saga: Les Colombes du Roi-Soleil, tome 02
Auteur: Anne-Marie Desplat-Duc
Éditeur: Flammarion
Nombre de pages: 226
Quatrième de couvertureGrâce à ses talents de chanteuse et à la pureté de sa voix, Louise est remarquée par la Reine d’Angleterre, qui lui demande de devenir sa demoiselle d’honneur. Elle quitte alors Saint-Cyr et ses amies, et n’a qu’une chose en tête : retrouver sa mère. Très vite, elle fait des rencontres passionnantes et des découvertes qui vont l’aider à lever le voile sur le mystère qui entoure sa naissance…

J’ai profité de l’item éphémère Bal de Noël du Tournoi des 3 Sorciers pour sortir ce second tome de ma PàL. Et j’en suis ravie.

Dans ce roman, on découvre enfin tous les secrets tournant autour de la naissance de Louise. On savait déjà que son père était Louis XIV, mais on ignorait tout de sa mère.
L’histoire s’ouvre sur le passé de notre jeune héroïne qui est élevée chez une nourrice. Elle grandit avec son frère de lait qui l’initie au chant.
La suite reprend de manière courte et concise les événements importants qui tournent autour de Louise dans le premier tome, une façon détournée et plaisante de nous rafraîchir la mémoire.
Puis, grâce à sa voix, Louise est engagée par la reine Marie d’Angleterre, exilée en France. C’est l’occasion pour la jeune fille de côtoyer la Cour et de mener l’enquête sur ses origines.

Ce second tome amène beaucoup de questions : la plus importante étant qui est sa mère ? Pourquoi le Roi ne l’a pas reconnue alors qu’il l’a fait pour les fils qu’il a eu avec Mme de Montespan ? Et quand on a enfin le nom désiré et la raison pour laquelle elle n’a plus rendu visite à Louise, qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Est-elle aussi “innocente”que se l’imagine Louise ?
Heureusement, avant la fin, on a toutes les réponses pfiou…
Ça donne une sensation de plénitude que j’aime beaucoup. Sans compter que tout au long du récit, l’auteure distille des indices sur les anciennes camarades de Saint-Cyr pour pousser le lecteur à continuer la saga… Donc ça ne loupera pas, je lirai assurément le troisième… Mais quand ? C’est une autre histoire :p

Hormis des personnages attachants, le gros point fort de ce tome est le contexte historique : il est présent sans l’être trop. Il l’est davantage dans ce second tome puisque Louise est moins protégée que dans le tome précédent. Elle est amenée à fréquenter l’entourage de la Reine d’Angleterre, la Cour du Roi-Soleil avec leurs intrigues.
C’est idéal pour initier un jeune lecteur au roman historique.

C’est un coup de cœur pour cette lecture et j’ai hâte de découvrir ce que les autres Colombes du Roi-Soleil nous réservent.

Challenge Tournoi des 3 Sorciers :
Bal de Noël (Item éphémère du 21 au 26 décembre 2018) – Un roman dont la couverture est ornée d’une robe – 80 points

Pèlerins des ténèbres – Serge Brussolo

Titre: Pèlerins des ténèbres
Saga: Marion, tome 1
Auteur: Serge Brussolo
Éditeur: Le livre de poche
Nombre de pages: 285
Quatrième de couverture: Enfermé dans une cage de fer, dans les oubliettes d’une abbaye, un moine dément raconte que le pèlerinage dont il avait la charge s’est terminé en enfer. Le diable, affirme-t-il, a emporté tous ceux qui l’accompagnaient.
Que se passe-t-il en réalité dans les montagnes où serpente l’interminable route menant aux reliques de saint Gaudémon, martyr jadis supplicié par Caligula, l’empereur fou ? Une chose est sûre, beaucoup de gens disparaissent et les sommets semblent habités par des créatures de légende qui ont fait des pèlerins leur gibier quotidien.
Quel secret, quel complot hérétique tente-t-on de dissimuler sous le masque de la superstition ? Marion, la jeune tailleuse d’ex-voto, sera-t-elle plus chanceuse que ceux qui l’ont précédée sur les chemins du mystère… ou succombera-t-elle, à son tour, aux sortilèges du pèlerinage maudit ?

Il y a cinq ans, j’ai lu le second tome de cette saga, la captive de l’hiver, sans connaître l’existence du premier. Ce n’est qu’en avançant dans ma lecture, que j’ai découvert qu’il me manquait un certain nombre de références. Ce n’était pas trop problématique pour comprendre l’histoire, mais j’avais quand même trouvé ça un peu frustrant.Je n’ai donc pas hésité à lire le premier tome quand je l’ai trouvé.

Marion est la fille d’un médiocre sculpteur de pierre. Contrairement à lui, elle a du talent mais étant une femme, elle est constamment dépréciée. Son père est décidé à la marier à son apprenti, Antonin, un lourdaud vaniteux. C’est alors que les prêtres du culte de Gaudémon lui propose, sans le savoir, une échappatoire : partir en pèlerinage et enquêter pour eux sur les disparitions de certaines caravanes de pèlerins et sur les diableries dont le frère Guillaume, devenu fou, a fait part aux moines.
Marion saute donc sur l’occasion pour fuir un destin déplaisant.

Le récit se divise en deux temps :
La partie où Marion accepte de partir et chemine avec les pèlerins. J’ai trouvé ce récit passionnant. J’ai vibré avec l’héroïne, angoissé lorsque des choses étranges se produisaient. J’ai cherché avec elle les détails maléfiques tout au long de leur parcours.
La rencontre avec Mazolas. A partir de là, j’ai moins aimé. Les personnages changent, de nouveaux arrivent. Certains passages que j’ai trouvé long m’ont ennuyée. Et j’ai mis plus de temps à lire les 30 derniers pourcents que les 70 premiers.

Dans l’ensemble, j’ai beaucoup aimé ce premier tome. J’ai très envie de relire le second tome pour pouvoir profiter des détails que j’ai loupé la dernière fois.

Brûlez Moscou – Kid Toussaint & Stéphane Perger

Titre: Brûlez Moscou
Auteur: Kid Toussaint
Illustrateur: Stéphane Perger
Éditeur: Le Lombard
Collection: Signé
Nombre de pages: 72
Quatrième de couvertureSeptembre 1812. La Grande Armée de Napoléon est aux portes de Moscou. Le comte Rostopchine, gouverneur de Moscou, se rend à la prison de l’Ostrog et libère des geôles tous les criminels en les priant de “voler, piller, tuer et incendier” pour que rien ne tombe aux mains de l’ennemi. Parmi les libérés, Anatoli Lenski semble avoir un but bien à lui. Et malheur à qui tentera de s’y opposer.

Je lis rarement de bande-dessinée ou de roman historique, non pas que cela ne m’intéresse pas, bien au contraire, mais je suis une telle buse en histoire qu’on pourrait me raconter n’importe quoi, je ne saurais pas faire la différence entre l’imagination débordante de l’auteur et la vérité.
Donc qu’est-ce qui m’a poussé à acheter Brûlez Moscou ?
Tout simplement, le fait que Kid Toussaint soit au scénario : ce n’est plus un secret, j’aime les bande-dessinées qu’il écrit et j’étais curieuse de découvrir ce qu’il nous réservait dans le genre. Pour le coup, j’étais confiante : je sais que l’auteur fait toujours pas mal de recherches et il nous en donne la preuve à la fin de l’œuvre avec un dernier mot de la fin, mais j’y reviendrai.

On suit le personnage principal, Lenski, emprisonné à la prison de l’Ostrog, au nord de Moscou. On ignore la raison de son incarcération au milieu de voleurs et de meurtriers, mais on constate rapidement qu’il n’est pas comme les autres, il semble plus enclin à défendre les plus faibles même quand c’est la loi du plus fort qui prime.
En parallèle, on découvre d’un coté les autorités russes en charge de la ville de Moscou et les décisions qu’ils ont dû prendre : brûler la cité et libérer les prisonniers afin que les crminels ne meurent pas de faim dans les geôles ; et de l’autre côté, le camp français avec les mesures que Napoléon doit prendre face aux actes des assiégés et l’avancée de ses troupes.
Uant à Lenski, il se retrouve donc libre et il n’a alors qu’un seul but : retrouver sa femme et son fils mais rien ne laisse présager ce qui l’attend.
C’est l’occasion pour le lecteur d’évoluer dans le climat tendu qui règne en ville et d’en apprendre plus sur le passé de ce mystérieux héros.

Cette bande-dessinée se compose de trois parties : la plus grande, de 61 pages est l’histoire en elle-même, la seconde est une explication de l’auteur rapportant les faits et dires historiques qui l’ont inspiré et qu’il a compilés lors de ses recherches. Enfin, la dernière section est un petit sketchbook avec des illustrations des personnages.

J’ai adoré cette bande-dessinée : les dessins sont franchement splendides, j’ai aimé le trait de Stéphane Perger, mais ce qui m’a surtout fascinée, ce sont les couleurs utilisées : l’illustrateur a un talent certain pour les nuances et les ombres et il en joue dans chaque détail qu’il soit vestimentaire, décoratif ou organique. C’est presque dommage de constater que la couverture ne rend pas hommage à la colorisation, mais d’un autre côté, elle donne le ton de l’ambiance instaurée ce qui est pas mal aussi.
Quant au récit, il est intéressant : Kid Toussaint parvient à nous plonger dans une atmosphère sombre et angoissante sur fond historique. J’ai été obligée de le lire en deux fois étant donné l’heure tardive où je l’ai commencé et interrompre ma lecture fut difficile.
Bref, une belle réussite pour cette bande-dessinée pour le moins addictive.