Zhaodi – Sarah Buschmann & Morgane Stankiewiez

Titre : Zhaodi
Autrices : Sarah Buschmann & Morgane Stankiewiez
Éditeur : Noir d’Absinthe
Nombre de pages : 352
Quatrième de couverture : Chine, 2015.
Deux âmes perdues, un père et sa fille, se retrouvent après des
années d’absence pour un décès. Celui de la Mère. Celui qui
rouvre les plaies d’un passé que tous deux auraient préféré
oublier…
Un thriller asiatique sombre et cruel, sur fond de secte, livré par
deux autrices amoureuses des ténèbres…

Je tiens avant tout à remercier la Masse Critique Babelio ainsi que les éditions Noir d’Absinthe pour la confiance qu’ils m’ont accordé pour ce partenariat.
Décidément, ces derniers temps, je suis abonnée aux lectures se passant en Chine, ce qui me va bien, même si une fois de plus, l’histoire ne se passe pas dans ma période préférée : elle s’étend de 1981 à 2015.

Zhaodi est née peu après que la loi de l’enfant unique ait été promulguée, c’est une fille et Cheng, son père, est chargé de s’en débarrasser. Malheureusement, après l’avoir abandonné dans un panier, il s’en veut terriblement et le triste sort de sa fille l’obsède. Il finit par la sauver in extremis – déjà rien que ce premier chapitre donne le ton : la réalité est beaucoup plus atroce que ce qu’imaginait Cheng.
Ce n’est que la première étape d’un long chemin de croix pour ces deux personnages qu’on retrouve en 2015, lorsque la mère de notre héroïne est retrouvée morte dans son appartement. Cela ressemble à un suicide, mais lorsque Cheng et Zhaodi se retrouvent, après des années sans s’être revus, pour trier les affaires de la défunte, ils tombent sur des écrits qui les troublent : est-ce que Xian s’est réellement donnée la mort ou l’a-t-on aidé ? La secte qu’ils ont fui des années auparavant a-t-elle appris qu’ils étaient toujours vivants ? Ils décident de mener l’enquête et surtout de remonter le cours de leurs sordides souvenirs, seul moyen pour comprendre et qui sait..; pour sauver leur vie.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que leur vie n’a pas été un long fleuve tranquille et ils sont marqués par leur passé qu’on découvre au fil des pages. Ce qui leur est arrivé n’était pas une grosse surprise, mais de le lire a rendu la situation plus réelle, plus douloureuse et plus glauque aussi.
C’est bien amené et ça sonnait vrai : ça aurait pu être une histoire vraie. Ça m’a retournée et je vais avoir du mal à passer à autre chose tant l’ambiance sombre est prenante et dérangeante.

Je n’ai eu aucun mal à m’attacher aux personnages :
Zhaodi se montre froide, mais je l’apprécie, je comprends ses réactions et sa lassitude.
Cheng aurait dû m’énerver : il est alcoolique et lâche, tout ce que je déteste, pourtant l’attachement qu’il a pour sa fille est palpable. Il la met dans des situations pas possibles, néanmoins il essaie toujours de la sauver, aussi maladroite (voire catastrophique) que soient ses tentatives. Je n’ai pas pu m’empêcher de trouver ça touchant, même si son indifférence pendant la période au sein de la secte m’a fait grincer des dents.

Le seul bémol pour moi est que ça manque un peu de descriptions et surtout de contexte historique, du coup, je n’ai pas eu l’impression d’être en Chine, ça aurait pu être n’importe où ailleurs.
N’empêche que j’ai adoré cette lecture dont je ne suis pas ressortie indemne.

Coupe des 4 maisons :
Retourneur de temps (3ème année) – un livre publié il y a moins de 3 mois (le 11 mars 2022) 30 points

Iruma à l’école des démons, tome 01 – Osamu Nishi

Titre : Iruma à l’école des démons, tome 01
Auteur : Osamu Nishi
Éditeur : Nobi nobi !
Nombre de pages : 192
Quatrième de couverture : Un jour, le jeune Iruma devient, bien malgré lui, le petit-fils adoptif d’un papy démon excentrique. Une nouvelle vie commence alors pour lui à Babyls, une école peuplée de monstres en tout genre, où personne n’a jamais vu d’humain mais tout le monde rêve d’en dévorer un ! Et entre les démons qui le défient en duel, les succubes extravagantes et les épreuves scolaires mettant sa vie en péril, Iruma ne pourra compter que sur un atout : sa gentillesse désarmante.
Mais comment un humain au bon cœur va-t-il pouvoir survivre dans cet enfer ?!

Que dire de cette lecture que j’ai découverte grâce aux 48hBD ? Je n’étais pas très motivée pour le lire, elle me faisait penser à une vieille série qui passait quand j’étais petite (j’ai un trou de mémoire quant à son nom) et dont je n’étais pas fan car trop débile…
Ce n’est pas celle-ci puisqu’elle n’a que 5 ans.
Par contre, ce premier tome est complètement barré et j’avoue à ma grande honte que j’ai beaucoup ri au début et à la fin.

La trame principale est un grand n’importe quoi :
Iruma est un humain de 14 ans qui est incapable de dire non à qui que ce soit. Ses parents le vendent pour une somme rondelette (ce n’est pas dit, mais j’espère pour eux qu’ils sont devenus riches) à un démon. Ce dernier est vieux et son rêve est de devenir grand-père comme tous les amis de son âge donc il propose à Iruma de devenir son petit-fils. La supplique est faite dans les règles et notre jeune héros ne peut pas refuser. Il est loin d’imaginer qu’il finirait à l’école des démons et que sa malchance légendaire le sauverait et ferait de lui un élève craint par les autres qui ne voit en lui que puissance et savoir-faire. S’ils savaient…

Bref, vous l’aurez compris, ce manga est une comédie et les épreuves qu’Iruma affrontent ont une conclusion plus ridicule les unes que les autres. Parfois c’était drôle et d’autres fois, c’était abusé au point de ne pas être amusant. Là, je pense notamment à pas mal de passage où apparaît Clara Valac… ça m’a probablement fait cet effet parce que je ne l’aime pas du tout, elle me saoule.
Iruma passe bien, il est sympathique, un brin tête à claque, mais ça passe.
Alice Asmodeus a la classe et c’est à se demander ce qu’il fait à la botte de l’humain… j’en suis venue à la conclusion qu’il n’était pas très malin de se faire piéger par les apparences.
Mes préférés sont indéniablement :
– le papy démon, ses réactions sont exagérées, mais il m’a fait rire ( il me fait un peu penser à Maître Shinigami dans Soul Eater).
– le prof Naberius Callego. Il est rigide à mort et ça part systématiquement en cacahuète… le pauvre, il souffre !
J’ai mis les noms complets de trois démons parce que j’ai pris plaisir de constater la référence aux démons célèbres – il n’y a que Sabnock que je ne connaissais pas.

Les dessins sont sympas, ça passe bien, mais pas de quoi s’étendre pendant 10 ans. À préciser quand même que les plus belles planches sont celles avec Asmodeus… on a bien compris à qui va la préférence de l’auteur (et la mienne aussi pour l’instant).
Je ne m’attendais pas à passer un si bon moment, j’ai adoré ce premier tome et il faudra que je me procure les prochains.

Toilet-bound Hanako-kun, tome 03 – Iro Aida

Titre : Toilet-bound Hanako-kun, tome 03
Auteur : Iro Aida
Éditeur : Pika (Shônen)
Nombre de pages : 176
Quatrième de couverture : Après avoir frôlé la mort, Nene et Kô sont parvenus à maîtriser le mystère numéro deux grâce à l’aide de Hanako. Mais bien que celui-ci ait démis son collègue de ses fonctions, les deux adolescents ne sont pas au bout de leurs peines. Les rumeurs continuent d’aller bon train dans l’école, dont celle de l’arbre des amoureux, dont Nene fait les frais ! Parallèlement, Kô tient tête à son grand frère déterminé à exorciser Hanako. Et pour cause : Kô, tout comme Nene, commence à s’attacher à ce drôle d’esprit. Dans l’espoir d’en apprendre plus sur lui, ils s’aventurent seuls dans les “archives de 16 h”. Or, c’est bien connu : la curiosité est un bien vilain défaut…

Comme pour le troisième tome de Blue Period, je redoutais cette lecture : peur de m’ennuyer, qu’il n’y ait rien de nouveau, que je ne soit pas assez sereine pour rire des situations fun…
Des craintes totalement infondées.

On découvre le troisième mystère : les archives de 16h dans lesquels sont rangés les livres de la vie (passé et futur) de chaque élève de l’école qu’il soit mort ou vivant.
Hanako est malheureusement absent, c’est l’occasion pour Nene de s’y rendre, accompagnée de Minamoto, afin de trouver le livre de Hanako.
Étonnamment, ils font chou blanc… Est-ce que Hanako ne serait pas son véritable nom ?
Heureusement, on ne repart pas bredouille de cette aventure. Outre quelques informations glanées par Nene au sujet du passé du septième mystère, on apprend le but de ce dernier : il ne doit pas uniquement surveiller que les autres mystères ne dérapent pas. Il nous révèle aussi un fait important sur les esprits et les rumeurs qui les influencent.

Les dessins me plaisent toujours autant, j’ai pris autant de plaisir à m’y attarder que dans les précédents, peut-être même plus parce qu’il y a tellement de détails dans les décors et que je redoute de passer à côté d’un élément essentiel ou juste amusant.
J’adore la relation entre les personnages. Sans Hanako, celle de Nene et Kô se développe… sans grosse surprise, mais c’est mignon. Et puis drôle aussi.
J’ai pas mal ri et ça m’a fait du bien !

Ça a été une lecture parfaite ! Un coup de cœur pour ce troisième tome et j’ai tellement hâte de lire le prochain, mais j’attendrai un peu pour prolonger le plaisir de retrouver ce petit trio.

Miss Charity, tome 1 : L’enfance de l’art – Loïc Clément, Marie-Aude Murail & Anne Montel

Titre : L’enfance de l’art
Saga : Miss Charity, tome 1
Auteurs : Loïc Clément & Marie-Aude Murail
Illustrations : Anne Montel
Éditeur : Rue de Sèvres
Nombre de pages : 120
Quatrième de couverture : En 1880, Charity est une petite fille de la bonne société anglaise. Endeuillée par la mort de ses petites sœurs, sa famille lui accorde peu d’attention ; aussi se réfugie-t-elle auprès de sa bonne, Tabitha. Elle élève également des souris dans la nursery, dresse un lapin, étudie des champignons au microscope et apprend Shakespeare par coeur, espérant qu’un jour quelque chose rompra sa solitude.

J’ai emprunté cette bande-dessinée parce que le graphisme me plaisait bien et je trouvais la couverture très chouette, un peu chargée mais fraîche et sympa.

On suit Charity à travers les ans. Petite fille dans une famille riche, elle doit rester discrète : se taire, ne pas déranger les adultes et ne se montrer que quand on l’appelle. Elle ne manque de rien, si ce n’est d’affection. Elle finit par reporter la tendresse qui lui manque sur les animaux qu’elle recueille. Elle apprend à prendre soin d’eux, elle les étudie et à la longue, elle se passionne pour les sciences zoologiques… mais pas que, il y a aussi Shakespeare, et l’aquarelle.
Elle découvre également une vie moins ascétique chez ses cousins quand elle va y passer pour la première fois Noël puis les vacances d’été, ce qui lui ouvre de nouveaux horizons.

Ce fut une lecture étrange.
J’ai eu du mal à avancer, principalement parce que je n’ai pas accroché aux personnages : Charity m’a laissée indifférente. Sa femme de chambre, Tabitha, m’a fait tiquer avec ses histoires d’horreur… quelle idée de raconter ça à une enfant ! Ses parents, Mr et Mrs Tiddler m’ont exaspérée par leur froideur et manque d’intérêt. Il n’y a que la cuisinière, Mary, et sa gouvernante, Mademoiselle Legros, qui m’ont plu, elles sont gentilles avec Charity. Dommage que ces deux dernières ne soient pas plus présentes, j’ai trouvé apaisants les passages où elles apparaissaient.

Les illustrations sont particulières, je ne sais pas trop si j’ai aimé le character design. Par contre, les cases avec des décors sont superbes, j’ai pris grand plaisir à les détailler et à contempler les nuances de couleurs. Ça apportait de la fraîcheur au récit, surtout quand Charity est à l’extérieur.
L’histoire n’a rien d’originale, ça m’a un peu fait penser à Calpurnia par bien des aspects.

J’ignore si je lirai le second tome s’il sort.
Ça s’est laissé lire, sans plus.

Légendes celtes : Bretagne, Pays de Galles, Irlande, Écosse, Cornouailles – Erwan Chartier-Le Floc’h & Genkis Genkkis

Titre : Légendes celtes : Bretagne, Pays de Galles, Irlande, Écosse, Cornouailles
Auteur : Erwan Chartier-Le Floc’h
Illustrateur : Genkis Genkkis
Éditeur : Yoran Embanner
Nombre de pages : 128
Quatrième de couverture : Voici des milliers d’années, la civilisation celtique s’est étendue sur une grande partie de l’Europe. Cette mosaïque de peuples, de tribus et de clans avait une culture, des arts, des traditions et des récits en commun. Depuis le temps a passé. Empires et royaumes se sont élevés avant de disparaître à leur tour. Et pourtant..

Je tiens avant tout à remercier chaleureusement Genkis Genkkis qui m’a proposé ce superbe ouvrage en SP, avec une dédicace qui m’a beaucoup touchée. Ce fut une belle aventure au sein des légendes celtes.

Cette lecture est composée de six mythes, j’en connaissais certains dans les grandes lignes, d’autres pas du tout. Donc dans tous les cas, ce fut un plaisir de les découvrir en intégralité.
– les deux dragons : l’histoire de l’invasion de la Bretagne, et de la construction du château de Vortigern dont les matériaux assemblés disparaissent chaque nuit.
– le prince Pwyll : il échange pendant un an son apparence et sa place avec le chef d’Annwvyn en respectant les règles édictées, puis sa rencontre avec la mystérieuse cavalière Riannon qu’il épouse, mais ça se corse lorsqu’ils ont un enfant.
– Branwenn, fille de Llyr : elle a été donnée en mariage à Maltholwch, roi d’Irlande, mais le soir des noces, l’oncle de la jeune femme se fâche de ne pas avoir été consulté quant à cette union et défigure les chevaux du jeune marié. En réparation, le père de Branwenn lui offre de nouvelles montures ainsi que le chaudron de Llasar.
– la submersion de Keris : l’histoire de Gradlon qui règne sur la Cornouailles et surtout de sa fille Dahut, princesse d’Is qui fit de la ville de Keris une cité riche, mais dont les mœurs laissaient à désirer.
– Konomor le maudit : afin d’empêcher la guerre, Tréphyna, fille du roi de Vannes accepte d’épouser le géant Konomor, célèbre pour sa cruauté et dont les quatre dernières épouses ont tragiquement péri. Les premiers mois, tout va bien, jusqu’au jour où la jeune femme annonce une nouvelle qui met en colère son époux.
– Cuchulainn : fameux héros Irlandais dont on découvre la vie et les exploits.

J’ai rédigé des résumés très succincts qui ne rendent pas honneur à son auteur, Erwan Chartier-Le Floc’h. Il est expert en légendes celtiques et replace donc les histoires dans leur contexte :
géographique (je n’aurais pas été contre une petite carte pour situer approximativement les peuplades, lieux, etc.)
historique et social (entre l’Antiquité et le Moyen-âge, c’est expliqué dans la préface, mais surtout dans l’ambiance instaurée)
J’ai adoré ça, j’ai eu l’impression de plonger dans l’univers des personnages, de boire les paroles du garçon sans père, de diriger avec Pwyll, de fuir aux côtés de Tréphyna ou de lutter contre le chien de Culainn.
Et le fait que chacun de ses récits est raconté dans un style épuré comme c’est le cas dans les contes traditionnels ajoute du cachet à ces mythes.

Le gros plus, ça reste les illustrations. Je connaissais déjà Genkis grâce à son travail sur la couverture de Lavinia (paru en 2011 aux éditions L’Atalante – la dentelle du cygne), ou pour celles de Honor Harrington, donc je savais déjà qu’il avait du talent et que ses jeux de lumière et nuances de couleurs sont puissants, mais là, je l’ai redécouvert au travers de différents styles : plus dessins pour certains, d’autres plus réalistes qui tirent presque sur la photographie.
Les décors sont superbes, sublimés par le choix des teintes : on y découvrent bon nombre de détails que ce soient les oiseaux dans le ciel voilés par les nuages, les têtes accrochées à la palissade de la forteresse, les tatouages qui ornent la peau des personnages ou les habits qu’ils portent etc. D’ailleurs, on en a un avant-goût avec la couverture qui donne le ton.
J’ai pris grand plaisir à contempler chaque illustration. Ma préférée reste “la prophétie”, celle où les deux dragons s’affrontent (cf ci-dessus) : j’en ai pris plein les mirettes, et pour mon grand bonheur, ce n’est pas le seul dessin avec cette créature fabuleuse.

C’est un coup de cœur pour cette lecture qui m’a emballée. Et que je ne peux que conseiller pour les fans de légendes celtiques ou tout simplement de beaux livres.