La mécanique du cœur – Mathias Malzieu

la mécanique du coeur - mathias malzieuTitre: La mécanique du cœur
Auteur: Mathias Malzieu
Éditeur: J’ai Lu
Nombre de pages: 155
Quatrième de couverture:
Édimbourg, 1874 : le jour le plus froid du monde. Lorsque Jack naît, son cœur gelé se brise immédiatement. La sage-femme le remplace par une horloge et le sauve.
Depuis lors, il doit prendre soin d’en remonter chaque matin le mécanisme. Mais gare aux passions ! Le regard de braise d’une petite chanteuse andalouse va mettre le cœur de Jack à rude épreuve…

Je ne sais pas trop quoi dire sur ce livre si ce n’est que j’ai adoré. J’avais envie depuis très longtemps de le lire et je suis ravie de m’être enfin lancée dans l’aventure.
Il se lit très rapidement, il ne m’a fallu que deux jours et une fois commencé, j’ai eu du mal à arrêter ma lecture tellement je l’ai trouvée prenant.
J’avais déjà lu un conte de cet auteur: Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi, mais j’avais nettement moins aimé, je crois que j’ai trouvé La Mécanique du cœur plus mature et surtout plus complète comme lecture. Le style de Mathias Malzieu est beaucoup plus poétique dans ce livre-ci, peut-être aussi que cette histoire me parlait plus – « je t’aime de travers parce que je suis un détraqué du cœur de naissance », ces paroles de Jack résument parfaitement mon ressenti – en tout cas, j’ai vraiment aimé.

la mécanique du coeur dionysosJe n’ai eu aucun mal à m’imaginer le monde dans lequel évoluait Little Jack, je me suis attachée à chacun des personnages que ce soit Madeleine, Joe, Miss Acacia ou Méliès ; il sont à la fois complexes et complets.
Par contre, j’avoue que j’ai été très surprise par la fin, je ne m’y attendais pas du tout. Ça m’a un peu déçue et en même temps, j’ai trouvé qu’elle était totalement en accord avec la globalité du conte ainsi qu’avec l’évolution ou la non-évolution des personnages.

Bref, j’ai adoré, j’aurai aimé qu’il soit plus long. Maintenant qu’il est terminé, j’ai comme un vide.

Je passe à 6/26.
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Le Palais aux Enfants – Nancy Guilbert & Leïla Brent

Le palais aux enfants - Nancy Guilbert & Leïla BrentTitre: Le Palais aux Enfants
Auteures: Nancy Guilbert & Leïla Brent
Éditeur: Grenouille éditions
Nombre de pages: 26
Quatrième de couverture:
Un magnifique conte de princesse, semé d’embûches, de rire et de bonheur…

La première fois que j’ai vu cet album, c’était pour une Masse Critique Babelio, j’avais postulé pour l’avoir parce que je trouvais la couverture très jolie, très colorée. Bon, je ne l’avais pas reçu à ce moment mais je me l’étais notée pour pouvoir l’offrir ou le faire offrir à ma fille. Et autant vous dire qu’après lecture, aucune de nous deux ne fut déçue par ce magnifique album.

Parlons déjà de la couverture. Le titre « Le Palais aux enfants » m’a fait pensé à un lieu de jeu pour les enfants ou à une confiserie et j’avoue que les couleurs acidulées renvoient drôlement bien à cette dernière idée.
Alors on ne le voit pas sur l’image de couverture, mais un certain nombre de détails sont mis en relief et pailletés: le titre pour commencer, le château et le chemin sur les collines. Je prends autant de plaisir à la regarder qu’à la toucher.

Le Palais aux enfants - page de gardeLa typographie m’a bien plu: elle est relativement simple, pas trop grosse mais pas trop petite non plus. Et certains caractères sortent de l’ordinaire: la première lettre de chaque page ainsi que quelques mots éparpillés de-ci de-là. Ils sont mis en gras, d’un style un peu plus gothique avec quand même pas mal de spirales agrémentant le tout (cf ci-dessus). Par contre, je n’ai pas encore compris quel fut le critère de choix pour ces mots, leur importance, le rendu du mot dans le paragraphe, sûrement pas la facilité de lecture pour les enfants par contre. C’est la seule chose qui me chipote un peu.

Le Palais aux enfants p5Les dessins sont très doux, tout en rondeur. Les émotions passent parfaitement à travers le visage des personnages sans que nous ayons besoin de texte. Les couleurs ont beau être acidulées, je les ai malgré tout trouvé très douce, absolument pas agressive. J’ai trouvé également agréable que cela puisse être une histoire aussi bien pour garçon que pour filles.
Pour l’histoire, j’ai adoré, même si je ne m’attendais pas à ça. Je pensais que le récit porterai principalement sur les difficultés de parvenir jusqu’au château pour y adopter un enfant, mais non. Le voyage en est relativement court. Par contre, une fois arrivés là-bas, les épreuves se multiplient: au premier abord, on a l’impression que c’est un test pour prouver que le roi et la reine sont aptes à élever un enfant, mais je reste persuadé que ces tests servent surtout à les préparer pour ce qui les attends par le biais de la persévérance, la patience, le travail…

Un conte au final très proche de la réalité tout en restant une très belle histoire. Je pense que je peux dire sans problème que c’est un coup de cœur ^_^

Le Palais aux enfants p10

La grammaire est une chanson douce – Erik Orsenna

La grammaire est une chanson douce - Erik OrsennaTitre: La grammaire est une chanson douce
Auteur: Erik Orsenna
Éditeur: Editions Stock
Nombre de pages: 136
Quatrième de couverture:
« Elle était là, immobile sur son lit, la petite phrase bien connue, trop connue : Je t’aime.
Trois mots maigres et pâles, si pâles. Les sept lettres ressortaient à peine sur la blancheur des draps.
Il me sembla qu’elle nous souriait, la petite phrase.
Il me sembla qu’elle nous parlait :
– Je suis un peu fatiguée. Il paraît que j’ai trop travaillé. Il faut que je me repose.
– Allons, allons, Je t’aime, lui répondit Monsieur Henri, je te connais. Depuis le temps que tu existes. Tu es solide. Quelques jours de repos et tu seras sur pied.
Monsieur Henri était aussi bouleversé que moi.
Tout le monde dit et répète « Je t’aime ». Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement, les mots s’usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver. »

Comme Lulu La Tortue vous l’a annoncé dans le premier article de septembre, nous avons décidé d’écrire nos articles en fonction du thème du mois, cette fois-ci, la rentrée est à l’honneur.
J’ai donc choisi ce livre en fonction du titre. Je ne savais absolument pas ce que ça allait donné ni même si cela collerait réellement avec le thème, maintenant, je peux affirmer que si.

La quatrième de couverture ne nous donne que peu d’indice quant à l’histoire, par contre, on peut clairement se faire d’ores et déjà une idée sur le style de l’auteur, c’est aussi agréable à lire du début à la fin. Voici un petit résumé fait maison: Thomas et Jeanne se retrouvent naufragés sur une île suite à une tempête. Ils ont perdu leurs mots et ne peuvent donc plus parler. Ne sachant que faire, ils sont rapidement trouvés et recueillis par monsieur Henri et son neveu qui feront leur possible pour les aider à recouvrer la parole,Thomas grâce à la musique, Jeanne grâce à la grammaire.
Autant vous dire qu’on suit la jeune élève de 6ème et ça a été un réel plaisir. J’ai un peu cherché sur le net des images contenues dans le livre et je suis tombée sur le site consacré à ce livre, j’ai envie de vous en partager le lien parce que je le trouve très bien fait et intéressant:
http://www.erik-orsenna.com/grammaire_bienvenue.php

Ce livre m’a grandement parlé: je suis depuis la rentrée dans les révisions de CE1-CE2 avec mon fils. Et si les deux années précédentes ont été un calvaire, grammaticalement parlant mais pas que, les quelques semaines passées à réapprendre tout ce qu’ils ont à peine survolé l’an passé, ont été bien plus agréables. Mais j’ai pu constater que les bases acquises récemment étaient parfois fragiles : du coup, je lui ai lu quelques passages de ce livre qui l’ont fait rire et ça n’a fait qu’asseoir certaines connaissances, comme l’article et sa clochette annonçant le genre ou l’accord du nom avec l’adjectif. Je pense que je lui lirai encore un ou deux passages, notamment celui sur le temps des verbes qui est très bien expliqué sans être ennuyeux.

Ne rêvons pas, ce n’est pas un livre de grammaire, ça n’en explique que quelques bases mais de façon très poétique, un peu plus ludique. Ça peut réconcilier certains jeunes avec la grammaire, mais aussi certains parents. Le point qui m’a semblé le plus important, c’est que pendant toute l’histoire, on ne perd pas de vue l’importance qu’ont les règles de grammaire dans une langue quelle qu’elle soit, chose qu’on a parfois tendance à oublier.

Mais en dehors de la grammaire, c’est un petit conte frais, sympathique, drôle par moment et tellement vraie : une leçon de vie pour petits (à partir de la 6ème, je dirai) et grands que je conseille à tous.

« Sur des aventures que je n’ai pas eues » – Lucien

Sur des aventures que je n'ai pas eues - LucienTitre: « Sur des aventures que je n’ai pas eues »
Auteur: Lucien
Éditeur: Folio
Nombre de pages: 84
Quatrième de couverture:

Lucien, mû par le «désir de choses nouvelles», se lance dans une surprenante épopée aux confins du monde connu. Il rencontrera des femmes-vignes aussi enivrantes que des sirènes et de redoutables Cavaliers-Vautours. Avant d’être avalé par une baleine géante abritant des terres cultivées et d’étranges habitants, il participera à une guerre absurde entre habitants du Soleil et de la Lune, où s’affrontent Salades ailées, Lances Puces et Bombardiers-d’ail… Lucien, en précurseur de Rabelais, Cyrano de Bergerac et Voltaire, se moque avec truculence des travers des hommes : un grand éclat de rire!

Je voulais remercier les éditions Folio et la team Livraddict pour ce partenariat; ça a été une sympathique découverte.
Lorsque j’ai lu le résumé de ce livre, j’ai tout de suite su que je tenais à le lire. Il me semblait un peu fou et dépaysant et c’est ce que je cherchais dans cette œuvre, quelque chose de frais pour un été qui s’annonçait caniculaire.

Je n’ai été qu’à moitié déçue: le petit grain de folie est loin d’être aussi poussé que ce que j’espérais, mais il tient ses promesses quant à un dépaysement total. J’ai beaucoup aimé voyager avec le narrateur et son équipage sur leur navire flottant puis volant.
Il n’y avait que peu de descriptions, au vue du nombre de pages rien d’étonnant, pourtant, l’essentiel est dit: on peut ainsi se faire une idée suffisamment juste des peuples qu’on a pu rencontrer sans s’appesantir sur des détails qui aurait pu alourdir la lecture de ce voyage.

Je déplore quand même quelques points :
– on n’a pas le temps de s’attacher aux personnages quel qu’ils soient étant donné que le récit file à toute allure;
– par moment, j’ai eu l’impression assez forte que c’était un peu trop inspiré de l’Odyssée d’Homère -et ce n’est pas seulement dû aux nombreuses références à cet auteur qui m’ont donné cette impression; je pense que c’est voulu, mais du coup, je trouve que ça manquait parfois d’authenticité;
– et je n’ai pas aimé l’arrêt au pays des héros, ça m’a un peu ennuyé.

Par contre, j’ai beaucoup aimé les explications en fin de livres qui nous éclairent sur les références citées tout au long du récit: on trouve pas mal d’allusions à d’obscures légendes grecques ou des détails qu’on n’a pas forcément retenu de certains mythes connus. Le style de l’auteur est fluide et agréable, j’ai d’ailleurs été surprise de découvrir qu’il avait vécu en 120 après J.-C., j’aurai davantage dit qu’il était contemporain.
Le récit est frais, rapide et j’ai vécu un agréable voyage.

En gros, j’ai bien aimé « Sur des aventures que je n’ai pas eues » et si vous voulez vous changer les idées ou une lecture pas prise de tête, c’est le livre idéal pour cela.

Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi – Mathias Malzieu

Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toiTitre: Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi
Auteur: Mathias Malzieu
Éditeur: J’ai Lu
Nombre de pages: 151
Quatrième de couverture:  » Comment on va faire maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi ? Qu’est-ce que ça veut dire la vie sans toi ? Qu’est-ce qui se passe pour toi là ? Du rien? Du vide ? De la nuit, des choses de ciel, du réconfort ?  »
Mathias, une trentaine d’années mais une âme d’enfant, vient de perdre sa mère. Sans le géant qu’il rencontre sur le parking de l’hôpital, que serait-il devenu ? Giant Jack, 4,50 m,  » docteur en ombrologie « , soigne les gens atteints de deuil. Il donne à son protégé une ombre, des livres, la capacité de vivre encore et rêver malgré la douleur… Il le fera grandir.

Ce livre entre tout à fait dans le thème du mois: le passage du temps. Je voulais terminer sur cette lecture parce que j’estimais qu’après les Saisons, il fallait conclure avec un événement qui nous ferait grandir, nous forcerait à changer. Et quoi de plus marquant qu’un deuil ? Qu’est-ce qui peut nous transformer plus vite que ce triste événement ?

Le narrateur a perdu sa mère et depuis, il ne ressent qu’un grand vide. Il erre dans les lieux où elle a vécu ne trouvant que des ombres, des souvenirs fugaces. N’importe qui ayant vécu ce drame comprend tout à fait ce qu’il traverse. Les mois n’ont pas suffit à lui faire oublier cette impression de vide, les événements heureux non plus parce que les questions sur l’après restent sans réponses. Ce livre n’est pas une réponse à cette question existentielle.
C’est un charmant conte qui nous fait voyager, oublier pour un temps nos interrogations, mais j’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire, excepté à la fin. Je n’étais pas assez déconnectée de la réalité, du moins pas suffisamment tôt pour me plonger totalement dans le monde proposé, peut-être n’avais-je pas assez de recul. Ce n’est que lorsque Jack nous fait traverser les ombres en compagnie du narrateur que j’ai pu totalement me plaire dans cet univers – et ce n’est pas un spoil, on se doute depuis l’apparition du géant que ça finira ainsi ; malheureusement, ce n’est même pas le dernier tiers du roman.

J’ai beaucoup aimé le style narratif; il alterne entre des passages très poétiques et d’autres plus modernes, le contraste est par moment étrange, parfois violent, mais quand même agréable.
L’histoire aurait pu être triste à pleurer – elle n’est certes pas très gaie, mais on ne tombe pas dans le pathos, un bon point 🙂 Ça reste une tristesse empathique mais supportable.
Par contre, je suis incapable de dire si j’ai aimé ou non. Je tendrais à dire que oui parce qu’après tout, je suis bien incapable de dire du mal de cette œuvre, mais quelque chose me retient: peut-être le fait que je n’ai pas été totalement transportée.
Je pense que pour me faire une idée plus précise du monde de l’auteur, il faudra que je lise autre chose de lui.