L’ami retrouvé – Fred Uhlman

Résumé: Âgé de seize ans, Hans Schwarz, fils unique d’un médecin juif, fréquente le lycée le plus renommé de Stuttgart. Il est encore seul et sans ami véritable lorsque l’arrivée dans sa classe d’un garçon d’une famille protestante d’illustre ascendance lui permet de réaliser son exigeant idéal de l’amitié, tel que le lui fait concevoir l’exaltation romantique qui est souvent le propre de l’adolescence.
C’est en 1932 qu’a lieu cette rencontre, qui sera de courte durée, les troubles déclenchés par la venue de Hitler ayant fini par gagner la paisible ville de Stuttgart. Les parents de Hans, qui soupçonnent les vexations que subit le jeune homme au lycée, décident de l’envoyer en Amérique, où il fera sa carrière et s’efforcera de rayer de sa vie et d’oublier l’enfer de son passé. Ce passé qui se rappellera un jour à lui de façon tragique.

Pour moi, c’est une relecture. La première fois que je l’ai lu, c’était à l’adolescence, lecture d’école. Difficile de m’y mettre à l’époque parce que je lisais plus de grands classiques: Stendhal, Flaubert, Balzac, etc… et ça, ce n’était pas du tout dans la veine de mes lectures de l’époque. Il n’a pas beaucoup de pages, donc je m’y étais mise le week-end avant la date limite. Étant peu motivée, ce samedi-là, j’avais pris l’excuse d’aller en ville avec ma meilleure amie, mais, il fallait bien s’y mettre, donc pour une fois, j’étais rentrée avant 18h. Je m’étais péniblement placée dans mon rocking-chair, calée contre un coussin moelleux et j’ai entamé ma lecture…. Alors là, ça a été une révélation ! Impossible de quitter mon livre. J’ai bien dû mettre à l’époque plus de 30 minutes pour arrêter et aller manger; il ne m’a pas fallu plus d’une soirée pour le dévorer.

Et cette fois-ci, rebelote. En quelques heures (moins de 3) je l’avais torché.
Pourquoi cette relecture ?
Parce que dans mon souvenir, c’était un livre vraiment super, je l’avais conseillé à une très bonne amie qui l’avait beaucoup aimé et je me suis rendue compte qu’au final, je ne me souvenais pas de grand chose si ce n’est qu’il était bien, ce qui est un peu vague.
Maintenant que je l’ai enfin relu, je comprends mieux pourquoi il m’a tellement plu: la vision de l’amitié qu’en a le personnage, j’en avais en grande partie la même, moi-même, mon amitié, je ne l’ai donné qu’à une seule personne à l’époque -peu m’importait qu’elle descende d’une illustre famille, elle était juste ce qui me fallait: adorable, ouverte, avec cette incapacité (absolument formidable à mon sens) à juger les gens, et lorsqu’elle n’était pas là, je restais dans mon coin avec un bon bouquin; cette difficulté pour se lier, je l’ai connu; les réflexions du narrateur sur la religion et l’existence d’un Dieu quelconque sont les même que les miennes, pareil pour ses doutes.
De plus, ce que je trouve absolument fabuleux, c’est que l’auteur a réussi avec peu de mots à décrire les personnages ou les lieux sans pour autant nous donner une description détaillée ou même physique, mais les mots employés en disent plus que tout ce qu’il aurait pu rajouter. Il en dit l’essentiel et il arrive en un si court volume à faire passer des sensations différentes, des idées complexes, des relations avec son entourage, un vécu plus ou moins difficiles…

Presque vingt ans me séparent d’une lecture à l’autre. Cette œuvre me touche moins maintenant qu’à l’époque parce que je me cherche moins aussi, j’ai accepté beaucoup de choses, ce qui n’est pas forcément une bonne chose. En tout cas, j’ai malgré tout beaucoup aimé, d’autant que pas mal de sensations me sont revenues en le lisant, et mon côté nostalgique a vraiment apprécié ^^

Les Piliers de la Terre – Ken Follett

Résumé: Dans l’Angleterre du XIIe siècle ravagée par la guerre et la famine, des êtres luttent pour s’assurer le pouvoir, la gloire, la sainteté, l’amour, ou simplement de quoi survivre. Les batailles sont féroces, les hasards prodigieux, la nature cruelle. La haine règne, mais l’amour aussi, malmené constamment, blessé parfois, mais vainqueur enfin quand un Dieu, à la vérité souvent trop distrait, consent à se laisser toucher par la foi des hommes. Abandonnant le monde de l’espionnage, Ken Follett, le maître du suspense, nous livre avec Les Piliers de la Terre une œuvre monumentale dont l’intrigue, aux rebonds incessants, s’appuie sur un extraordinaire travail d’historien. Promené de pendaisons en meurtres, des forêts anglaises au cœur de l’Andalousie, de Tours à Saint-Denis, le lecteur se trouve irrésistiblement happé dans le tourbillon d’une superbe épopée romanesque.

Ça y est, après plusieurs jours de lecture d’affilés, j’ai terminé ce pavé de 1050 pages, mais je ne regrette nullement, bien au contraire. J’en entends parlé depuis un bon moment, mais je savais qu’on classait cette œuvre dans la catégorie des romans historiques et jusqu’à présent, j’avais beaucoup de mal avec ce genre littéraire. Maintenant, ce n’est plus le cas. Alors il est vrai que j’ai quand même mis du temps à le lire, pour différentes raisons: je prends mon temps surtout lorsqu’il y a des descriptions détaillées, je m’arrête souvent, cherchant désespérément à me les représenter, à imaginer les transepts de la cathédrales, les voûtes, etc… Et lorsque j’y arrive, je suis totalement dans l’œuvre et j’aime ça. Bon, ok, parmi les autres raisons m’ayant retardée, j’ai les enfants ou le chat qui m’interrompent souvent, le ménage à faire, les coups de fil, les parties de MMO avec les potes, etc… Mais je n’ai pas abandonné, au contraire et j’ai réussi en moins de 2 semaines à le finir  ^^. Je lirai la « suite » (Un Monde sans fin, une suite sans en être une :P) avec grand plaisir, seulement, j’attendrais d’avoir du temps pour cela, sinon, je vais vite piétiner et ce frein va vite me saouler et me décourager.

J’ai adoré, il n’y a pas de mots assez fort pour exprimer tout ce que cette lecture a éveillé en moi: je suis passée par tellement d’émotions différentes -la sérénité, l’inquiétude, la colère, l’apaisement, l’incompréhension, la rage, etc… Ça faisait longtemps qu’un bouquin ne m’avait pas autant fait vibré.
Je me suis pas mal attachée à un certain nombre de personnages, j’en ai détesté quelques uns également. D’ailleurs, en parlant de cela, je ne peux m’empêcher de penser principalement au grand méchant de cette œuvre: une expression qui est tout à fait lui m’est venue au fur et à mesure de ma lecture, et c’est sûrement « bête et méchant ». Ça lui correspond tellement que c’en est effrayant. Bon, lorsque je suis arrivée à la fin du livre, ça s’était davantage transformé en stupide et cruel, mais l’idée est là. J’en ai lu des livres avec des supers vilains, je n’en ai jamais détesté aucun autre autant que ce personnage, c’est dire s’il est réussi comme méchant; et à côté de lui, certains passent quand même presque pour ridicule comparé, peut-être parce que ce qui le rend si détestable ce sont les descriptions et les détails de ses méfaits.
Je pense que l’auteur a bien réussi à amener le lecteur là où il le souhaitait: à aimer certains personnages, à nous faire réfléchir à certaines situations, à nous faire détester certains autres protagonistes, après tout, comment ne pas les haïr lorsqu’ils tuent la population pour des sentiments aussi répugnants -mais terriblement bien décrits- que l’avidité, la convoitise, la jalousie, etc… et d’autant plus quand on sait qu’ils vont forcément recommencer avec une violence encore plus exacerbée, alors que les moines, persuadés de la bonté humaine et de la miséricorde de Dieu, ne voient rien venir ! Je n’ai qu’un bémol à faire: ses personnages sont trop manichéens, y a aucun doute quant à leur camp, aucune sympathie n’est accordé aux vilains, pourtant, l’homme n’est pas tout blanc ou tout noir, mais je pense que c’était nécessaire pour rendre l’œuvre mémorable et quand même fidèle aux mentalités de l’époque.

Rien que d’en parler, je revois les scènes, les décors, les événements, je suis parcourue par plein de sentiments contradictoires. Je ne pense pas le relire, parce qu’il est quand même énorme et que j’ai envie de lire plein d’autres choses à côté, mais il restera parmi mes livres préférés !

Lavinia

Ça y est, j’ai déjà fini Lavinia d’Ursula Le Guin. Bon, ça n’a rien d’étonnant, c’était tellement bien! ^^ bref, vous l’aurez compris, j’ai vraiment aimé.  J’ai vu qu’on l’avait classé dans la catégorie Fantasy… J’avoue que je comprends difficilement ce choix. Certes, c’est une histoire imaginaire qui présente quelques faits irrationnels, mais c’est un livre qui puise sa source dans le bouquin l’Enéide de Virgile, une suite sans vraiment l’être à la guerre de Troie. Sans compter que l’auteur s’est inspiré de rites et de croyances anciennes latines avec ce qu’on en sait et suppose, bref, un contexte plus ou moins connu. En tout cas, ce n’est pas de la fantasy comme j’ai l’habitude d’en lire.

Ça ne m’a pas empêché de vraiment apprécier ce roman, j’ai aimé m’obliger à me rappeler les histoires que j’en ai  lu dans l’Enéide puisque par moment, cela retrace le périple des Troyens et d’Enée jusqu’au Latium, même si j’ai vraiment trouvé cela bizarre que ce livre s’encre dans un autre. L’histoire était lente, mais nullement longue. Les combats sont vus de loin par la narratrice… une femme, qui vit la guerre à ses portes mais de loin, qui lutte et évolue dans un monde dirigé par les hommes, et qui malgré tout remplissait son rôle de fille, de femme puis de mère dans la maison.

J’avais hâte de lire ce livre puisqu’il m’a été offert par une bonne amie. Hi hi! C’est son  ami, Genkis, qui a fait l’illustration, il m’a même signé le livre! Ça m’a trop fait plaisir d’autant qu’elle est trop belle! Donc comme dit, j’avais hâte de le lire, mais maintenant, je suis presque déçue de l’avoir déjà fini; même s’il aurait difficilement pu être plus long. Bref, il est vraiment parfait tel qu’il est ^^

Résumé: « Comme Hélène de Sparte j’ai causé une guerre. La sienne, ce fut en se laissant prendre par les hommes qui la voulaient ; la mienne, en refusant d’être donnée, d’être prise, en choisissant mon homme et mon destin. L’homme était illustre, le destin obscur : un bon équilibre. »
Dans l’
Énéide, Virgile ne la cite qu’une fois. Jamais il ne lui donne la parole. Prise dans les filets du poète qui n’écrira l’épopée des origines de Rome que des siècles plus tard et sans avoir le temps de l’achever avant sa mort, Lavinia transforme sa condition en destin. De ce qui sera écrit elle fait une vie de son choix. Et cela dans la douceur amère et la passion maîtrisée que suscite son improbable position : elle se veut libre mais tout est dit.
Lavinia a obtenu le Locus Award 2009, le prix de la plus prestigieuse revue américaine consacrée au domaine de l’imaginaire.
C’est, en dit le critique, « certainement le meilleur ouvrage pour adultes de l’auteur depuis des décennies ».