Vite, cachez-vous ! – Frank Asch & Devin Asch

Vite, cachez-vous !Titre: Vite, cachez-vous !
Auteur: Frank Asch
Illustrateur: Devin Asch
Éditeur: Albin Michel Jeunesse
Nombre de pages:
32
Quatrième de couverture:
Éléonore Merlot, jeune et charmante chatte, abrite sous son toit une famille de souris avec laquelle elle entretient d’excellentes relations.
Mais cette amitié, contraire à la loi féline, éveille les soupçons d’une vieille voisine.
La police vient enquêter au domicile de Mme Merlot et ne tarde pas à relever certains indices trahissant la présence de ses pensionnaires.
Heureusement, Éléonore a l’esprit vif et beaucoup d’aplomb et ne manque ni de sang-froid, ni de repartie !

Je n’étais pas très sûre d’apprécier cet album. Je n’avais aucun à-priori sur l’histoire, mais les dessins me dérangeaient: je ne les trouvais pas laids, juste étranges allant jusqu’à me donner une sensation de malaise.

Vite cahez vous p08Finalement, au fil des pages, j’ai appris à apprécier le style de l’illustrateur : les couleurs choisies sont très pâles voire parfois grises mais par moment, la teinte plus vive d’un détail attire le regard contrastant fortement avec la pâleur des nuances. J’ai fini rapidement par oublier la dissonance entre les personnages félins, leur posture et leurs habits et je les ai même tellement apprécié qu’à la fin de chaque page lue, je m’arrêtais pour les détailler.
Sans compter que les enfants s’amusaient à chercher les souris cachées un peu partout dans les coins après qu’elles se soient tapies dans des endroits plus ou moins discrets.

Quant à l’histoire, je l’ai trouvé un peu longue étant donné qu’il ne se passe pas grand chose mais au moins, voyons les choses du bon côté, elle est relativement complète ; à la fin, j’ai même ressenti la plénitude que donne une œuvre achevée. L’atmosphère paisible et à la fois un peu angoissante m’était sympathique: le décor comme la façon d’être d’Éléonore donnait l’impression d’être dans les années 40 et l’apparition de la police qui ressemble pas mal à la Gestapo renforce cette impression.

Vite cachez vous page de gardePour conclure, j’ai bien aimé. Les enfants également même s’ils n’ont pas forcément eu les mêmes impressions que moi. Tout est dit.

La chose perdue – Shaun Tan

la chose perdue - couvertureTitre: La chose perdue
Auteur: Shaun Tan
Éditeur: Gallimard Jeunesse
Nombre de pages:
32
Quatrième de couverture:
Salut Pete !
Comment se passe ton été ?
Moi, ça va, je fais plein de trucs… J’ai fini par faire réparer la tuyauterie chez moi, classé (encore !) ma collection de capsules et battu (encore !) Maxime aux échecs !… Ah, et puis, il y a cette Chose Perdue.
Rappelle-moi de t’en parler un de ces quatre.
Bonne chance pour tes exams d’algèbre linéaire appliquée !
A bientôt, Shaun

Encore un livre emprunté à la bibliothèque. Lorsque les enfants me l’ont ramené pour savoir s’ils pouvaient l’emprunter, je n’ai même pas regardé à l’intérieur pour savoir si on aurait le temps de le lire: la couverture soignée graphiquement parlant m’a tellement plu que je n’ai pas hésité une seule seconde. Et j’ai vraiment bien fait !

La chose perdue sur le sableJe le trouve absolument magnifique ! J’avoue que le style de dessin est assez bizarre, les personnages ont des têtes étranges, tout en longueur avec un front allongé à l’extrême à la Marge Simpson. Les couleurs sont un peu grises, sombres et passées mais pourtant tellement chaleureuses. On y trouve beaucoup de détails en tout genre: des panneaux éparpillés, cachés dans ces illustrations, contenant différents mots ou messages ?
Ce qui m’a pris le plus de temps: décortiquer les contours des planches. On y découvre un nombre affolant de détails différents et étranges: parfois géométriques, d’autres fois articles ou annonces de journaux, calculs, schémas d’appareils en tout genre, etc…
Un travail soigné qui donne du cachet aux illustrations.

L’histoire est très belle, un peu surprenante, un peu autre, mais très jolie. Elle a un côté poétique que j’ai apprécié.
Le héros Shaun trouve une chose perdue qui ressemble à une théière. A l’intérieur, vit une créature dont on ne voit que les tentacules. Ne pouvant la garder chez lui, ils se voient obligé tous deux de commencer une courte errance à travers la ville. Bon, je ne vous en dirai pas plus, je risquerai de vous spoiler toute l’histoire mais j’ai beaucoup aimé.

La chose perdue - métro

Petit bonus: avec cet album, on a droit à un DVD. Nous en avons profité pour le regarder immédiatement.
Waouh! Ce livre est déjà très beau, ce court étrange primé aux Oscars l’est tout autant. Je l’ai trouvé magnifique et je ne suis pas la seule: les enfants ont été captivés, ils avaient des étoiles plein les yeux, les expressions d’étonnement et de ravissement fusaient ; ils ont adoré voir l’histoire qu’ont avait lu auparavant prendre vie sur l’écran de télévision.
Petit bémol: le DVD est en anglais, sous-titré français. Personnellement, je trouve que l’album est déjà cher (22,50 €) et le fait qu’on n’ait pas la possibilité de le voir en doublé français ne joue pas en sa faveur. C’est vraiment dommage ! Alors vous me direz qu’il est conseillé pour les enfants de plus de 10 ans, n’empêche que ce n’est écrit nulle part sur l’album (ou du moins pas lisiblement !)

La chose perdue - DVD - à table !

J’ai adoré cette lecture et les enfants également.

Ondine – Benjamin Lacombe

OndineTitre: Ondine
Auteur: Benjamin Lacombe
Éditeur:
Albin Michel Jeunesse
Nombre de pages:
36
Synopsis:
Benjamin Lacombe revient avec le mythe d’Ondine à ses amours romantiques et pré-raphaélites. Inspiré par les textes de Friedrich de La Motte-Fouqué et la pièce de Jean Giraudoux, il propose sa version du conte, où prédominent des images très picturales faisant écho aux peintures de Millais ou Waterhouse. Par un savant jeu de calques imprimés, il fait émerger toute la sensualité et la transparence de cet univers aquatique. Vibrant pour le beau chevalier Hans de Ringstetten, Ondine se noie dans les tumultes de l’amour, ses marivaudages et ses trahisons. Un grand conte, une épopée romantique dont les thématiques résonnent de manière étonnamment moderne.

J’ai reçu cet album pour Noël. J’avais déjà vu pas mal d’illustrations de cet auteur sur le net et ce, depuis un certain temps mais j’ai vraiment découvert son travail avec les Contes Macabres que j’ai beaucoup aimé. J’ai lu et chroniqué un autre de ses albums (Pourquoi la carapace de la tortue…?). Dans les deux cas, j’ai aimé ce qu’il faisait Je fus donc super contente de recevoir cet album qui est absolument splendide, il faut bien le dire.

Ondine page 13L’histoire est assez sombre mais j’ai adoré. Je l’ai lu à ma petite fille de 6 ans. J’avoue qu’elle n’en a pas forcément compris toutes les subtilités notamment en ce qui concerne les relations entre Hans, Ondine et Ursule, mais elle a quand même beaucoup aimé.
De mon côté, je me suis demandée tout au long de ma lecture si les textes avaient été écrits par Benjamin Lacombe. J’ai donc mené mon enquête qui a été super difficile (en moins de 5 minutes, j’avais ma réponse) De ce que j’en ai lu sur le blog de l’auteur, il semblerait qu’il se soit inspiré du texte original de Friedrich de La Motte-Fouqué ainsi que de la pièce de Jean Giraudoux; et je trouve que c’est une grande réussite. La lecture est fluide et rapide malgré le nombre de mot qui compose l’histoire: je redoutais que l’attention de ma fille ne tienne pas la distance mais elle a été captivée autant par le récit que par les dessins.

Les illustrations sont absolument sublimes. Les couleurs restent sobres malgré les cheveux rouges d’Ondine qui, ne ménageons pas nos mots, en jettent. J’ai adoré le principe des calques superposés sur les images, ça donne une sensation de flou puis de progressivement distinct pour arriver à une image à la fois travaillée et fascinante. J’aime énormément la manière dont les vagues sont dessinées, ça me fait beaucoup penser à celles qu’on trouve dans bon nombre d’estampes japonaises.
Décidément, je suis fan.

Ondine page 10-11En conclusion, cet album m’a ravi, autant que tous ceux que j’ai lu de cet illustrateur. J’ai adoré, et j’ai hâte de découvrir le prochain qui sera Madame Butterfly.

Monsieur – Marie-Ange Guillaume et Henri Galeron

MonsieurTitre: Monsieur
Auteure: Marie-Ange Guillaume
Illustrateur: Henri Galeron
Éditeur:
Les Grandes Personnes
Nombre de pages: 18
Résumé: « J’habite chez mon chat. Monsieur me sous-loue un oreiller mais tout le reste lui appartient :les plantes vertes, la poubelle, les piles de pulls dans l’armoire, les radiateurs, le canapé,les parties dodues des copains assis sur le canapé, le frigo, la gamelle du chien, l’ordinateur – et la souris, bien sûr. En échange de quelques menus services (transport de litière, ouverture de boîtes, manucure, pédicure), Monsieur accepte de me tenir chaud l’hiver et aussi l’été… »
Ainsi commence l’histoire d’un être envahissant et plein de mystère, dont Marie-Ange Guillaume nous brosse, avec style, un portrait fin, tour à tour sensible et railleur, magnifiquement mis en images par un Henri Galeron surréaliste et complice.

On a emprunté ce livre à la bibliothèque.
Il est grand, format 25x39cm, donc difficilement transportable, et cartonné, ce qui du coup, le rend pratique à tenir.

Les dessins sont jolis mais sans plus: le chat est relativement bien fait, musculeux par moment, gras par d’autres selon sa position. Deux choses mineures m’ont relativement déplu dans ces illustrations: la forme de la tête change par moment -parfois moins rondes-, les pattes sont trop petites par rapport au corps et surtout les doigts pas assez allongés.
Mais cela reste un détail. Sinon, ils sont assez réalistes si ce n’est la taille exceptionnellement gigantesque de Monsieur.
Par contre, j’ai bien aimé les yeux du chat, ils sont beaux.

Monsieur finCe que j’ai le plus aimé: les textes. N’importe qui ayant un chat se reconnaîtra dans pratiquement chaque paragraphe: le maître des lieux qui fait ce qu’il veut quitte à tout saccager, un seigneur exigeant dont l’homme n’est que le serviteur, qui s’approprie jusqu’à la corbeille du chien par ruse, etc…
Alors me direz-vous, c’est un thème éculé. Figurez-vous que non, le récit est tellement plein d’ironie et de sarcasme qu’on ne peut s’empêcher d’en sourire et même d’en rire parfois.

Donc j’ai beaucoup aimé ce livre pour enfant qui, à mon sens, aurait mérité des dessins plus drôles.

 

La Voleuse de Livres – Markus Zusak

la voleuse de livres -Markus ZusakTitre: La Voleuse de Livres
Auteur: Markus Zusak
Éditeur: POCKET
Nombre de pages: 633
Quatrième de couverture:
Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité. Liesel Meminger y est parvenue. Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s’est arrêtée. Est – ce son destin d’orpheline dans l’Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ou bien sa force extraordinaire face aux événements ? A moins que ce ne soit son secret… Celui qui l’a aidée à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres…

J’ai lu ce livre dans le cadre du challenge ABC 2014. Comme je n’étais pas la seule à devoir le lire dans ce cadre, j’en ai profité pour faire une LC (Lecture Commune) avec Nymou du blog Rossignol Livresque, ma première véritable LC 😀
J’ai adoré ce partage: on s’était fixé des parties à lire chaque jour et on se retrouvait pour en discuter. Au début, nos plannings respectifs ont perturbé nos discussions, les lectures se faisaient au dernier moment et du coup, on n’avait pas beaucoup de temps pour en discuter mais dès qu’on a pu partager nos avis un peu plus, ça a juste été géniale, surtout la dernière phase qu’on a lu en simultané pour pouvoir mieux en discuter à la fin de chaque partie.

Parlons davantage de ce livre. J’ai adoré cette lecture.
La voleuse de livre - PocketAu début, j’ai bien cru que ce serait un coup de cœur, ce n’en est pas loin mais finalement non. J’ai trouvé le commencement très original dans la façon de conter l’histoire: la mort qui raconte la vie de Liesel Meminger ce n’est absolument pas une surprise puisque c’est annoncé jusque sur la couverture mais j’ai aimé ce personnage de la mort (elle me fait d’ailleurs un peu penser à Mortimer des Annales du Disque-Monde avec un côté nettement moins sarcastique quand même). Au début, elle a une façon très poétique de s’exprimer: lier les couleurs aux personnes et aux morts, j’ai trouvé ça très beau; il en va de même pour un certain nombre de métaphores aussi parlantes que splendides. Par contre, c’est dommage que cela ne se poursuive pas tout le long du livre: les allusions au ciel et ses couleurs se poursuivent mais ce n’est pas le cas pour les métaphores qui me faisaient lever le nez de ma page pour mieux me les imaginer.

L’histoire en elle-même est vraiment belle. Le contexte relativement sombre quand même (Seconde Guerre Mondiale oblige); ç’aurait pu l’être davantage, mais c’est par moment bien suffisant.
Il est à noter que dans beaucoup de livre traitant du sujet de l’Allemagne de 38-45, on suit le calvaire des déportés, on oublie que pour la population allemande, ce n’était pas la panacée: il fallait s’entendre au mieux avec ses voisins, surveiller ce que tu disais, faire attention à ce que tu faisais et à la moindre mauvaise interprétation, tu pouvais finir sur le front russe, dans la LSE (Luftswaffe Sondereinheit – Unité spéciale contre les raids antiaériens ou les ramasseurs de cadavres comme c’est si bien expliqué dans le livre), etc… Sans compter la famine qui touchait les plus pauvres.
Dans ce cadre, je n’avais lu que l’ami retrouvé de Fred Uhlmann et le contexte en était quand même tout autre.

J’ai beaucoup aimé les personnages.
La mort est touchante, pas la bête faucheuse qui prendrait du plaisir à ce qu’elle fait, une créature qui fait ce qui doit être fait mais qui semble compatir au décès des hommes, qui est touchée par leur vie autant que par les accidents les menant dans ses bras et surtout le plus important: elle est respectueuse des corps.
La voleuse de livres - PKJLiesel est sûrement celle qui m’a le moins touché: elle est gentille, douce, souffre de la perte de son frère et de la séparation d’avec sa mère mais j’ai trouvé que c’était le personnage le moins abouti contrairement aux autres où en peu de mots beaucoup de choses sont exprimées, alors que c’est quand même elle qu’on voit le plus.
Hans Hubermann est juste génial ! Il est très doux, compréhensif, aimant, aimable, généreux au possible et c’est cette générosité qui le rend si attachant.
Rosa Hubermann: avec elle, j’ai eu énormément de mal au début. Elle est rude, relativement vulgaire (Saumensch par-ci, Saukerl par-là, Arschloch -j’adore ce gros-mot, pour moi, il évoque mon enfance, le nombre de fois où mon papa nous traitait affectueusement mon frère et moi d’Orshloch, en Alsace ça se prononce avec un « O »). Donc Rosa, un personnage haut en couleur qui a bien du mal à exprimer ses sentiments et se cache comme elle peut derrière sa rudesse, mais une femme avec un cœur gros comme ça, il suffit de la voir en cas de crise, avec Max ou même parfois et de plus en plus au fil des pages avec Liesel. J’ai été particulièrement émue par leur relation.
Max m’a laissé indifférente, c’est dommage en raison de son rôle dans l’histoire.
Rudy Steiner: si je n’ai pas accroché au début avec lui, j’ai appris à le connaître au fil des pages et à l’apprécier grandement.

Bref, je crois que j’en ai assez parlé, j’ai donc adoré ce roman, à la limite du coup de cœur et je ne peux que vous le conseiller si vous avez envie de vibrer avec les personnages, vivre l’angoisse de cette guerre, pleurer et rire (ou au moins sourire) avec eux.

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