Les délices de Tokyo – Durian Sukegawa

Titre: Les délices de Tokyo
Auteur: Durian Sukegawa
Éditeur: Albin Michel
Format: Ebook
Nombre de pages: 239
Quatrième de couverture« Écoutez la voix des haricots » : tel est le secret de Tokue, une vieille dame aux doigts mystérieusement déformés, pour réussir le an, la pâte de haricots rouges qui accompagne les dorayaki, des pâtisseries japonaises. Sentarô, qui a accepté d’embaucher Tokue dans son échoppe, voit sa clientèle doubler du jour au lendemain, conquise par ses talents de pâtissière. Mais la vieille dame cache un secret moins avouable et disparaît comme elle était apparue, laissant Sentarô interpréter à sa façon la leçon qu’elle lui a fait partager.

Ma panne de lecture ne passant pas et mon besoin de jouer étant encore extrêmement present, avancer dans ce roman m’a pris énormément de temps sachant que ce n’était absolument pas justifié parce qu’il est vraiment très très bien.

L’auteur a réussi à créer des personnages attachants. Ses protagonistes sont au nombre de trois : Sentarô le patron de la boutique de dorayakis, Tokue une vieille dame qui possède le talent de concocter une délicieuse pâte de haricot rouge et finit par travailler à l’échoppe  ainsi que Wakane une cliente, adolescente, moins présente que les autres mais tout aussi importante.
Ils sont d’âge différent, ont grandi à des époques différentes et dans des milieux différents ; pourtant, ils ont quelque chose qui les relit : chacun a eu un passé et un présent délicat qui les a marqués et tous se sentent prisonnier que ce soit au sein de leur famille, de la société qui les juge, etc.

Si on exclut les personnages, ce roman a bien d’autres points forts :
un récit intrigant dans un premier temps, on se pose énormément de question : d’abord qui est Tokue et qu’est-ce qui l’amène dans le coin? Pourquoi un tel intérêt pour Sentarô et la boutique de dorayakis ? Quelle maladie a bien pu causer de tels dégâts à ses doigts ? etc.
une histoire particulièrement entêtante, surtout dans la première moitié : on se laisse volontiers porter par l’ambiance si spéciale qu’instaure Tokue quand elle prépare la pâte de haricot rouge. Sa passion pour la cuisine est communicative et c’est un régal de sentir cela passer au travers de Sentarô raffermissant sa volonté de maintenir la boutique à flot, de parvenir à la hauteur du talent culinaire de son employée.
les leçons de vie prodiguées au fil des pages.

Seul bémol en ce qui me concerne : la fin. Je ne peux pas en parler ouvertement sans spoiler et le terme de « fin » est trop vague, donc disons la décision finale de Sentarô.

Bref, j’ai adoré cette lecture, j’ai vibré avec chacun des personnages, je me suis volontiers laissé emporter dans ce petit quartier de Tokyo. Maintenant, j’ai hâte de découvrir le film dont j’ai entendu énormément de bien.

Challenge LEAF Le Manège de PsylookChallenge LEAF : 26/50

Un impossible conte de fées – Yujoo Han

Titre: Un impossible conte de fées
Auteure: Yujoo Han
Éditeur: Decrescenzo
Nombre de pages: 260
Quatrième de couverture: Mia et La môme se côtoient sans se connaître. Elles sont camarades de classe. Mia possède tout ce qu’un enfant peut désirer dans la vie, sauf l’essentiel. Quant à La môme, elle n’a pas cette chance. Autant dire que les deux écolières n’ont en apparence aucun point commun. Pourtant, ce soir-là, un jeu innocent et cruel débute. C’est ce que La môme attendait…
Ce roman est un tour de force. En mettant en scène une gamine et son ombre, Han Yujoo rappelle, à nous adultes, combien l’enfance nous poursuit, sous une forme ou une autre, toute notre vie.

Cet impossible conte de fées, une fois ouvert, ne peut plus être lâché. Il convoque tous nos sens : la vue, l’ouïe, la parole, le toucher sont remis en cause dans leur efficacité à approcher la vraie vie. Et si la narratrice et l’auteure ne font qu’une, c’est pour mieux nous rappeler que notre vie est une éternelle enfance.

Je tiens tout d’abord à remercier Babelio  ainsi que les éditions Decrescenzo qui m’ont permis de découvrir cette lecture si particulière.

Mon choix s’était porté  sur ce roman notamment, en raison du résumé qui m’a interpellée et donnée grandement envie de voir ce que l’auteure nous réservait : comment pouvait-elle allier le fait que notre vie est une éternelle enfance avec le fameux jeu innocent et cruel qui débute ?
Je dois bien avouer que je n’ai pas la réponse. Tout au long de ma lecture, je me suis souvent demandée si la quatrième de couverture correspondait réellement à ce que je lisais et je l’ai relue à plusieurs reprises sans réussir à me faire une idée.
Je suis plutôt hétéroclite au niveau de mes lectures, même si j’ai une nette préférence pour ceux issus de l’imaginaire. J’ai souvent découvert des romans étranges mais aucun n’a été aussi déplaisant que celui-ci. Je pense que je suis malheureusement passée complètement à côté.

Comme dit dans le résumé, on suit deux personnages principaux, Mia et la môme – même si cette dernière prend rapidement de l’ampleur au point qu’on retient principalement sa présence à elle. Elle a un côté dérangeant pour une fillette : elle est discrète, effacée, limite invisible. Elle a l’air d’envier les autres mais rien n’est moins sûr. Elle fait des trucs bizarres, inutiles et ce, sans réelle raison. Je l’ai trouvée obsessionnellement parano et elle fait des trucs insensés pour justifier ses hantises. Ça, c’est pour la première partie.
Dans la seconde, on suit au début l’auteure qui a écrit la section précédente, d’abord à travers des rêves aussi étranges qu’intéressant, puis elle finit par avoir des hallucinations et parler à ses créations en justifiant notamment ses choix.

Alors raconté comme ça, ça me donnerait presque envie de le lire… presque.
Je pense que le style d’écriture de l’auteure est à l’origine des soucis que j’ai rencontrés.
Déjà, elle use et abuse des effets d’insistance en multipliant les répétitions. Ça passe de temps en temps, mais là, c’est constamment ; ça alourdit le récit et ça rend la lecture ennuyeuse et laborieuse.
De plus, on a droit à un certain nombre de passages très flous, principalement lors d’actions. Je me souviens d’une scène où une camarade de classe, Kim In-jung, suit la môme qui possède le double des clés de sa classe – détail hyper important dans le récit -, les deux finissent par rouler dans l’herbe sur la pelouse (on ne sait pas trop comment), avec un couteau (objet qui a également son importance) et ça finit avec du sang… J’ai relu le passage trois fois et pas moyen de savoir ce qu’il s’est passé – je subodore que la môme ait saigné du nez, uniquement parce que ses nombreux saignements sont évoqués dans la seconde partie. Bref, tout au long du roman, on trouve un paquet de passages du genre… c’est exaspérant et ça m’énerve, ça rend une fois de plus la lecture laborieuse…
Par contre, il faut laisser à l’auteure le fait que lorsqu’elle décrit des scènes de bout en bout, elles deviennent impressionnantes : que ce soit les moments avec les poussins, le chaton sur le toit-terrasse ou l’événement final, c’était dérangeant, oppressant, génial au final… Je m’attendais à ce que la totalité du livre soit ainsi mais non.

Du coup, c’est malheureusement une déception pour cette lecture, certes poétique par moment, mais nébuleuse la majorité du temps.

Challenge - Coupe des 4 maisonsChallenge Coupe des 4 maisons :
7ème année : Cho Chang – un livre où le héros est asiatique – 60 points

Un heureux événement – Éliette Abécassis

Titre: Un heureux événement
Auteur: Éliette Abécassis
Éditeur: Albin Michel
Nombre de pages: 222
Quatrième de couverture » Désormais ma vie ne m’appartenait plus. Je n’étais plus qu’un creux, un vide, un néant. Désormais, j’étais mère.  » E. A.
Violent, sincère, impudique, le nouveau roman d’Éliette Abécassis brise les tabous sur la maternité, cet  » heureux événement  » qui n’est peut-être qu’une idéologie fabriquée de toutes pièces.

J’ai lu ce livre pour mon challenge Coupe des 4 maisons afin qu’il cadre avec l’item éphémère Molly Weasley. J’hésitais entre plusieurs lectures mais j’ai opté pour celui-ci parce que les critiques le considéraient comme un roman noir sur la maternité. Il faut bien avouer qu’il n’est pas particulièrement gai.

Personnellement, je ne l’ai pas trouvé sombre mais particulièrement réaliste et il n’en est que plus intéressant pour cela. On vit dans une société où, en effet, on a construit tout un mythe sur le bonheur d’être parents sans jamais parler de ce qu’on y perd, ni même du prix à payer, puisque tout a toujours un prix. Et à force de faire passer des vessies pour des lanternes, on se se sent complètement désœuvré lorsqu’on se retrouve face à tous les sentiments contradictoires ressentis tout au long de notre parcours de mère en devenir.
Alors bien sûr qu’on est heureuse d’être enceinte si l’enfant est voulu mais soyons réaliste, quand on nous l’annonce dans un premier temps (surtout si cela vient plus tôt que nos prévisions le laissaient espérer), c’est la fin du monde, on réalise qu’on vient de perdre notre liberté et de s’attacher un parasite qui grandit dans notre ventre puis passera ses premiers mois coller à notre sein, ne nous laissant pas respirer sauf pour faire caca et là, ça devient un p**ain de sac-à-caca qui fait jusqu’à trois fois par jour.
Chacun a son vécu personnel avec la grossesse puis le rôle de mère qui en découle mais il n’empêche que certains voire beaucoup parviennent à se leurrer plus facilement que d’autres, autres qui de toute façon n’en parlent pas parce que ne pas aimer inconditionnellement son enfant, devoir apprendre à aimer ce truc qui surgit dans notre vie de couple, concilier la vie amoureuse qui est mise en suspens quelques mois et essayer désespérément de ne pas se perdre dans son rôle si prenant de parents, avoir du mal à accepter de ne plus être un individu mais un esclave des désirs de ces petit d’hommes, c’est être cruel, égoïste et surtout une mère indigne à la limite du monstre – eh ben non, c’est être humain et c’est un peu ça le thème de ce roman (je suis probablement plus crue dans mes paroles qu’ l’auteure, hein !).
Et ça fait un bien fou de pouvoir lire ce ressenti – le seul bémol en ce qui me concerne est que la culpabilité qu’on ressent dans ces cas-là n’est que très vaguement évoquée dans un heureux événement alors que c’est quand même le sentiment qui nous met le plus à mal dans une telle situation.

Je suis bien consciente que c’est un roman que j’aurais détesté lire avant d’être enceinte. Par contre, il m’aurait été nécessaire une fois engrossée rien que pour avoir la sensation de ne pas me sentir seule face à ces sentiments contradictoires (amour / haine – besoin d’être seule / besoin d’avoir son enfant avec soi – soulagement quand on le laisse en garde / culpabilité face à ce soulagement – envie d’être seulement femme / envie de n’être que mère – désir d’être belle et désirable / désir d’être à l’aise rimant avec sapée comme un sac, etc.), et moins coupables, lorsque ça arrive parce que quand on réalise que ça ne va pas, on ne le dit pas, on le cache comme un vilain secret honteux – pas étonnant qu’il y ait tant de dépression chez les jeunes mères…
Bref, j’ai beaucoup aimé cette lecture, j’aurais sûrement adoré si certains points n’étaient pas un peu trop répétés à mon goût, ça alourdissait un peu le récit. Et je ne peux que le conseiller aux futurs parents, ça peut être un bon guide pour comprendre l’autre mais surtout pour se sentir plus léger quand tout ne se passe pas comme ça devrait, enfin, c’est ce qu’on nous fait croire.

Challenge - Coupe des 4 maisonsChallenge Coupe des 4 maisons :
Item éphémère (entre le 28 mai et le 4 juin) : MOLLY WEASLEY – un livre où l’héroïne est une maman (femme enceinte y compris) – 225 points

Damoclès – Fatou Ndong

damoclesTitre: Damoclès
Auteur: Fatou Ndong
Éditeur: Anyway Editions
Nombre de pages: 336
Quatrième de couverture: Madelyn Johnson, jeune afro-américaine de 17 ans pleine de vie, va malgré elle apprendre que tous les « blancs » ne sont pas tolérants face aux gens de « couleur ».
Nous découvrirons l’évolution du racisme à travers les années avec les combats de Malcom X et Martin Luther King.
Une histoire poignante qui vous poussera à réfléchir sur le racisme qui est malheureusement toujours présent de nos jours.

Dans un premier temps, je tenais à remercier Babelio pour leur masse critique aussi bien qu’Anyway Editions grâce à qui j’ai pu découvrir ce roman – j’avoue que je connaissais déjà ce titre et la couverture me faisait de l’œil. Je la trouve chouette et totalement dans le thème de Damoclès.

Comme l’annonce le résumé, on suit Madelyn Johnson, une jeune fille noire qui se partage entre deux mondes : celui des « blancs » par le biais de sa mère qui travaille pour la famille Harper et dont l’un des fils est son ami (relation interdite, au passage) et celui des « noirs » avec ses amis, le quartier ou elle vit, etc.
Mais le gros point fort de ce roman est qu’on n’a pas que la vision de Maddy : on passe d’un personnage à l’autre (que ce soit le gentil Sebastian, Sean le raciste, Paul ou Meggie Harper avec leur comportement typique des américains blancs vivant dans le Mississippi, etc.) ; chaque chapitre est annoncé par le nom du héros qui va parler et le récit se fait à la première personne comme c’est le cas pour un journal intime ; chacun nous raconte les événements et la façon dont ils les ont vécus – ce qui nous donne un point de vue différent parfois sur un même passage. C’est un peu déroutant par moment et cela demande de la concentration pour passer de l’un à l’autre facilement mais c’est plaisant d’avoir l’avis de tous, blancs comme noirs, chaque partie s’affrontant de manière différente : l’une haineuse ou indifférente à la ségrégation raciale, l’autre soumise mais de moins en moins.
C’est difficile d’en parler parce que le roman ne s’arrête pas à une seule opinion, les personnages ne sont pas manichéens, ils sont gris si  j’ose dire et le bien et le mal se côtoie dans chacun (que ce soit l’étroitesse d’esprit, la jalousie, la compréhension, l’amour, etc.)

Dans la première moitié, j’ai trouvé que l’histoire était moins sombre que ce à quoi je m’attendais, principalement parce que je n’ai pas vraiment eu peur pour Madelyn ; on y vit les événements racistes qui touchent la population noire de loin, que ce soit dans les souvenirs des Johnson, ou de par les yeux de Sean que cela amuse.
Par la suite, et j’entends par là dès le moment où la mère de Maddy est prise à partie, l’ambiance devient beaucoup plus stressante, et à partir de cet événement, le ton est plus glauque et on craint pour la vie des personnages. Il m’a été très difficile d’arrêter ma lecture dans la seconde moitié du récit.
J’ai également apprécié deux détails d’importance : tout au long du roman, on a droit à des parties de discours de Malcolm X, de Martin Luther King ou de Medgar Evers – trois piliers de la lutte anti-discrimination, personnellement, j’ai découvert le dernier que je ne connaissais pas même de nom. Mais également des extraits de textes issus d’arrêtés de la loi Jim Crow promulguant la ségrégation raciale. C’était très intéressant.

Bref, si le début m’a laissée perplexe, j’ai adoré la seconde moitié, et je ne parlerai pas de la fin qui m’a laissée sans voix…

Pas Maintenant – Delphine Dumouchel

Pas maintenantTitre: Pas Maintenant
Auteur: Delphine Dumouchel
Éditeur: Anyway Editions
Format: E-Book
Quatrième de couverture: « Je voulais encore aimer, jouer,
Sauter, crier
Être un enfant. »
Une mélodie, des paroles… Mais surtout les regrets d’une vie.
William a souvent fauté par le passé.
S’engager est-il un bon choix pour se faire pardonner ?

Je me serais bien achetée cette petite nouvelle en version papier, seulement, elle n’existe qu’en version e-book. La raison en est simple, comme beaucoup de nouvelles, elle est courte, ce qui explique également son petit prix (0,99€)

Cela faisait un moment que je voulais le lire, la couverture me plaisait bien, et j’ai vu passer un certain nombre d’avis plus que positif. Et c’est là que généralement, je suis déçue par ma lecture, pas cette fois ! Ça a été une très bonne découverte, d’autant plus que cela fait pas mal de semaines que je suis en panne livresque et ça a débloqué quelque chose rendant mes lectures en cours moins dures.

Ce que j’ai aimé :
– Il se lit super bien et super TROP vite, il est particulièrement addictif, j’ai eu beaucoup de mal à m’interrompre la nuit dernière alors que la fatigue était bien présente.
Le personnage principal William est travaillé et complet : en peu de mots, l’auteure parvient à nous dépeindre l’état d’esprit de son héros mais également ses motivations – alors pas forcément tout son caractère, mais le principal, celui qui l’amène à sa chute. J’ai été bluffé, je pensais que ce serait plus superficiel.

Le seul point négatif est qu’elle est trop courte, on a à peine le temps de se délecter du style d’écriture de l’auteure que c’est déjà terminé.

J’ai adoré cette lecture, je suis à deux doigts du coup de cœur (il ne manque qu’un peu plus de longueur).