Pâques mortelles à Saint-Benoît – Chantal Gerbaud

Titre : Pâques mortelles à Saint-Benoît
Auteur : Chantal Gerbaud
Éditeur : La Bouinotte
Nombre de pages : 152
Quatrième de couverture : Le trouble s’installe à Saint-Benoît, petit village de la Marche, entre Berry et Limousin à la fin du 13ème siècle. Alors que l’on prépare les fêtes de Pâques, on découvre le corps sans vie d’un moine.
Quelques heures plus tard, un enfant, fils d’un des juifs de la cité, est atrocement mutilé par un cochon errant. La jeune fille chargée de le surveiller disparaît. Un nouveau drame qui va mettre en péril la paix régnant sur cet arpent de royaume. Le prieur du monastère s’improvise détective, tout en pactisant avec le seigneur du village voisin qui s’emploie à maintenir son emprise sur la communauté juive.
Une enquête qui révèle bien des secrets enfouis, tout en dévoilant le fonctionnement et les rapports humains d’une cité médiévale.

Je tiens tout d’abord à remercier la Masse critique Babelio ai si que les éditions la Bouinotte pour la confiance qu’ils m’ont accordée.
Le résumé m’avait bien plu et a suscité ma curiosité. J’avoue que je m’attendais à une enquête policière moyenâgeuse un peu à la Cadfael, or, ce n’est pas du tout le cas, ce qui m’a agréablement surprise. Le scénario est bien plus “simple” et on sent bien que ce qui compte surtout, c’est l’ambiance instaurée et le contexte historique, notamment les relations entre Chrétiens et Juifs.

Hélie, le prieur du monastère de Saint-Benoît est en pleine préparation des fêtes de Pâques lorsqu’il est informé de deux événements tragiques :
– Barthélemy, l’un de ses moines, a été retrouvé mort, après examen du corps, il s’avère qu’il a été assassiné, mais par qui ? Le monastère étant fermé, s’agit-il d’un moine ? Dans ce cas, quelles sont ses motivations ?
– Moïse, le petit garçon des Bonfils, a été attaqué par un cochon. Comment un tel drame a-t-il pu arriver alors qu’il était sous la surveillance de la jeune Jeanne ? Et surtout, pourquoi l’a-t-elle sorti alors qu’il a été demandé aux Juifs (partout en France à priori) de rester chez eux lors de la Semaine Sainte ?
Ne pouvant tout gérer, Hélie décide de contacter le seigneur Hughes de Brosse avec qui les relations sont tendues, et de le laisser gérer l’accident du fils de la famille juive.

Les bases de l’histoire sont posées et j’espère qu’elles auront réussi à éveiller votre curiosité parce qu’en ce qui me concerne, j’ai eu du mal à lâcher ce roman et il aura fallu une gastro pour me ralentir.

J’ai aimé les personnages principaux que j’ai trouvés travaillés. Au fil des pages, on en apprend beaucoup sur Hélie, les difficultés relationnelles politiques qu’il rencontre en tant que prieur, mais aussi son passé et comment il est arrivé à cette fonction. Ça le rend attachant. C’est aussi le cas de Jeanne qu’on connaît à travers les dires des autres, ainsi que lors du récit des faits qui m’ont touchés.
J’ai moins apprécié le noble Hughes de Brosse en raison de sa façon de traiter les femmes. C’est cohérent avec l’époque, mais ça m’a fait grincer des dents. Par contre, sa femme, Isabelle, rattrape largement les manières de son époux et je l’ai adorée… tout en la plaignant quand même.

Ce qui est dommage, c’est que les moines sont passés trop rapidement en revue. On sait d’eux le strict minimum… du coup, l’enquête de la mort du frère Barthélemy est rapide, très linéaire et sans surprise. Ne pas pouvoir suspecter untel ou untel m’a laissé sur ma faim. Il est quand même à noter que les motifs de ce décès ont soulevé quelques réflexions sur les mœurs de l’époque, celles plus anciennes et ouvrent le débat sur celles actuelles. Bon, impossible d’être plus claire sans spoiler, donc il faudra se contenter de ces explications à demi-mots.

J’ai beaucoup aimé cette lecture. Je regrette juste qu’elle fut si rapide et si courte.