De bons présages – Terry Pratchett & Neil Gaiman

Titre : De bons présages
Auteur : Terry Pratchett & Neil Gaiman
Éditeur : J’ai Lu
Nombre de pages : 445
Quatrième de couverture : L’Apocalypse aura lieu samedi prochain, après le thé ! Ainsi en ont décidé, d’un commun accord, les forces du Bien et du Mal. L’Antéchrist va fêter ses onze ans. Son éducation a été supervisée par un ange, Aziraphale, et un démon, Rampa, résidents sur Terre depuis l’époque de la première pomme. Mais voilà, suite à un coup du sort, l’enfant a été échangé à la maternité. Le vrai Antéchrist se nomme Adam et vit dans la banlieue londonienne. Et ça, ça change tout ! Une course contre la montre commence alors pour l’ange et le démon qui, finalement, se disent que la race humaine ne mérite pas son sort…

Il y a quelques mois, on a regardé la série Good Omens en famille et on a adoré. Ça m’a donné envie de découvrir le roman et de voir s’il y avait des différences. Bon, je vais mettre les choses au clair tout de suite : la série est tellement bien faite, que lire ce récit ne m’a pas apporté grand-chose. Il y a bien des commentaires drôles qui n’ont pas pu être adaptés à l’écran, mais pour l’essentiel, les acteurs sont si doués que leur jeu retranscrit parfaitement les sarcasmes et les facéties des écrivains.

Rampa est un démon qui vit sur terre depuis des siècles. Il est chargé de déposer l’Antéchrist dans un le couvent de l’ordre Babillard de Sainte-Béryl ou le nourrisson doit être échangé avec le fils d’un diplomate fraîchement né. Malheureusement, la sœur qui doit s’en charger se trompe de couple : elle avait une chance sur deux.
Rampa et son acolyte Aziraphale qui est un ange décident de défendre chacun leur camp en participant à l’éducation de cet enfant, en réalité aucun ne souhaite la fin du monde et préfère aider un peu le destin. Qu’est-ce qui est le plus fort : la génétique ou l’éducation ?
Onze années passent, le Molosse de l’Enfer doit retrouver son maître, mais il ne vient jamais…. oups, y aurait-il une erreur ?
Tous les protagonistes convergent tous vers même endroit, l’Apocalypse aura-t-elle lieu ?

J’ai adoré les personnages :
– Adam et sa bande m’ont un peu ennuyée à la longue… pas étonnant, ils ont 11 ans, une imagination débordante et des idées saugrenues plein la tête… c’était à la fois drôle et désarmant.
Rampa et Aziraphale sont mes chouchous : leur relation est exceptionnelle, leur complicité les rend attendrissants et leurs joutes verbales sont intéressantes. Je regrette presque qu’ils n’aient pas été plus présent… genre tout le temps là !
Anathème m’a touchée, elle est adorable… un peu trop attachée aux prophétie de son ancêtre Agnès Barge, mais ça fait partie de son charme.
– Newt et l’ordre des inquisiteurs m’ont laissée indifférente… même si les imprécations de Shadwell contre madame Tracy m’ont fait rire.

La plume des deux auteurs se marie à merveille, impossible de savoir qui a écrit quoi, même si certains délires étaient quand même très pratchettien. Même si je connaissais l’histoire du début à la fin et que c’était sans surprise, j’ai passé un excellent moment. J’ai adoré cette lecture.
La fin laisse supposer une suite, mais avec le décès de Pratchett, j’ai bien peur qu’un second tome ne voit jamais le jour. Il faudra que je me rabatte sur la saison 2 de Good Omens qui a été annoncée l’an dernier.

Coupe des 4 maisons :
Oeufs de Doxy (potion de longue décoction) – un livre écrit à 4 mains (finir avant le 28 février) ?? points

Les sorcières de la fin du monde, tome 3 – Kujira

Titre : Les sorcières de la fin du monde, tome 3
Auteur : Kujira
Éditeur : Akata
Nombre de pages : 141
Quatrième de couverture : Quel est l’ultime souhait d’un être humain ?
Myriam a été démasquée et emprisonnée. Mari va lui rendre visite pour essayer de comprendre son comportement. C’est alors que sa camarade lui révèle une vérité qu’elle ignorait : quand une sorcière tombe amoureuse, elle perd ses pouvoirs. Mais la jeune Japonaise a bien du mal à le croire, ayant vu encore récemment Alice utiliser la magie…

C’est le troisième et dernier tome de cette série. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça s’est lu à une vitesse impressionnante.

À la fin du second, Alice et Mari ont été ramenées à Hexenschule et séparées.
Mais dans ce tome-ci, elles finissent par se retrouver dans le caveau des sorcières. En parallèle, Myriam s’allie à la démone qu’elle a invoquée pour relancer la guerre entre les humains et les sorcières….
La façon dont ça a été fait est ridicule : une pauvre accusation par écran interposé et le feu est mis aux poudres provoquant le massacre des sorcières qui ne se défendent même pas. Ce qui m’a surtout saoulée, c’est qu’aucune preuve n’est avancée pour étayer la possible trahison des sorcières, aucun sort n’est lancé qui pourrait expliquer une rage si soudaine et inexplicable de la part des humains. Je veux bien que les dissensions couvaient depuis longtemps, mais quand même… un petit plus n’aurait pas été de trop.
Et puis ce n’est pas la seule blague de ce troisième tome : les étudiantes de l’école ne se défendent même pas, les profs pas davantage… leur temps de réaction est assez aberrant. Tu te fais attaquer, tu lances un sort de protection, c’est la base.

Alice est assez inutile, mais ça s’explique facilement… et puis ça se prépare depuis le début. Par contre Mari est hallucinante, et ce n’est d’ailleurs pas très cohérent : elle a le pouvoir de réanimation, donc pas de souci pour ressusciter les morts ce qui est d’ailleurs le plan de Dolly depuis le départ, mais là, elle développe une puissance inattendue ce qui ne serait pas problématique si ça correspondait à son don initial, mais non. Et ce nouveau pouvoir vient de nulle part, à aucun moment il n’est annoncé.
Si on avait eu des indices, ça aurait été mieux, je n’aurais pas eu cette désagréable sensation de tome final trop vite torché, genre : zut, on ne sait pas comment finir l’histoire, bah pas grave, on pond un épilogue saugrenu et on n’y verra que du feu.
Je ne peux pas dire que cette conclusion est décevante, ce n’est pas le cas… c’est juste très mal amené… voire pas amené du tout. Ça s’est laissé lire, sans plus.

La déchéance d’un homme, tome 3 – Junji Ito & Osamu Dazai

Titre : La déchéance d’un homme, tome 3
Auteur : Junji Ito & Osamu Dazai
Éditeur : Delcourt-Tonkam (Seinen)
Nombre de pages : 208
Quatrième de couverture : Yôzô Ôba souffre énormément du regard que les autres portent sur lui et ne comprend pas le bonheur de son entourage. La solution qu’il finit par trouver pour s’en guérir : se transformer en bouffon. C’est ainsi que s’écoulent ses jours, à se vouer à ce rôle de clown empli de souffrance. « Extérieurement, le sourire ne me quittait pas intérieurement, en revanche, c’était le désespoir. »

C’est le troisième et dernier tome de cette saga. Et la situation empire pour Yôzô.
Il souffre de la tuberculose et se noie dans l’alcool, sauf que cela ne suffit pas et quand Hiroko, une pharmacienne veuve, lui vient en aide pour se désintoxiquer, elle a la bonne idée de lui offrir de petites doses de morphine… Inutile de préciser que c’était la pire idée qu’elle pouvait avoir : Yôzô ne respecte pas le dosage et se vautre avec délectation dans cette nouvelle addiction.
Il continue à faire de la merde, et ce sont une fois de plus les femmes autour de lui qui le paient de leur vie.

Franchement, j’ai cru et presque espéré que sa déchéance l’entraîne vers la mort, histoire qu’il puisse souffler un peu et le lecteur aussi par la même occasion, mais son frère lui offre une porte de sortie et il l’accepte… enfin une décision raisonnable ! C’est un miracle.
Si la première partie de ce manga n’était pas une surprise : devenir morphinomane était la dernière étape pour toucher le fond, personnellement j’avais parié pour l’opium.
En revanche, la seconde moitié de cette histoire m’a étonnée. Non pas parce que Yôzô se fait soigner, mais en raison de la rencontre qu’il y fait. Je tairai le nom de ce personnage, mais je ne peux m’empêcher de me demander si elle a également lieu dans le roman de Osamu Dazai. Je me dis que non, ce serait trop bizarre… tout aussi étrange que ça l’a été dans le manga, en fait.

Ce troisième tome était un peu moins angoissant que les précédents pour une raison toute simple : on associe ses visions à un début de sevrage donc de delirium puisqu’ils apparaissent quand il commence à être en manque. Du coup, ça fournit une explication rationnelle bien moins effrayante que la folie qui l’habite, lui et les personnes qui l’entourent.
J’ai bien aimé ce troisième tome, surtout la fin que j’ai trouvé particulièrement dérangeante.

Télémaque, tome 4 : L’impossible retour – Kid Toussaint & Kenny Ruiz

Titre : L’impossible retour
Saga : Télémaque, tome 4
Scénario : Kid Toussaint
Illustrations : Kenny Ruiz
Éditeur : Dupuis
Nombre de pages : 68
Quatrième de couverture : Au sortir de la guerre de Troie, Ulysse est envoyé par les rois achéens vaincre les alliés de Troie. Il comprend alors qu’il sera toujours le jouet des caprices de ses belliqueux mais très puissants “amis”. Pour défendre son petit royaume d’Ithaque, il va devoir ruser. Lors de son long périple dans les mers obscures, il dérobe les vents divins à Éole et la magie à Circé, puis arrive en Phthie où il décuple les soldats mirmidons et usurpe le trône, devenant ainsi assez puissant pour défendre les siens.
C’est à ce moment-là que Télémaque, son fils, le retrouve. Il est accompagné de Polycaste, princesse de Pylos, de Personne, un cyclope érudit, et de Zéphyr, un jeune et intrépide vent de l’ouest. Mais il ignore que Lestrygons, cyclopes, sirènes et autres créatures impitoyables le poursuivent.
Dans sa quête, Télémaque n’est pas au bout de ses surprises… Et ce quatrième tome conclut en apothéose le cycle de la recherche d’Ulysse.

Bon ben ce n’est pas un tome final pour rien. Télémaque a retrouvé Ulysse qui lui raconte grosso modo les aventures traversées depuis son départ de Troie, surtout les parties manquantes : la colère de Néoptolème qui l’a poussé à faire des horreurs, lui a attiré les foudres de ses compagnons d’armes en les perdant en mer – je résume vraiment dans les grandes lignes, c’est un peu plus complexe que ça. Notre jeune héros est fâché et part sans avoir ramené Ulysse à la raison.
Donc la guerre éclate et ça part en latte. J’avoue que je suis bien incapable de préciser qui se bat contre qui, c’est spécifié et on n’a même une carte pour illustrer les différentes nations, mais je n’ai retenu qu’une bataille : celle des monstres contre tous les hommes ; c’est normal, les créatures mythologiques sont la meilleure des armées… et surtout celle qui m’éclate le plus.

C’est un tome qui est très chargé : de nombreuses révélations, des péripéties et dénouements surprenants, des moments amusants. On n’a pas le temps de s’ennuyer. Il y a un petit côté politique, mais tout ayant déjà été expliqué dans les précédents, on n’a plus qu’à se dépatouiller avec sa mémoire… ou tous les relire à la suite.
L’objectif initial de Télémaque était de retrouver son père et c’est chose faite, mais au fil des pages, son but change et celui de ses amis également : arrêter la guerre pour que les pères rentrent s’occuper d’eux. Or, ils n’entendent rien et préfèrent s’entretuer. C’est là qu’il y a une prise de conscience de la part de nos héros : leurs parents ont fait des erreurs, est-ce qu’ils ont vraiment envie de leur ressembler ? J’ai beaucoup aimé ce qu’il en ressort. Je pense que chaque ado devrait prendre du recul par rapport à ses ancêtres et se poser cette question… et toutes celles qui en découlent.
C’était surprenant parce que je ne m’attendais pas à une telle conclusion et maintenant je m’interroge sur Télémaque : est-ce qu’il était vraiment d’un naturel si stupide ou essayait-il simplement de se démarquer d’Ulysse l’homme aux mille ruses, et de son héritage ?

Les illustrations sont aussi chouettes que les tomes précédents, j’ai pris beaucoup de plaisir à m’y attarder. Il y a un contraste très net entre les vignettes présentant les héros de la guerre de Troie et leurs enfants : hormis le character design qui est plus mâture pour les adultes (des traits tirés, des yeux étriqués et éteints contrairement aux ados qui ont de grands yeux vifs, leur visage est davantage rond,…), il y a aussi une différence dans les couleurs (plus terne pour les vieux, plus vives pour les jeunes – c’est vrai que Zéphyr aide beaucoup à coloriser tout ça).

J’ai adoré ce quatrième tome. Et je suis un peu tristounette que cette épopée soit déjà finie.

Le Loup – John Katzenbach

Titre : Le Loup
Auteur : John Katzenbach
Éditeur : Presses de la cité (Sang d’encre)
Nombre de pages : 390
Quatrième de couverture : Trois femmes. Un prédateur. Le meurtre parfait.
Il était une fois une fillette appelée le Petit Chaperon Rouge. Par un beau matin, elle décida d’apporter un panier de provisions à sa grand-mère, qui habitait au fond des bois. Vous connaissez cette histoire depuis l’enfance, mais n’avez sans doute entendu que la version aseptisée : la vieille dame se cache dans un placard, et elle et sa petite-fille sont sauvées par le chasseur. Mais le dénouement du conte est en réalité beaucoup plus sombre. Ne l’oubliez pas dans les semaines à venir. Vous ignorez qui je suis, mais moi je sais qui vous êtes. Vous êtes trois. J’ai décidé de vous surnommer Chaperon rouge 1, 2 et 3. Vous êtes perdues dans les bois. Et comme le personnage du conte, vous avez été choisies pour mourir.

J’ai mis dix bons jours à lire ce roman, j’ai eu du mal à lui consacrer du temps. Et puis l’envie n’était pas là.
On suit tour à tour cinq personnages, ça m’a ralenti et m’a coupé dans mon élan.

Le Grand Méchant Loup est écrivain de thriller. Il n’a pas publié depuis des années et décide de remettre le pied à l’étrier. Pour ce faire, il a choisi trois proies qu’il traque et en parallèle, il couche sur le papier son histoire.
Sa femme, madame Grand Méchant Loup, est secrétaire dans le lycée de Rousse Trois qui se prénomme Jordan.
Rousse Un, Karen de son vrai nom, est un médecin de cinquante-et-un ans. Rousse Deux a trente-trois ans et était professeur des écoles, mais depuis le décès de son mari et de sa petite fille, elle sombre.
Le méchant leur envoie une lettre leur annonçant son projet de les tuer. Et là, c’est la panique pour les femmes menacées.
Heureusement, elles sont intelligentes et le Loup est loin d’imaginer à quel point : grâce à Jordan, les trois Rousses se rencontrent et tentent de sauver leur peau.

J’ai trouvé le projet du Loup aussi intéressant qu’ambitieux, mais dans la mise en œuvre de son projet, il est nul de chez nul ! Son but premier est de terroriser les trois rousses, il explique ses raisons dans le roman qu’il écrit, mais il néglige le suivi. C’est sûr qu’il ne peut pas être à trois endroits à la fois et qu’il va forcément passer à côté de certains détails, mais même le plus facile (là, je parle des vidéos en ligne), il ne vérifie pas si elles ont été vues ou commentées. C’est n’importe quoi et ce n’était pas plausible.
Le deuxième point qui m’a dérangée est l’histoire de Sarah : elle a tout perdu deux ans avant le début de ce roman, elle boit et prend des médicaments depuis. Mais du moment qu’elle reçoit la lettre de menace du Grand Méchant Loup, elle arrête tout : alcool, drogues, finger in the nose, même pas besoin de substituts et le delirium n’a aucune prise sur elle. Elle est trop forte.
Vous me direz : tu chipotes, Psylook, ce n’est qu’un détail ! Oui, ben si elle avait subi les affres du sevrage, ça aurait sûrement tourné différemment.

Le point positif que je retiens de ce roman, c’est la fin : elle est originale et ça m’a plu. La plume de l’auteur est fluide, ça s’est laissé lire. Les personnages sont sympathiques, enfin en ce qui concerne les trois Rousses. Pour les autres, ils sont antipathique et c’est ce qu’on attend d’eux.
Je suis partagée pour ce thriller : je ne sais pas trop si j’ai aimé, ce n’est pas suffisamment angoissant pour moi. C’était sans plus.

Coupe des 4 maisons :
Philtre de confusion (Chasse aux potions) – un livre qui vous laisse perplexe 40 points

ABC 2022 – Lettre K