La Belle contre l’Angelet – Barbara Cordier

Titre: La Belle contre l’Angelet
Auteure: Barbara Cordier
Éditeur: Luciférines
Nombre de pages: 170
Quatrième de couvertureAdulé par tous ses sujets, le prince Childéric n’imaginait pas tomber si bas : il rêvait d’une belle épouse et d’une vie digne de sa pureté, une fée l’a rendu abominablement laid. S’il ne trouve personne pour l’aimer avant son vingt-sixième anniversaire, le sort le privera de sa grâce à jamais. Comble du malheur, il ne reste au château qu’une soubrette qui lui inspire autant de désir que de mépris. L’arrivée d’un jeune homme perdu sur les traces de son père pourrait faire tout basculer.
Inspiré par différentes versions de La Belle et la Bête, La Belle contre l’Angelet révise les codes modernes du conte comme ses origines mondaines. Dans un univers faussement naïf où une intrigue peut en cacher une autre, chaque personnage devra apprendre à contourner ses valeurs pour que ses intérêts triomphent.

Dans un premier temps, je tenais à remercier Babelio qui m’ont sélectionnée pour ce titre lors de leur avant-dernière Masse Critique ; également un grand merci aux éditions Luciférines pour l’avoir proposé.

Étant une grande fan de la Belle et la Bête (je parle des versions cinématographies qu’elles soient en noir et blanc, en animé ou non), je ne pouvais pas passer à côté d’une telle œuvre. Jusqu’à présent, j’ai toujours été déçue par les différentes variantes lues et en ce qui me concerne, la pire a probablement été celle de Mme de Villeneuve que j’ai détestée.
Pour la première fois, la déception n’est pas au rendez-vous, elle en est même loin.

Déjà, je trouve que la couverture en jette (un peu comme toutes celles des éditions Luciférines, me direz-vous ! C’est pas faux.) Je ne me lasse pas de la regarder et lorsque je ne pouvais pas lire, elle n’était jamais très loin.
Dès les premières pages, on a droit à un chapitre assez complet sur le prince Childéric, son évolution, sa décadence qui ont conduit la fée à le maudire et à le transformer. Ça donne tout de suite le ton et j’ai immédiatement été emballée par le style d’écriture de Barbara Cordier qui est assez proche des contes classiques tout en restant largement abordable et agréable pour le commun des lecteurs.
On comprend assez vite qui est la Belle, même si j’ai douté un temps en raison de son statut social. Puis, après une ellipse qui équivaut à deux années de malédiction, entre en scène l’Angelet (c’est le nom du jeune homme perdu sur les traces de son père) avec sa droiture et ses illusions. Et là, on n’est plus sûr de rien : est-il aussi sympathique que ce qu’il montre ? Ses raisons de se méfier de la “Belle” sont-elles justifiées ? Quant à elle, est-elle aussi vertueuse que ce qu’elle laisse entrevoir ? A toutes ces questions, je répondrai “peut-être… ou peut-être pas”. Il vous faudra le lire pour vous en faire une idée plus claire.
En tout cas, dès le début, notre méfiance est mise à rude épreuve et j’ai été agréablement surprise par la tournure que prenaient les événements.

Ce que j’ai le plus aimé, c’est probablement la fin. Elle est étonnante et parfaitement cohérente avec la nature humaine – d’ailleurs, on sent bien tout au long de notre lecture que l’auteure l’a très bien comprise, cette nature humaine, mais également toutes les conséquences qui découlent de sentiments aussi ambivalents que la frustration, le désir, la jalousie, et bien d’autres encore. C’est du moins la sensation que m’a donnée la conclusion du conte.
Pour moi, c’est un coup de cœur : ce roman est passionnant, il est addictif, il est bien écrit et surtout sombre à souhait. Je me suis régalée.

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2ème année : Reliques de la mort – un livre avec un triangle amoureux dans l’histoire – 15 points

La véritable histoire de Noël – Marko Leino

Titre: La véritable histoire de Noël
Auteur: Marko Leino
Éditeur: Michel Lafon
Format: Ebook
Nombre de pages: 328
Quatrième de couverture: Au cœur de la Laponie, pays des neiges éternelles, le jeune orphelin Nicolas est recueilli par les habitants de son village. Mais ils sont tous trop pauvres pour pouvoir l’adopter. Le Conseil des Anciens prend alors une décision inédite : chaque année, le garçon sera pris en charge par une famille différente, et il en changera le jour de Noël.
Avec une étincelle d’espoir et de joie de vivre, Nicolas décide de se consacrer à sa passion : fabriquer des jouets. Le garçon va ainsi raviver l’émerveillement au cœur de cette région glacée. Et pourrait bien être à l’origine d’une des plus belles légendes.

Ça fait un moment que je désirais lire ce conte, mais jusqu’à présent, je n’en ai jamais pris le temps. J’ai donc profité du thème “cinéma” du mois de janvier pour le découvrir. De plus, c’était la transition parfaite entre la fin et le début d’année.

Dans l’ensemble, ça s’est laissé lire : c’est une lecture qui, le plus souvent, m’a fait du bien et m’a mise de bonne humeur. Par contre, à une ou deux reprises, j’ai dû faire une pause parce que je savais pertinemment ce qui allait arriver au pauvre Nicolas et je n’avais pas envie d’arriver à ces tristes parties – étant bien malade, il est probable que la force m’ait manqué pour poursuivre sans interruption. On sent bien que ces passages douloureux sont incontournables pour le cheminement du personnages mais ça ne les rend pas facile pour autant.
J’ai beaucoup aimé le héros, il est parfaitement décrit, du coup, je n’ai eu aucun mal à m’attacher à lui ; il est évident que les événements jouent sûrement une part importante dans les sentiments que le lecteur peut ressentir à son égard, mais pas que. Il est complet : on a son ressenti à chaque moment important de sa vie et il y en a.
Nicolas perd ses parents très jeune (je ne m’attendais pas aussi tôt), il est recueilli par le village de Korvajoki mais les habitants n’ayant pas les moyens de l’accueillir pendant plusieurs années décident de le prendre sous leur aile un an chacun, le changement de famille ayant lieu à Noël. Pour remercier ses hôtes, il confectionne des jouets sculptés qu’il offre secrètement à chaque enfant le matin de son départ. Huit années passent et il a fait le tour. La famine menace. C’est alors que le terrifiant et bourru ébéniste Iissakki se propose pour le former un an. La suite est facilement devinable.

D’ailleurs une bonne partie de l’histoire est prévisible, c’est sûrement pour cette raison qu’il ne m’a pas passionnée et que cela ne reste qu’une bonne lecture sans plus même si ça m’a mis du baume au cœur par moment.

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2ème
année : Portoloin – un livre qui ne se passe ni en France, ni aux USA, ni en Angleterre (hors mondes imaginaires) – 10 points

Challenge LEAF Le Manège de PsylookChallenge LEAF : 17/50

Iseult et Tristan – Yann Brekilien

iseult-et-tristanTitre: Iseult et Tristan
Auteur: Yann Brekilien
Éditeur: Éditions du Rocher
Nombre de pages: 173
Quatrième de couverture: Et si le personnage principal du mythe celtique de Tristan et Iseult n’était pas Tristan, mais Iseult ? La conception celtique du rôle de la femme est en effet aux antipodes des conceptions latine et germanique. Or le mythe nous a été transmis par ces traditions, et a donc été déformé. C’est cette déviation que Yann Brekilien, spécialiste de la mythologie celtique, s’applique à corriger, dans sa version réalisée à partir des récits les plus anciens. Nous ne sommes plus au Moyen Âge mais aux temps antiques. Iseult est une femme celte déterminée qui sait ce qu’elle veut, ne triche pas, et va tout sacrifier à l’amour sans partage qui embrase son cœur.

Mon chéri m’a offert ce livre parce qu’il savait que j’adorais le mythe de Tristan et Iseult que j’avais étudié au collège.
Je trouvais le principe de ce roman super intéressant : décrire le conte du point de vue d’Iseult. L’introduction est tout aussi séduisante nous replaçant l’histoire davantage dans le monde arthurien, nous promettant un voyage à travers les coutumes celtiques de cette époque.

Le début nous plonge dans un univers empli de magie avec notamment le passé de Marc’h qui a de sacrés similitudes avec le roi Midas mais également avec Barbe bleue. J’ai beaucoup aimé cette lecture jusqu’à la cérémonie d’épousailles d’Iseult. J’attendais avec impatience de voir comment l’auteur allait introduire le filtre d’amour, seulement, ce moment n’est jamais arrivé : les convives sont endormis grâce à une potion diluée dans leur boisson sauf pour Tristan et son ami. Puis l’héroïne demande alors au second de l’emmener loin mais comme il refuse, elle se rabat sur l’autre… Normal. Ce que j’appréciais dans le conte original que j’avais étudié, c’était justement que c’est Iseult qui fait le choix de Tristan en lui donnant le filtre ; alors d’accord l’histoire d’amour semble moins authentique mais, pas plus que dans ce récit où elle lui propose de fuir ensemble et qu’il se dise : “bah, pourquoi pas, j’ai rien d’autre à faire que de trahir mon père !” – oui, là, Marc’h est son paternel, pas son oncle.

Après cela, ça a été particulièrement ennuyeux et j’ai fini par lire en diagonal parce que je n’arrivais pas à avancer, l’envie de l’ouvrir n’était pas là. Donc, ils fuient et vivent dans la forêt où, à part faire la cuisine, elle n’a pas grand rôle, c’est son amant qui fait tout : il chasse, cueille, etc. Mais au moins, ils ont une part égale dans la narration. Ce qui n’est plus le cas dans le dernier tiers. Iseult n’est quasiment plus présente, on suit davantage Tristan qui évolue à la cour du roi Arthur et vit différents exploits.
A partir de là, cela devient plus épique, mais l’auteur m’avait lassée et je n’y ai pris aucun plaisir. Je pense que le souci venait non seulement du style d’écriture qui est un peu lourd mais surtout de nombreuses répétitions (quand Iseult et Tristan ont toutes les dix pages la même conversation, ça devient chiant ; quand le chapitre de la fontaine nous conte un premier récit et que Tristan le vit par la suite, c’est lourd, etc.). Tout cela, ajouté au fait que j’étais bien malade et qu’une lecture plus légère n’aurait pas été du luxe, je n’ai donc pas accroché…

Bref, inutile de m’attarder plus longtemps. Cette lecture est malheureusement une déception.

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2ème année : Pétards surprise – un livre que l’on t’a offert – 10 points

Mon petit Chaperon Rouge – Parisa Baro

mon-petit-chaperon-rougeTitre: Mon petit Chaperon Rouge
Auteure: Parisa Baro
Éditeur: Rouge Safran
Nombre de pages: 32
Quatrième de couverture: Il était une fois, dans un lointain pays, un Petit Chaperon rouge qui s’en. allait rejoindre sa grand-mère pour lui porter un livre de poèmes. Chemin faisant, elle rencontra, non pas un loup mais un ogre, qui l’enleva et la ramena dans son antre. Comme le loup, l’ogre n’est pas bien malin, par contre le Petit Chaperon est courageux et astucieux…
Rempli d’émotion et de douceur, tout à ses couleurs persanes, cette parabole du célèbre conte retranscrit par Charles Perrault et les frères Grimm, montre à quel point la valeur du choix prend toute son importance, et combien la vie est plus difficile pour certains enfants que pour d’autres.

Cet album est une énorme surprise. Je ne m’attendais pas du tout à ce contenu, encore moins à y trouver une telle profondeur. C’est bien entendu un conte revisité du petit chaperon rouge. Comme l’indique la quatrième de couverture, le loup est remplacé par un ogre, mais il est presque pire que le canidé. L’histoire n’est pas situé géographiquement parlant, pourtant, on imagine aisément à quelle partie du monde cela fait allusion : d’un, grâce aux “couleurs persanes” qui m’ont tellement attirée, de deux, grâce aux origines de l’auteure qui est iranienne.

Dans cet album, le petit chaperon rouge ne va pas porter de la nourriture à sa grand-mère mais un recueil de poèmes, rien que cela interpelle : de la nourriture pour l’âme autant que pour l’esprit, pas pour le ventre, ça annonce d’ores et déjà la couleur. La fillette s’attarde et c’est avec l’arrivée de la nuit, de l’obscurité, que l’ogre apparait. En quelques pages, l’auteure fait déjà passé deux messages forts.
Le méchant gronde non pas parce qu’il veut la dévorer mais parce qu’elle est hors de chez elle si tard et on conçoit davantage de quoi il retourne lorsqu’il lui dit :

“Ce n’est pas un voile convenable que tu portes ! Je vais t’apprendre à bien te conduire !”

Vous l’aurez bien compris, toute cette histoire porte sur le sujet délicat du port du voile lié à celui de la liberté que l’auteure aborde de façon subtile mais aussi de la façon dont les monstres issus de l’obscurantisme obligent les femmes à porter ce sinistre morceau de tissu les emprisonnant, les obligeant à se cacher et à nier leur désir de lumière, de couleur, etc.
Et c’est à ce moment qu’on sent toute la souffrance que cela évoque à l’auteure, Parisa Baro, avec ces quelques mots que pense le chaperon rouge :

“Comme je suis moche avec ce tissu noir, on dirait un corbeau…”

mon-petit-chaperon-rouge-p8C’est loin d’être une analyse complète de l’œuvre, je vous ai parlé de la moitié de l’album environ, je vous laisse découvrir le reste et notamment la fin qui est juste sublime de par les textes.
Les dessins sont vraiment sympas, embellis par des couleurs chaudes et surtout les détails contenus dans certains objets comme les tapis, le samovar, le miroir, etc.

En ce qui me concerne, c’est un gros coup de cœur pour cet album. Je l’ai emprunté à la bibliothèque mais je vais devoir me l’acheter parce que je tiens absolument à l’avoir dans ma collection tant je l’ai aimé.

Pays d’hiver – Amria Jeanneret

pays-dhiverTitre: Pays d’hiver
Auteure: Amria Jeanneret
Éditeur: Anyway Editions
Nombre de pages: 25
Format: Ebook
Quatrième de couverture: Dans ce Pays d’Hiver, un lieu étrange, un lieu de légendes, d’une blancheur immaculée, où les montagnes sont de cristal et les brins d’herbe des languettes de givre, là où les fleurs et les feuilles sont de gel et les pommes en verre filé; là où coulent des rivières de diamants aussi pures que des torrents, la reine et le roi du Septentrion se meurent. Neige, leur fille, et son ami Chris, partent en quête du véritable père Noël qui seul pourrait les sauver.

Je ne savais pas à quoi m’attendre en commençant ce petit conte, le résumé est sympathique mais j’avoue l’avoir lu en diagonal. Ce qui m’a attirée, c’est surtout la couverture toute simple mais jolie et qui se marie parfaitement au titre, titre qui me plaisait bien, au passage.
J’espérais que cette histoire soit un conte idéal pour ce mois de décembre froid et pourtant féérique, plein de cette magie de Noël qui me met en joie. Je n’ai pas été déçue, il est bien mieux que ce à quoi je m’attendais.

L’histoire est plus complexe que ce que laisse supposer le résumé, on ne parcourt que peu le Pays d’Hiver ; cette nouvelle nous raconte principalement la quête de Neige qui tâche de trouver, seule, le père Noël à travers le monde afin de guérir ses parents et s’arrête principalement aux figurants qui sont engagés pour imiter Santa Claus devant le public, jusqu’au moment où elle tombe sur Chris qui va l’aider et l’accompagner dans sa recherche.
Les personnages sont attachants, ils se lient très rapidement d’amitié pourtant, ça sonne juste.

Le style de l’auteure est fluide, très agréable à lire et surtout très poétique, un petit exemple pour vous plonger dedans :

Et son souffle tout près de sa joue ressemblait à un baiser de fée. Léger, aussi subtil que la caresse de la brise dans les rameaux au printemps. Aussi exquis qu’un flocon mis à fondre sur la langue.

Elle parvient à nous plonger dans l’atmosphère de Noël sans aucune difficulté : j’ai adoré retrouver cette magie si particulière qui a bercé mon enfance, il faudra d’ailleurs que je le lise à mes enfants, ça devrait leur plaire – je ne savais pas trop si cela convenait à leur âge, finalement si.
Le seul minuscule bémol que j’émets, est le peu de description que ce conte contient. Ça aurait pu être à double tranchant : soit alourdir le récit, soit le rendre encore plus poétique… C’est le détail qui fera que ce n’est pas un coup de cœur, mais c’en n’est pas loin.

Bref, j’ai adoré cette lecture, c’était agréable à lire, rapide, frais et empli de charme.